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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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- Style : Jethro Tull
- Membre : Alan Simon

ANGE - Emile Jacotey (1975)
Par MARCO STIVELL le 13 Octobre 2018          Consultée 6664 fois

Par ma foy Messire, vous revoilà ceans ! Vous appréciez les bonnes choses, à ce que je voys. Après Au-Delà du Délire, je vous conseille de prendre ce chemin. Il contourne les marais, vous éviterez de rencontrer la chèvre qui bêle fort et qui cause grand effroi à tout le monde icy jusqu'a Belfort. Marchez alors sur la trace des fées, suivez le nain de Stanislas et, ainsi allant, jour après jour, vous finirez bien par rencontrer le sieur Emile Jacotey, maréchal-ferrant de son état. Il vous régalera de ses histoires et légendes, vous pourrez lui écrire une ode en remerciement. Je vous recommande a Dieu, Monseigneur ! Peut-être bien qu'un jour nous nous reverrons.

ANGE est au firmament en 1975, désormais compté parmi les artistes les plus importants de la chanson française, même si les médias ne lui accorderont jamais le même statut qu'aux grands de la variété. Malgré un Christian Décamps au chant, l'ensemble instrumental est sans-doute trop important autour pour cela, ainsi que les passages musicaux sans paroles.

D'ailleurs, ça change déjà de ce côté avec le départ de Gérard Jelsch, on peut dire définitif puisqu'il ne reprend par la suite jamais part aux créations originales, se contentant de reparaître à l'occasion d'une réunion lointaine, vingt ans après. Il est remplacé par Jean-Michel Guénolé Biger, ancien élève de Pierre Moerlen (GONG, Mike OLDFIELD) et également compositeur.

Sur la pochette d'Emile Jacotey, une représentation picturale du vieil homme nous observe avec malice et se fond dans le paysage, lui donnant un caractère fantomatique, légendaire. Elle est l'oeuvre de Philippe Huart, comme celles des albums précédent et suivant. Une merveille qu'il vaut mieux avoir en vinyle, pour sûr !

Et aussi parce que, du coup, on comprend mieux l'oeuvre avec ses deux voire trois tableaux détachés : la première face, les quatre morceaux de la suite "Ego et Deus" sur la seconde, et "Le marchand de planètes" qui se trouve isolé à la fin. Une fois n'est pas coutume, parlons d'abord de ce dernier, un des titres les plus sous-estimés de ANGE. Un début étrange qui amène une partie instrumentale cosmique, c'est le début d'autre chose en réalité. Court mais marquant !

À l'image aussi de la suite de cette seconde face et ses quatre titres variés. "Aurelia" et sa délicatesse acoustique, tellement Brézovarienne, s'opposent à la puissance rock de "Ego et Deus" qui voit briller la complicité des frères Décamps. On peut se perdre à travers la boiteuse "J'irai dormir plus loin que ton sommeil" (composition de Daniel Haas) et les narrations textuelles ou non des "Noces" ; difficile de résister pourtant à la danse lumineuse de la fin de celle-ci et de penser qu'on se laisse avoir par une quelconque facilité.

C'est surtout, au contraire, un ANGE qui étonne, qui prend d'autres directions en la présence d'un batteur éphémère et si influent qu'il compose deux morceaux ("Les noces" et "Le marchand de planètes"). Toutefois, ne nous y trompons pas, le meilleur d'Emile Jacotey reste bien évidemment la première face, la plus enracinée dans les éléments musicaux qui évoquent tout ce qu'on aime du groupe, à commencer par le rock progressif théâtral et fiévreux du "Nain de Stanislas".

C'est un parmi les rares du disque où Francis Décamps utilise son orgue-Mellotron pour des phrasés mélodiques, quand ailleurs (la seconde face), il préfère le piano et le clavecin. Et Christian Décamps qui gueule comme un damné sur "Bêle, bêle petite chèvre", Haas et Brézovar qui mordent avant que Biger ne nous fasse le coup du marimba et du vibraphone, autres points communs avec son maître Moerlen. Le même Christian si émouvant sur l'"Ode à Emile", d'autant plus que le vieil homme meurt trois années après la sortie de ce disque.

Disque qui contient encore deux des plus belles réussites de ANGE : le bucolique "Jour après jour" et le poignant, fantastique, merveilleux "Sur la trace des fées". Un chanteur soumis à sa verve la plus fine et la plus enfantine, rêveur obsessionnel et contemplatif avant d'être lubrique, auquel son frère Francis rend un écho somptueux en faisant durer les notes le plus longtemps possible. Une sorte de magie Disney à la franc-comtoise, le groupe sait qu'il tient un chef d'oeuvre et ne laisse rien déborder. C'est féérique, somptueux, il n'y a pas de mot pour le décrire.

Messire, si vous passez de nouveau par là et trouvez ces quelques lignes, sachez que j'ai voulu revoir les fées, je le feray autant que la vie me le permettra !

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   JEREMY

 
   (2 chroniques)



- Christian Decamps (chants, claviers)
- Francis Decamps (claviers, voix)
- Jean-michel Brezovar (guitares)
- Guénolé Biger (batterie, percussions)
- Daniel Haas (basses)


1. Bêle, Bêle Petite Chèvre
2. Sur La Trace Des Fées
3. Le Nain De Stanislas
4. Jour Après Jour
5. Ode à Emile
6. Ego Et Deus
7. J'irai Dormir Plus Loin Que Ton Sommeil
8. Aurealia
9. Les Noces
10. Le Marchant De Planètes



             



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