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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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- Style : Jethro Tull
- Membre : Alan Simon

ANGE - Souffleurs De Vers (2007)
Par MARCO STIVELL le 15 Avril 2025          Consultée 187 fois

Voilà, on y est enfin, à l'apogée du ANGE 'nouveau' (bientôt dix bougies déjà). Et ce n'est pas seulement car il s'agit du premier (et du dernier) album que votre serviteur a acheté pile au moment de sa sortie. Souffleurs de Vers, aussi long que les trois autres qui l'ont précédé (une heure du moins, ce n'est déjà pas mal), avec son morceau éponyme de dix-sept minutes et le prélude 'synopsis' avant cela qui lui fait atteindre les vingt sans mal, mais aussi le reste des chansons plus simples, est un incontournable de la carrière des Francs-Comtois/Lorrains.

Il commence avec une poignée de titres incisifs, tournés au bon vitriol malgré les tournures toujours un peu faciles/bas de la ceinture du père Christian Décamps qui signe également les musiques d'ailleurs. "Tous les Boomerangs du Monde" parle de l'équilibre fragile de la société entre libre arbitre et la loi qui toujours se rappel au souvenir, bon an mal an. Un très bon morceau avec riff dévastateur d'Hassan Hajdi auquel fait écho la batterie fournie de Benoit Cazzulini, un couple basse-cordes orientales du plus bel effet avec en prime les rajouts cosmiques du fils Tristan, les choeurs hallucinatoires, le final en lydien (ce petit mode mélodique 'endiablé')...

Plus loin et une fois de plus mais en mieux, Décamps père s'en prend à la religion avec "Dieu Est un Escroc", s'en prenant d'abord à celui des terroristes islamistes, ensuite à celui des 'bons' Chrétiens durant leur histoire, de la Jérusalem antique aux conquistadores. Le refrain au leitmotiv déjà entêtant, s'accorde comme le reste à l'esprit drum'n'bass du morceau (qui ne fera pas l'unanimité certes), et se voit répété durant le long final ponctué de breaks jazz-rock, de cacophonie violonesques, de voix robotiques...

On retrouve de cela sur "Les Beaux Restes", avec un phrasé de Christian Décamps légèrement rap mais pour une nostalgie toujours vivace, tout comme il y a un besoin sensuel toujours palpable sur le court et conclusif "Journal Intime" qui termine également l'album, avec quelques réminiscences musicales de "Bonnet Rouge" (Les Larmes du Dalaï-Lama, 1992). Entre les deux, on a donc cette partie "Souffleurs de Vers" assez fascinante avec le monologue bien orné de Caroline Crozat qui décrit un monde sans plus d'électricité, ni de reproduction, ni de mémoire humaine (l'album est paru juste avant l'arrivée des smartphones, pour rappel)...

La suite, le 'film' entre noirceur massive et accalmies, dédié à une certaine confrérie de 'souffleurs de vers' venus, tels des humaniste, sauver notre espèce, est l'un des titres les plus intéressants d'ANGE, avec une grande unité d'autant plus que tout n'est pas misé sur le chant ou le narration, y compris quand il y a des voix. On en apprécie certes les parties planantes, ou bien les moments rock prog tenant parfois du boléro, à l'ancienne donc, mais le climax demeure ce long final lyrique, avec une gestion des cordes orchestrales toujours aussi bien menée et en avant poussée.

Aucun doute, l'album est une petite merveille de structure, en partie car avant cela, il y avait déjà cet "Interlude", façon "Si J'étais le Messie" mais sociétal et actuel (mention de McDo, des pixels) avec des scènes parisiennes qui font monter la colère du bon gars (plus ou moins) de gauche, qui se dit tout de même qu'il vaut mieux continuer de cultiver le cannabis sur son balcon et en profiter comme il se doit ! Les oiseaux chantent, puis ANGE nous balance un petit tube pop potentiel, "Où Vont les Escargots ?" avec cet esprit hippie toujours présent, où le 'qu'on me donne l'envie d'avoir envie' de Johnny HALLYDAY se mue ici en 'je prends le temps d'avoir le temps'. Hassan Hajdi solote adorablement sur le glockenspiel-synthé et Caroline Crozat imite les chanteuses orientales !

Une succession de belles idées sur une heure complète. L'heure d'ailleurs, avec une horloge rarement aussi joliment décrite avec surréalisme d'un morceau à l'autre, entre le 'il était Moyen-Âge et trente-cinq minutes' de "Dieu Est un Escroc" ou encore les 'il fait presque nuit/il est zéro heure moins-que-rien', une valeur ajoutée à cet album pourtant routinier. La qualité se manifeste hautement même dans les chansons calmes comme "Les Ecluses", avec son arpège hivernal, ses métaphores d'eau douce sur la vie et le comportement d'un inadapté, 'de passage' (et les 'en amont et en aval du courant', 'je fais une vanne, personne ne rit, je touche le fond' !) ou encore "Nouvelles du Ciel", chanson fleur bleue de Tristan qui sait monter haut dans tous les sens du terme (quel falsetto !), idéalement placée avec son petit piano après la folle chanson profane qui précède.

Mais le clou est encore ailleurs. À la fin de l'"Interlude", Caroline Crozat chantonne "Une Souris Verte" comme la fillette qu'elle a été mais aussi comme si elle avait déjà bien fumé, et pas que de l'herbe. La belle et grande choriste, désormais pilier du groupe et qui d'ailleurs ne sera jamais aussi sexy que pendant la tournée subséquente (ah, le duo collants-cuissardes !), se réserve le chant principal de "Coupée en Deux", qui d'emblée nous assoit avec le 'best' calembour plus-lorrain-tu-meurs. 'Mon ex vit à Contrex, mais l'autre, où vit-elle ?', sachant que les deux sources d'eau, y compris Vittel, sont dans les Vosges...

Et donc, après cela, elle déploie ses souvenirs d'enfance et sa progression en tant que femme, tiraillée constamment entre ce qu'elle veut être et ce qu'on lui impose, d'abord sur fond de ballade acoustique avec accordéon, ensuite en progression jazzy superbe, clavier cristallin, solo de guitare blues... Et le summum, c'est ce couplet le plus mordant, forcément sexuel ; et là, on se rend compte après toutes ces années que Christian Décamps, pas avare en la matière et qui a écrit la chanson seul, n'avait qu'à se mettre au féminin et trouver l'interprète magique pour offrir le meilleur de lui-même. Les chœurs masculins finissent par envelopper doucement le final de ce menu chef d'œuvre qui promet d'être très impressionnant en live. Un album vraiment fort donc, pour une année très bien chargée pour ANGE, entre le live de la tournée précédente, le documentaire dédié...

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   MARCO STIVELL

 
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- Christian Décamps (chant, claviers, guitare acoustique, accor)
- Tristan Décamps (claviers, choeurs, chant)
- Hassan Hajdi (guitares, choeurs)
- Thierry Sidhoum (basse, choeurs)
- Benoît Cazzulini (batterie, percussions)
- Caroline Crozat (chant, choeurs)


1. Tous Les Boomerangs Du Monde
2. Les Ecluses
3. Dieu Est Un Escroc
4. Nouvelles Du Ciel
5. Interlude
6. Où Vont Les Escargots
7. Coupée En Deux
8. Les Beaux Restes
9. Souffleurs De Vers (synopsis)
10. Souffleurs De Vers (le Film)
11. Journal Intime



             



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