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ROCK  |  COFFRET

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Bruce SPRINGSTEEN - Tracks (1998)
Par MARCO STIVELL le 27 Août 2022          Consultée 855 fois

Un coffret d'inédits, pour certains artistes, c'est au mieux une étape de choix durant leur carrière ; pour Bruce SPRINGSTEEN, c'est un mégalithe, à l'image de son premier live triple CD (quintuple vinyle) du milieu des années 80, mais différemment. En tout cas, avec Tracks, l'idée est là aussi de compiler le travail effectué sur plusieurs années, non plus seulement les dix premières grosso-modo, mais les vingt. On pourrait dire les plus fastes, mais par rapport aux années 90, le passage au nouveau millénaire a prouvé qu'effort titanesque pareil, tel cadeau aux fans et si beau de surcroît, n'avait rien du bilan.

Bien sûr, pour les 'mordus' ayant déjà collectionné les singles (donc les faces B), les bootlegs/live pirate, la quantité de matériel inconnu jusqu'alors par eux se trouve limitée. Sans appartenir à cette catégorie, pendant très longtemps, j'ai repoussé l'achat, même après m'être humblement contenté de son pendant raisonnable (certains diront mesquin), à savoir la version CD unique faite d'extraits et baptisée 18 Tracks. Une raison des plus simples, facile de deviner à l'avance, c'était que Bruce et Jon Landau auraient évidemment choisi de remplir les deux tiers de l'objet avec du matériel réunissant le E STREET BAND au complet durant ses années classiques (notamment 73-80, pas mes préférées), et beaucoup de redites, puisqu'après tout, on parle d'inédits. Toutefois, inédits ne signifie pas fonds de tiroirs et même si Tracks contient des démos, la plupart des morceaux se révèle aboutie, proposée dans une version terminée.

Cela commence pourtant, et ce n'est pas la moindre qualité, avec quatre morceaux des cinq ("The Angel" ayant été écarté) proposés par Bruce en 1972 lors de sa célèbre audition à John Hammond, patron de Columbia Records, dont on entend d'ailleurs la voix pour lancer l'enregistrement. Un moment exceptionnel, pour tout ce qu'il représente, là où tout commence vraiment, même si les cinq années précédentes demeurent fastes en professionnalisation pour le jeune SPRINGSTEEN. Ces titres se retrouvent tous sur son premier album de 1973, on le sait. Même s'ils constituent les premiers élans du E STREET BAND, quel plaisir de les entendre ainsi dépouillés, juste chant-guitare acoustique et charme feutré ! Mention spéciale à "Mary Queen of Arkansas", différente de ce qu'on en connaît, et "It's Hard to Be a Saint in the City" dont c'est selon moi la meilleure version.

La suite, si l'on excepte "Bishop Dances", chanson folk en live guitare-voix et l'accordéon de Danny Federici pour première apparition de groupe, ce dernier est à l'honneur et au complet, presque tout le temps jusqu'aux deux-tiers du CD 3. L'époque 1973 avec Vini Lopez et David Sancious, autrement dit la première incarnation du E STREET BAND, se trouve limitée en trésors, dont la "Seaside Bar Song", rock sautillant et efficace, "Zero and Blind Terry" qui contient des arrangements de claviers inhabituels évoquant le cirque et "Thundercrack" dont les huit minutes trente sont ouvertes par un chant polyphonique, traditionnel ou tout comme, a-cappella. Pour le sax du Big Man, ce sont autant d'aubaines.

Born to Run (1975) n'a droit qu'à deux éléments, "Linda Let Me Be the One" et "So Young and in Love", sorte de "Tenth Avenue Freeze-Out" plus rapide, pas franchement les meilleures, comme si Bruce avait tout donné pour cet album ; à chaque réécoute, on se dit que oui ! Ensuite, c'est Darkness on the Edge of Town (1978), avec un "Give the Girl a Kiss" festif et la section cuivres - en plus du Big Man - que l'on retrouve plus loin sur "Lion's Den", la ballade "Hearts of Stone" que Bruce avait refilée à son collègue SOUTHSIDE JOHNNY et le puissant "Don't Look Back" qui marque le début des hymnes arena-rock aux accords brillants (même qualité pour "Rendez-vous", enregistré live en 1980). Un de ses meilleurs inédits, comme le très différent et étonnant "Iceman" (ah, ces titres perdus qui ne ressemblent à aucun autre !), marche lente et 'glock(enspiel' avec les paroles I wanna go out tonight, I wanna find out what I got réutilisées ensuite pour "Badlands".

Puis, vient l'époque 1980-83 qui se tape la part du lion. Parmi les innombrables enregistrements de The River (1979-80) et au niveau exceptionnel, le guerrier "Roulette" se distingue avec force. Hélas, la plupart des autres chansons suit la qualité tangente de l'album et frôle la redite, malgré un nébuleux et remarquable "Restless Nights", la très jolie première version de "Stolen Car" ou encore les festifs "Be True" et "Living on the Edge of the World" (un pré-"Working on the Highway"). L'étrange "Wages of Sin", lent et contemplatif, annonce les futures orchestrations de SPRINGSTEEN aux claviers, et c'est encore un titre exceptionnel. Je me souviens d'un album tribute à Nebraska par d'autres artistes qui l'incluait et c'était mérité. Pour Nebraska (1982) justement, la perle de cette époque, "A Good Man is Hard to Find (Pittsburgh)" marque un beau jalon folk-country et puis il y a, 'the' moment, la première version de "Born in the U.S.A.", blues brumeux avec guitare électrique qui s'immisce, gardé pour une tout autre destinée.

Si je figure sans mal parmi les défenseurs de l'album best-seller de SPRINGSTEEN, côté inédits de 1983-84, on trouve à boire et à manger. "Frankie" reprend le songwriting fleuve des années 70, verbiage et solo de sax compris. "Pink Cadillac" tente le rock urbain façon "Peter Gunn Theme", et puis quand on connaît la version 1995 de "Brothers Under the Bridge", on se dit que l'originale fait vraiment trop forcée et proche de "No Surrender", sur Born in the U.S.A.. Bruce est totalement dans autre chose surtout quand il est seul à enregistrer ! Notamment, un folk-rock californien ensoleillé, audible sur "Rockaway the Days", l'excellentissime "This Hard Land" que l'on connaît avec un autre son, ou encore la demo de "Johnny Bye-Bye", version remaniée d'un standard de Chuck BERRY. Niveau E STREET en force tout de même, "My Love Will Not Let You Down", terriblement efficace, aurait trouvé sa place sur le best-seller. Preuve que Bruce a toujours donné de l'importance à ses inédits, la chanson ouvrira les concerts de la tournée 2000.

"Shut Out the Lights", ballade magique et intimiste, offre des paroles reprises beaucoup plus tard en 2008 sur "Gypsy Biker", et c'est la première apparition de la violoniste Soozie Tyrell. "Man at the Top", en 1984, est une sorte de "When You're Alone" avant l'heure, et les inédits de Tunnel of Love (1987) reprennent plus ou moins bien le climat de l'album. Étant très sensible personnellement à cette période, l'intérêt ici est modéré. "Lucky Man", faux-rock nerveux pour faire écho à "Spare Parts", reprend le même son de guitare. On note aussi la mignonnette "Two for the Road" ainsi que la démo "The Honeymooners", avec son ambiance très plaisante, bruits de vagues, chien qui aboie... Le climat de ce disque est toutefois respecté, alors que celui de Human Touch (1992) se démarque de la grosse production finale, et ça vaut vraiment le détour.

Il y a bien "Leavin' Train", et le morceau perdu le plus représentatif de l'époque demeure "Part Man, Part Monkey", rocksteady où Bruce lorgne vers STING et où d'ailleurs Omar Hakim le bien-nommé supplante Jeff Porcaro à la batterie par son groove ; on a bien dit 'inédits' ! Pour le reste, c'est un plaisir d'entendre des titres plutôt allégés et aériens, entre autres "Trouble in Paradise", avec le seul et unique (?) crédit accordé au pianiste du E STREET BAND, Roy Bittan, en cinquante années de carrière commune. "Happy" (seule inédite de Lucky Town, l'album jumeau), "My Lover Man" (un nouveau "Brilliant Disguise"), "Seven Angels" et "Gave It a Name" sont extrêmement sympathiques, "Sad Eyes" lorgne même gentiment vers du Chris ISAAK. Sans oublier les autres titres plus sombres, conduits par la basse et sans guitare du coup, sur le modèle de "57 Channels (and Nothin' On)", à savoir "Goin' Cali" (ce côté train qui file dans la nuit !) et "When the Light Go Out". Human Touch, album meilleur par ses chutes de studio ?

Le E STREET BAND se reforme en 1995 une première fois le temps de quelques sessions dont, outre les déjà connus "Secret Garden" et "Blood Brothers" pour chansons originales déjà connues grâce au Greatest Hits, ressort le slow bluesy et suave "Back in Your Arms" avec les seuls choeurs de Patti Scialfa sur toute la sélection. Mais, encore une fois, Bruce veut aussi autre chose, et l'année 1995 se voit marquée par le chef-d'oeuvre The Ghost of Tom Joad, dont on trouve ici une expression formidable avec "Brothers Under the Bridge", et Soozie Tyrell au violon en fin de CD 4 comme de CD 2. SPRINGSTEEN a souvent voulu transformer ses chansons acoustiques en électrique, mais l'inverse révèle autant de beaux efforts. En dehors de l'audition à John Hammond, c'est avec Danny Federici, son plus vieux et durable collègue, qu'il termine le bal comme il l'a commencé.

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1. Mary Queen Of Arkansas
2. It's Hard To Be A Saint In The City
3. Growin' Up
4. Does This Bus Stop At 82nd Street?
5. Bishop Danced (live)
6. Santa Ana
7. Seaside Bar Song
8. Zero And Blind Terry
9. Linda Let Me Be The One
10. Thundercrack
11. Rendezvous (live)
12. Give The Girl A Kiss
13. Iceman
14. Bring On The Night
15. So Young And In Love
16. Hearts Of Stone
17. Don't Look Back

1. Restless Nights
2. A Good Man Is Hard To Find (pittsburgh)
3. Roulette
4. Dollhouse
5. Where The Bands Are
6. Loose Ends
7. Living On The Edge Of The World
8. Wages Of Sin
9. Take 'em As They Come
10. Be True : Festif Sax à La Fin.
11. Ricky Wants A Man Of Her Own
12. I Wanna Be With You
13. Mary Lou
14. Stolen Car
15. Born In The U.s.a.
16. Johnny Bye-bye
17. Shut Out The Light

1. Cynthia
2. My Love Will Not Let You Down
3. This Hard Land
4. Frankie
5. Tv Movie
6. Stand On It
7. Lion's Den
8. Car Wash
9. Rockaway The Days
10. Brothers Under The Bridge ('83)
11. Man At The Top
12. Pink Cadillac
13. Two For The Road
14. Janey Don't You Lose Heart
15. When You Need Me
16. The Wish
17. The Honeymooners
18. Lucky Man

1. Leavin' Train
2. Seven Angels
3. Gave It A Name
4. Sad Eyes
5. My Lover Man
6. Over The Rise
7. When The Light Go Out
8. Loose Change
9. Trouble In Paradise
10. Happy
11. Part Man, Part Monkey
12. Goin' Cali
13. Back In Your Arms
14. Brothers Under The Bridge '95



             



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