Chez Forces Parallèles nous aimons, vous le savez, traiter les discographies des artistes par ordre chronologique de publication de leurs albums. C'est un choix comme un autre, et après tout, nous pourrions très bien aborder les sorties par ordre alphabétique, ou par couleur. Les pochettes aux couleurs chaudes en premier, les couleurs froides ensuite, même si cela n'aurait, c'est une évidence, que peu de sens. Le choix de l'ordre chronologique est ainsi à double tranchant. Dans certains cas, un artiste fait valoir dès ses premières réalisations un immense talent, et se repencher sur ses premiers albums procure un plaisir nostalgique. Parfois, au contraire, il lui a fallu du temps pour se construire une identité, trouver son angle d'attaque, et il nous faut alors nous fader des albums hésitants, balbutiants, qui ne témoignent en rien de ses réussites à venir.

Il en va ainsi pour les premiers albums d'OYSTERBAND. Formé à la fin des années 70, le groupe auteur de premières réalisations tâtonnantes ne ressemble en rien à ce mastodonte du folk rock qui a embelli les années 90 et 2000 grâce à des albums d'excellentes factures. Tout d'abord sous le nom de Fiddler's Dram, puis sous celui de Oyster Ceilidh Band, la formation britannique s'était tout d'abord destinée à devenir un groupe de bals, écumant les fameux ceilidh pour remettre en valeur un patrimoine folk oublié. Si les piliers du groupe John Jones, Alan Prosser et Ian Telfer étaient déjà de la partie, la musique présentée sur ces premiers enregistrements ne ressemble quasiment en rien à celle que produira le combo à partir de la fin des années 80.

Ce Jack's Alive se fait donc une curiosité dont la redécouverte peut donner des sueurs froides aux amateurs de la musique du groupe. Compilation de traditionnels britanniques et français, ce premier opus tente de revaloriser un patrimoine folk oublié. La démarche, relativement similaire à celle d'un TRI YANN sur un album tel que Suite Gallaise, est louable, tout comme l'exécution de ces titres ressuscités. Autour de John Jones et de la chanteuse Cathy Lesurf, violoncelles, violons, flûtes et accordéons s'échinent à rendre vivants des jigs, bourrés, et divers traditionnels plus ou moins dansants. L'exécution est virtuose, mais l'exercice semble, près de 40 ans plus tard, bien désuet, un brin ennuyeux, pour qui n'est pas un amateur convaincu de ces vieilleries patrimoniales.

On retient, naturellement, cette jolie interprétation folk de "The Lake of Cool Flynn", puisqu'il s'agit du seul titre rescapé de cet album que le groupe interprète encore sur scène. Le reste n'est qu'anecdotique, malgré la présence de mélodies sympathiques. Les arrangements sont sommaires, et cet album relève tout autant d'un travail d'archiviste que de musicien. Il en sera ainsi pour les albums qui suivront, avant que les influences rock viennent réveiller quelque peu le folk historique de nos amis Anglais.