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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Jethro Tull
- Membre : Alan Simon

ANGE - ? (2005)
Par MARCO STIVELL le 11 Décembre 2010          Consultée 6095 fois

En 2005, quel être vivant, ancien ou jeune, forcément nostalgique, croit encore au retour du ANGE le plus connu, le plus aimé, celui du milieu des années 70 ? Ou comment débuter une chronique d'une manière qui oblige à placer un point d'interrogation, quand on sait qu'ANGE fait exactement la même chose pour le titre de son nouvel album. Bref, on le sait maintenant, depuis La Voiture à Eau en 1999 et Culinaire Lingus en 2001, le groupe reprend du service et publie plus ou moins régulièrement des disques avec une équipe comprenant uniquement Christian Décamps parmi les anciens. Au départ, ils étaient franc-comtois, maintenant ils sont surtout de Metz. Quant à la musique, si des albums mythiques des seventies elle ne conserve que le parfum rock progressif, Christian, son fils Tristan et les autres (qui ne sont pas uniquement "les autres" comme nous allons le voir) sont bien décidés à la défendre bec et ongles et à prouver qu'ils ont plein de choses à dire.

Plein, c'est d'ailleurs le mot. Il semblerait que depuis La Voiture à Eau, ANGE ait décidé d'adopter définitivement (ou du moins pour un bon moment) le format "long", avec très peu de morceaux qui n'atteignent pas les cinq minutes. Rien que sur ?, il y a deux morceaux de plus de neuf minutes, alors que sur Culinaire Lingus on en trouvait deux de plus de dix minutes ! Démon du rock progressif quand tu nous tiens... Démon ? Non non, ANGE reste ANGE, avec ce nom-étendard qui laisse toujours croire à quelque chose de purement gentillet et poético-romantique. C'est vrai après tout, qui irait penser que ce cher Christian Décamps met des jeux de mots et autres tournures savantes qui ont pour sujet commun le sexe ? Et pourtant, c'est ce qu'il faisait avant, toujours ou presque.

Et qu'est-ce que c'est que ce "?" ? Telle est la question. Il suffit de regarder le verso du disque pour le comprendre. Si ? a été choisi par défaut conformément à la pochette, le groupe nous laisse avec bonne grâce le choix parmi les titres des chansons, ou tout autre fantaisie qui nous vient à l'esprit. Je dis "fantaisie", car par rapport au contenu textuel, il ne faut pas que ce soit trop sérieux non plus, si vous voyez ce que je veux dire.

Plongeons donc dans le contenu de ce nouvel album. "Le Couteau Suisse" est assez représentatif du virage pris par ANGE musicalement durant ces années 2000. Les programmations et claviers sont prédominants, et de ce côté-là, désolé encore une fois amis nostalgiques, on est très loin de l'orgue-mellotron de "tonton" Francis Décamps, mais ce n'est pas pour autant forcément moins "envoûtant". Le morceau est construit sur le genre de gamme qu'on ne retrouvera pas dans les morceaux radiophoniques, et le "Père" vient poser sa belle voix grave au-dessus. C'est un type d'atmosphère que l'on retrouve sur des morceaux comme "J'Aurais Aimé ne pas t'Aimer" ou encore "Jazzouillis" en moins étoffé. L'album vogue un peu entre ces chansons-là, d'autres ambiances plus "flottantes" et un côté nettement plus rock, en tout cas sur des eaux qui se veulent loin d'être conventionnelles. Prenons le cas des "Quand Est-ce Qu'on Viendra d'Ailleurs ?", "Histoires d'Outre Rêve" et autres "Naufragé du Zodiaque". Le premier et le troisième surtout possèdent des atmosphères inédites développées en dehors des moments chantés, sur des plages instrumentales parfaitement charmeuses et réussies. Autre pièce d'ambiance nettement plus posée mais tout aussi efficace, "Les Eaux du Gange" avec comme on s'y attend des éléments très aquatiques.

Il est d'ailleurs curieux de remarquer que les parties les plus "efficaces" sont ces moments à ambiances et développements instrumentaux. Sur le plan "direct" et donc facile à retenir, on parlera plutôt du seul tube possible, à savoir "Le Coeur à Corps", de "Ricochets" dont la guitare acoustique n'est pas sans rappeler celle de la chanson "Le Ballon de Billy" sur Les Larmes du Dalaï-Lama (1992), ainsi que du plus incisif "Ombres Chinoises". On n'en dira pas autant du petit "Entre Foutre et Foot", pour lequel on éprouve d'autant plus de regret que c'est le seul morceau de l'ensemble interprété par Caroline Crozat seule et en lead.

Ce qui ne veut pas dire qu'elle soit laissée au second plan le reste du temps (on entend souvent sa voix en choeur ou simplement dans le spectre sonore) tout comme les trois autres membres du groupe restants - hors Décamps père et fils quoi -. Thierry Sidhoum se fond dans l'ensemble en jonglant avec une basse mélodique et une autre plus "lourde" quand il le faut. Benoit Cazzulini remplace Hervé Rouyer au pied levé, avec un jeu remarquable en particulier sur les moments instrumentaux. Et non content de cela, il signe une des meilleures compositions du disque, "Ombres Chinoises". On peut en dire d'ailleurs autant des autres membres du groupe hors-Décamps, Thierry pour "Passeport Pour Nulle Part" (malgré une partie finale un peu longue), Caroline pour "Le Coeur à Corps" et Hassan pour "Naufragé du Zodiaque". Ah, Hassan... Last but not least, sans problème l'un des meilleurs guitaristes français, avec un feeling et une puissance énormes, voir son travail sur... sur... sur tous les morceaux ! Non quand même, seulement ceux où on entend de la guitare électrique, mais il y en a, ne vous en faites pas. Si chaque vocaliste et musicien de ANGE est excellent, Hassan occupe une place particulière. Quant aux Décamps, Tristan assure un maximum tant au niveau des claviers, avec un bon choix de sons, que des quelques notes de piano qu'il balance de temps en temps. Et le Père... On commence à le connaître non ? A part le fait qu'il ne se permet plus de scander ses textes de manière véhémente, il reste fidèle à lui-même.

 ? est donc une belle réalisation, mais qui du fait de son caractère peu évident et de sa longueur demande du temps et des écoutes avant de se laisser totalement apprivoiser. Au premier abord, il peut paraître insignifiant (c'est du vécu), puis on finit par en discerner toutes les perles qui, heureusement au vu de la durée conséquente, sont nombreuses. Seuls un ou deux morceaux se révèlent moins réussis (dispensables ?), et encore si on les enlevait, on ne perdrait pas beaucoup en longueur.

Note réelle : 3,75/5

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   MARCO STIVELL

 
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- Christian Décamps (chant, guitare acoustique, piano, juno 106, korg m)
- Tristan Décamps (chant, claviers, programmation, piano, synthé corn)
- Hassan Hadji (guitares, chant)
- Thierry Sidhoum (basse)
- Benoit Cazzulini (batterie, percussions, piano, synthétiseur)
- Caroline Crozat (chant, choeurs, programmation)
- Caroline Varlet (accordéon)
- Guillaume Lebowski (trombone)
- Emilie Salata (flûte)


1. Le Couteau Suisse
2. Ricochets
3. Histoire D'outre Rêve
4. J'aurais Aimé Ne Pas T'aimer
5. Le Coeur à Corps
6. Les Eaux Du Gange
7. Naufragé Du Zodiaque
8. Entre Foutre Et Foot
9. Ombres Chinoises
10. Sous Hypnose
11. Passeport Pour Nulle Part (reflux D'aubes Tempérée
12. Quand Est-ce Qu'on Viendra D'ailleurs ?
13. Jazzouillis



             



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