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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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- Style : Jethro Tull
- Membre : Alan Simon

ANGE - Guet-apens (1978)
Par MARCO STIVELL le 18 Février 2011          Consultée 6909 fois

Avec Guet-Apens, nous abordons le début de la période creuse de ANGE, celle dont on ne parle jamais, sauf avec dédain et c'est vraiment dommage pour cet album en particulier. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce disque, d'ailleurs dans la même position et sorti la même année que le And Then There Were Three de GENESIS, est encore fortement ancré dans les années 70 et représente une volonté de la part du groupe, emblématique du rock progressif, de vouloir continuer à tout prix dans cette voie, malgré les ravages causés par le punk à ce moment-là. De même que leurs cousins britanniques, les franc-comtois voient leur formule des instants de gloire réduites puisque, alors que Steve HACKETT vient de quitter GENESIS, Gérard Jelsch, Daniel Haas et Jean-Michel Brézovar appartiennent désormais au passé de ANGE (et au futur, mais ça ils ne le savent pas encore évidemment). La basse est donc désormais tenue par Gérald Renard, la batterie par Jean-Pierre Guichard et la guitare par Claude Demet. Tous trois ne sont clairement pas des manchots et tiendront à nous le prouver au cours de ce nouveau disque.

En fait, mis à part le côté médiéval un peu mis au placard, on a l'impression en écoutant Guet-Apens que rien n'a changé dans la musique de ANGE. La pochette plus "urbaine" tend à nous surprendre et rompt avec le côté plus classique et vagabond des précédentes (on a aussi droit à un petit jeu de l'oie sur feuille cartonnée), mais c'est un détail à côté de la musique. Parce que le son ANGE, d'ailleurs bien servi par une production encore meilleure que certains des disques précédents, n'est en rien différent, et c'est en grande partie grâce à la présence toujours forte de l'orgue-mellotron de Francis Décamps. Sans oublier celle de Christian qui continue de jouer entre ses monologues tantôt amusés, tantôt désabusés, ainsi que sa manière de scander les textes. On verra aussi qu'il n'y a pas que ça.

Certes, le ANGE de Guet-Apens nous présente des textes et une musique légèrement moins classiques et classieux, mais pour l'heure on reste encore en terrain plus ou moins aisé à aborder puis à traverser - les années 80 ne sont pas encore là -, ce qui fait que cet album (tout comme And Then There Were Three, oui j'insiste) ne mérite pas d'être laissé de côté par rapport aux chefs-d'œuvre qui l'ont précédé. Tout n'y est honnêtement pas du même niveau, mais il y a suffisamment de "plus" pour que l'on y trouve son compte. Rien que "A Colin-Maillard", étalé sur près de huit minutes, présente un certain nombre de qualités que ne sauraient renier les fans de ANGE.

Cela dit, et comme souvent il vaut mieux en parler en premier, il y a des "moins", chose que l'on pouvait difficilement reconnaître depuis Le Cimetière des Arlequins. Déjà, ouvrez la pochette, et regardez ce jôooooooli dessin de Christian. Les premières fois, si on regarde la chose rapidement, on ne s'en rend pas compte, on voit une tête de femme et c'est tout. Attardez-vous un peu et regardez la coiffure. Oh le joli pénis et la jolie bourse. Amusant ? Pas pour moi. Non pas que je sois pudique ou quoi, on va dire que c'est juste fort peu conforme à mes goûts, soit dit en toute subjectivité. Hélas, s'il n'y avait que ça. A présent, attardez-vous sur la chanson "Un Trou Dans la Case" et particulièrement sur son texte. Il s'agit d'un conte de toilettes, avec pour protagoniste un écolier. J'ai envie de dire qu'à la fois on frôle le grand guignol, et aussi qu'on atteint un niveau assez bas. Ah oui c'est vrai, il faut pas le prendre au premier degré, j'avais oublié.

Passons. Il y a enfin "Réveille-Toi". Aïe aïe aïe... Comme sur tous les morceaux de l'album, la musique est géniale, plus musclée mais excellente. Et que nous fait notre cher Christian ici ? C'est très simple, vous avez déjà vécu un orgasme en chantant ? Non ? Ben voilà, lui c'est ce qu'il fait. Et quand je dis qu'il jouit, c'est vraiment qu'il jouit, il l'avoue lui-même dans les notes, la fin des paroles n'a pas été retranscrite sur la feuille pour respecter l'intensité du moment, lorsque ça a été enregistré, c'est vous dire !

En quelques lignes, nous détenons les uniques défauts du disque, certains textes et l'artwork (pochette non comprise), qui sont suffisamment forts pour qu'au final j'en vienne à comprendre un peu ceux qui ne placent pas ce disque parmi les grands du groupe. Mais encore une fois, il serait dommage de passer à côté des qualités du disque. "A Colin-Maillard" est aussi un morceau très intense mais garni d'un texte qui ne concerne pas le dessous de la ceinture. Les interventions de guitare électrique sur le refrain sont superbes et Christian met tout ce qu'il faut dans la criée de son texte, un peu plus chanté ici cependant. Parmi les chansons "courtes" de cet opus, "Dans les Poches du Berger" reste de très loin la plus belle et celle qui s'accorde le mieux, tout comme "Virgule", avec le passé musical du groupe. Ça doit être pour ça d'ailleurs qu'elle est aussi belle. Le thème musical souvent répété et l'ambiance sont propices à la rêverie, pour notre plus grand bonheur.

Enfin, last but not least, car que serait Guet-Apens sans le pavé "Capitaine Coeur de Miel" ? Étalé sur près d'un quart d'heure, ce morceau est la synthèse parfaite du ANGE de Guet-Apens, partagé entre parties calmes et planantes (ah ces claviers !), un brin hésitantes dans le ton (Christian qui joue au vieux loup de mer alcoolique), et rock progressif puissant. On retiendra aussi le crescendo de la deuxième partie, les petits soli de Claude Demet ainsi que le refrain entêtant. Pour un morceau d'un quart d'heure, on dira enfin qu'il n'est pas si difficile d'accès. Non que les pièces difficiles à assimiler représentent une contrainte, c'est juste qu'au moins on est marqués tout de suite par ce "Capitaine Coeur de Miel".

Le nouvel ANGE se défend plutôt bien, autant dans la technique (Jean-Pierre Guichard et Claude Demet sont vraiment d'excellents musiciens) que dans la composition. Guet-Apens est donc ainsi le dernier album du ANGE des seventies, et le seul de cette époque qui mérite d'être reconsidéré, en partie du moins.

Note réelle : 3,5/5

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   MARCO STIVELL

 
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- Christian Décamps (chant, guitare acoustique, cordes, tambourin)
- Francis Décamps (claviers, voix)
- Claude Demet (guitares, flûte, basse, voix)
- Gérald Renard (basse)
- Jean-pierre Guichard (batterie, percussions, harmonica, voix)
- Itak Loury (aboiements)


1. A Colin-maillard
2. Dans Les Poches Du Berger
3. Un Trou Dans La Case
4. Virgule
5. Réveille-toi !
6. Capitaine Coeur De Miel



             



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