The Tides Return Forever ayant été un succès des plus honorables, son géniteur, ELOY, a pu alors se permettre une tournée au pays à la suite de sa sortie. Les retours ont d'ailleurs été globalement favorables, et on aurait pu espérer un ELOY décidément prêt à repartir de plus belle. Las, il faudra attendre encore une fois 4 ans pour avoir un nouvel opus studio. Cela change des albums qui sortaient une fois par an, il fut un temps.

ELOY n'a cependant pas retrouvé le sommeil, se permettant même de gonfler ses rangs en embauchant l'ex-batteur de MSG Bodo Schopf, avant de préparer un album qui fera date pour les fans. En effet, c'est en 1998 que sort... Ocean 2 : The Answer, suite proclamée du fameux Ocean (1977) qui, pour bien des fans de rock progressif, a fait définitivement entrer la formation allemande dans la cour des grands – ahum. D'aucuns parmi les connaisseurs peuvent craindre que l'album soit tout aussi ambitieux et néanmoins bancal que son prédécesseur, alors que les fans les plus atteints espèrent une continuité totale.

Les deux camps sont dupés : Ocean 2 ne va pas dans la continuité d'Ocean et, surtout, n'est pas aussi surfait. Pour être plus précis, et malgré les années écoulées, ELOY garde la même trajectoire qu'avec The Tides..., à ceci près qu'il peaufine son modèle de rock progressif afin d'obtenir un résultat bilatéralement satisfaisant. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est réussi.
Suite à une entrée atmosphérique de toute beauté ("Between Future and Past", signé Michael Gerlach), la bande à Frank Bornemann enchaîne deux pavés épiques des plus solides. "Ro Setau" et "Paralysed Civilisation" sont à ajouter à la liste déjà un peu longue des preuves qu'ELOY sait manier solide technicité et sens de la mélodie, le tout sur long format. ELOY va également encore plus loin avec "Reflections From The Spheres Beyond" et "The Answer", non seulement sur la longueur mais aussi avec un fond encore plus garni en choeurs féminins, musiciens additionnels et en grandiloquence sans que cela ne devienne ridicule. Au passage, notons le retour d'un ancien musicien, à savoir le claviériste Hannes Folberth, qui intervient au Minimoog sur "Ro Setau". Un prélude à un retour au sein d'ELOY ?

Ocean 2 n'est pas qu'un recueil de pavés cependant. Outre l'introduction, on note bien entendu "Serenity", une courte respiration où Schopf se fait plaisir sur deux-trois percussions tandis que Bornemann, Gerlach et Klaus-Peter Matziol installent une ambiance aquatique (logique) pas totalement réussie mais bien bonne. "Awakening of Consciousness" peut passer pour le coup de mou de service, mais c'est vraiment parce qu'ELOY se montre impérial par ailleurs sur le disque. Comprenez par là que sur un disque aussi faible sque Ra ou Destination, il serait considéré comme un solide point fort.

Si l'on regrette une chute de fréquence de publication chez ELOY, cette dernière est compensée par une qualité clairement élevée. Ocean 2 est une réussite, et n'aura en principe aucun mal à faire oublier son aîné qui mérite clairement le titre d'album le plus surestimé de la discographie du groupe. ELOY aura cependant du mal à faire mieux pour l'album suivant, qui sortira... onze ans plus tard. Ce n'est pas rien, n'est-ce pas ?