Here I Stand, trop long, nous avait presque fait frôler l'overdose. Après trois ans de gestation, et à l'approche de ses 25 ans de carrière, OYSTERBAND décide de revenir à des formats plus courts et à des morceaux plus concis sur son successeur, Rise Above, dont les intentions se rapprochent des indispensables The Shouting End Of Life et Deep Dark Ocean, publiés plus tôt dans la décennie, sans pour autant les égaler.

Produit par Al Scott, fidèle collaborateur du groupe anglais depuis Holy Bandits en 1993, Rise Above affiche 38 minutes au compteur, soit 20 de moins que son prédécesseur direct. Une cure d'amaigrissement bienvenue, qui permet au groupe de se recentrer sur l'essentiel, et de revenir à des sonorités folk rock aux ambiances plus soignées, et aux mélodies plus percutantes. C'est d'ailleurs ce que l'on apprécie sur "The Soul's Electric", titre qui revient à un certain nombre de fondamentaux, remettant au centre de débat le mariage entre violon et guitare acoustique. Le groupe ne s'est pour autant pas fermé à la nouveauté, puisque James O'Grady, joueur d'uilleann pipes (cornemuse irlandaise) intervient sur la majorité des morceaux de l'album en tant qu'invité, et lui confère d'intéressantes sonorités celtiques.

L'album est essentiellement constitué de compositions originales, à l'élaboration desquelles ont participé l'ensemble des membres du groupe, tous mentionnés dans les crédités. Accompagnés de Benji Kirkpatrick au bouzouki et de la désormais indéboulonnable Rowan Godel aux chœurs (à noter également la présence de Matt Savage des LEVELLERS aux claviers), les OYSTERBAND proposent quelques morceaux fort bien troussés, dont plusieurs feront date dans la carrière du groupe. C'est le cas notamment de l'enjouée "Uncommercial Song", chanson folk qui n'aurait pas fait tâche sur The Shouting End Of Life est dont la ligne de violon propose une mélodie pure et contagieuse. Une belle réussite. S'il n'est pas passé à la postérité, "My Mouth" constitue sans doute le morceau le plus percutant, tant musicalement qu'au niveau des paroles. Intense et sombre sur les couplets, le morceau devient lumineux et entraînant sur les refrains, en faisant un véritable morceau de bravure. S'il peut être interprété comme une chanson évoquant une relation amoureuse, ses non-dits et ses paroles déplacés, le morceau possède également un sous-texte politique toujours d'actualité aujourd'hui.

L'album contient également deux morceaux traditionnels : "Blackwaterside", histoire d'une promesse brisée de mariage, qui bénéficie du rôle important donné ici aux uilleann pipes. Nous lui préférons tout de même "Bright Morning Star", chanson du début du siècle née dans les Appalaches, ici interprétée dans une formidable version a cappella nous permettant d'apprécier la richesse harmonique des voix des membres du groupe. Une splendeur et une merveilleuse manière de clôturer l'album.

Si d'autres titres méritent le détour, notamment "Rise Above" qui donne son nom à l'album, quelques chansons de moindre envergure peinent à hisser l'album au niveau des classiques précités. Rise Above est un pas dans la bonne direction, qui permet au groupe de s'embarquer confiant dans les célébrations de son 25ème anniversaire. Pour autant, il ne constitue pas un album majeur dans la discographie du groupe britannique, et vaut surtout pour la qualité des morceaux précités, véritables pépites qui méritent tout de même votre écoute pour bien saisir la richesse et le talent d'interprètes de ces Anglais qui ont décidément plus d'un tour dans leur sac. Un bon album pour les amateurs convaincus.