Rien ne semble arrêter FAUST en cette fin de XXème siècle. Depuis sa reformation, le groupe allemand enchaîne sorties d'albums et tournées, en jouant un krautrock/indus assez original, en tout cas très moderne. Hans-Joachim Irmler et Zappi Diermaier, aidés par les autres membres de FAUST, mènent leur barque avec brio. En témoignent les réussis Rien et You Know FaUSt. Certes, il y a aussi eu le douteux projet Faust Wakes Nosferatu, assez raté, mais on ne peut pas réussir à tous les coups. FAUST sort en 1999 son 8ème album, Ravvivando.

L'opus n'étonnera pas forcément les amateurs de FAUST, du moins ceux qui suivent le groupe album après album, y compris dans les années 90. Le groupe joue toujours un krautrock industriel tranchant et vif, qui ne fait guère de concession. Ceci étant, il faut reconnaître qu'une habitude, presque une routine d'écoute, s'est installée. L'effet de surprise est terminé, on sait désormais à quoi on va s'attendre, ce qui enlève un peu d'intensité à l'album. Mais les trublions de FAUST sont de fins artisans qui refusent l'immobilisme, quand bien même ils échoueraient à sortir un bon disque.

Du coup, Ravvivando, en plus de ne pas sonner comme 'un album de plus', est avant tout un bon album. Les morceaux réussis, qui ne manquent pas, le parsèment allègrement. "Wir Brauchen Dir #6" est une violente cavalcade noisy, à la rythmique que n'enterrerait pas facilement la paire Liebezeit/Czukay (CAN). Plus loin, vers la fin, la longue procession électro/kraut/indus (ah, la joie des étiquettes !) que constitue "Livin' Tokyo" explique encore, si besoin était, pourquoi et comment FAUST est un groupe doué. Le morceau traîne un peu en longueur, mais c'est bien son seul défaut.

FAUST, cependant, ce n'est pas que du bruit. Ou du moins, pas forcément de la grosse percu martyrisée par Zappi Diermaier et Lars Paukstat. "D.I.G" est un passage électro-ambient oppressant, qui peut donner un léger mal de crâne, et "Four Plus Seven Means Eleven" ainsi que "T-Électronique" s'inscrivent dans la veine du FAUST de l'âge d'or, la modernité du son en plus. Tout ceci formerait bien un excellent album, mais manque de pot, Ravvivando contient aussi son lot de casseroles. "Ein Neuer Tag" est un poil poussive. En guise d'ouverture, on a vu mieux. Impossible également de faire l'impasse sur les interludes calés par endroits. "Carousel" possède un titre très explicite et c'est tout ce qu'il y a à dire (j'aime PAS les carrousels), "Spiel" aurait pu être un morceau très intéressant s'il ne durait pas 40 secondes, et "Dr. Hansl" est doté d'un chant à vomir.

Comme si ça ne suffisait pas, il faut avouer que bien des morceaux de Ravvivando, même parmi les plus réussis, ne sont pas forcément marquants, alors que la rythmique du "Hurricane" de You Know FaUSt ou les étonnantes emphases de Rien sont à même de marquer les esprits. C'est d'autant plus rageant qu'on n'a pas affaire à un disque mauvais ni médiocre, contrairement à Faust Wakes Nosferatu. Mais pour peu qu'on aime/connaisse FAUST, ce genre d'injustice peut être réparé. Il faut bien apprendre à cerner cet album, prendre le temps de l'apprécier à sa juste valeur. En parlant de temps, il s'en écoulera avant la sortie de l'album suivant. Et encore, ça dépend de la prise en compte ou non des collaborations.