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- Style : Jethro Tull
- Membre : Alan Simon

ANGE - Culinaire Lingus (2001)
Par MARCO STIVELL le 21 Février 2025          Consultée 227 fois

Ah ça ! Est-ce qu'une fois passé un certain âge, soixante ans par exemple, le sexe (re)devient si (omni)présent dans les esprits qu'il fournit tout un langage, facilite la parole comme les choses ? On peut très bien ne pas désirer le savoir, arriver à un tel point, surtout après une vingtaine ou une trentaine nulles, même pas 'à peu près'. Néanmoins, avec les parti-pris du nouvel ANGE, Christian Décamps libère sa verve en la matière plus que jamais, sans gêne et surtout pas (ce vieux truc des parents qui mentionnent leur intimité devant leurs enfants) par rapport à son fils Tristan bien grandi et d'un soutien hors-pair.

On le voit dans Culinaire Lingus, paru seulement deux ans après La Voiture à Eau et qui, au contraire cette fois, quitte à se situer au même niveau du corps que ce dernier, ne fait point étalage de ce qui en sort, ni où. Ici, c'est donc plutôt les plaisirs de la chair, féminine, parfois sienne propre (ou pas propre) d'un point de vue masculin et solitaire, critiquant à revers l'instauration de la religion ou autres lois qui ont tant coûté à l'être humain depuis des millénaires, dès les premiers instants de l'album.

"Jusqu'où Iront-Ils ?", avec son ambiance cosmique, ressemble donc à une peinture de nous depuis l'espace alentour, guère flatteuse mais pas non plus trop méchante. Le final rock dévastateur offre à Tristan Décamps un long solo de synthétiseur crissant, pour bien faire écho à Christian. Ensuite, Culinaire Lingus déroule ses morceaux au fil de l'inspiration mais toujours en suivant une ligne conductrice de rock progressif hédoniste, épicurien, gargantuesque avec d'ailleurs un morceau dédié au héros de François Rabelais. On peut faire bonne chère avec bonne chair.

Et parmi les plaisirs non-moindres de l'album, il y a l'apparition d'une choriste fantastique, Caroline Crozat, qui faisait plutôt du blues dans la région de Metz auparavant (apport supplémentaire donc pour ANGE et sa nouvelle géographie, voir La Voiture à Eau). Elle ne chante pas sur tous les morceaux ici mais le résultat demeure équitable, entre le premier et le dernier, ou plutôt l'avant-dernier, et à chaque fois, par de simples choeurs planants ou une verve similaire à celle de Christian Décamps, le piquant féminin en plus, elle sait se faire remarquer et on l'adore déjà. Si ANGE pouvait la garder !

Après, et encore une fois, si l'on accroche moyennement aux errances lubriques du Père et depuis des lustres ("Réveille-Toi" et consorts), ce n'est certes pas l'album du groupe à écouter en priorité. La première moitié de l'album peut d'ailleurs paraître lourde au possible, à l'exception de cet "Adrénaline", au caractère pop-folk d'une évidence certaine et au message clair comme du sperme ('est-ce un crime de n'aimer que soi ? Est-ce un crime de jouir entre les doigts ?' etc), avec le bon concours de Gilles Péquignot au violon et à la cornemuse, en invité. Il revient d'ailleurs un peu plus tard, sur la fin grandiose de "On Sexe", pour doubler la guitare d'Hassan Hajdi aux flûtes et à la guimbarde, il fallait y penser !

Outre un "Farces et Attrapes" très gamin et anecdotique rappelant un peu le ANGE médiévaliste, banjo de Hassan et kazoo de Tristan en prime, malgré des progressions prog bien amenées mais sans surprises pour "Cueillir les Fleurs du Sérail" et "Culinaire Lingus" (ah, ces jeux de mots poétiques et sans tabou, notamment autour du 'maître-queux' !), le plaisir non-coupable adolescent un rien incestueux des "Odeurs de Cousine" (oui mais ce n'était que la cousine, alors), on passe vite cette première partie qui n'a vraiment d'âme que grâce à la prestation des musiciens. Parce que ô miracle, sans changement de ton, la seconde s'équilibre mieux !

"Intérieur-Nuit" est une ballade fort belle au titre bien choisi, menée par Tristan au chant et au piano, secondé par Christian qui sort un hautbois de synthé ARP d'une décennie faste déjà lointaine. Sur "Univers et Nirvana", tout en continuant dans l'approche intime poétique, Hajdi offre un beau riff oriental et le morceau entre groove et ruptures prog se trouve être plutôt classe. Le souffle retombe un peu avec "Gargantua" et ses bruitages casse-bonbons, heureusement aussi qu'en dehors de cela ANGE n'a pas trop réitéré le côté funk de La Voiture à Eau, mais l'effort théâtral du Père est à souligner, la nappe de Mellotron aussi.

Après "On Sexe" et une Caroline Crozat bien présente en sus des qualités déjà décrites, le groupe termine son voyage lubrique avec un double morceau de dix minutes. "Cadavres Exquis" est préférable dans sa première version, la chantée, bien taillé pour tout fan de rock progressif qui se respecte avec davantage de ruptures qu'ailleurs, dialogues mixtes et effets jazz compris. On relève ce très beau thème rythmique un peu sombre, ces interventions de guitare électrique assez folles, ces montées de voix soul.

Le final, un brin étiré, n'est pas forcément justifié, mais pour les amoureux de la gratte, il y a la suite instrumentale, "Autour d'un Cadavre Exquis", encore plus longue et gardant toujours le même motif rythmique, pour laisser s'envoler nos chers solistes. Car il y a Hassan Hajdi mais plutôt en background, pour épauler (dans le désordre, et tenez-vous bien) messieurs Claude Demet, Serge Cuénot et Jean-Pascal Boffo pour citer des anciens de ANGE/Décamps & Fils, Jan Akkerman (fondateur de FOCUS), Paul PERSONNE, Norbert 'Nono' Krief (TRUST), Dan AR BRAZ et, last but not least, Tommy EMMANUEL !

Prestation forte, inédite et intéressante, à défaut d'être vraiment plus mémorable que l'idée même et la réussite des diverses interventions. À l'image de cet album en fait, qui prouve combien ANGE est toujours grand, combien la nouvelle formule fonctionne, et même que Décamps & co n'a pas son pareil pour mettre en avant des thématiques aussi euh... personnelles et inédites ! Cependant, avec une belle ambition pourtant, Culinaire Lingus demeure un peu poussif et mal équilibré.

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1. Christian Décamps (chant, Claviers)
2. Tristan Décamps (claviers, Chant)
3. Hassan Hajdi (guitares)
4. Thierry Sidhoum (basse)
5. Hervé Rouyer (batterie)
6. Gilles Péquignot (violon, Cornemuse, Guimbarde, Fl
7. Claude Demet, Serge Cuénot (guitare Solo)
8. Jean-pascal Boffo, Jan Akkerman (guitare Solo)
9. Norbert 'nono' Krief, Paul Personne (guitare Solo)
10. Tommy Emmanuel, Dan Ar Braz (guitare Solo)



             



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