Wide Blue Yonder est l'histoire d'un rendez-vous manqué. Deuxième album publié sous le nom The OYSTER BAND, ce septième album au total de la formation britannique menée par John Jones voit le groupe poursuivre sa mue et orienter sa musique vers un folk rock prenant à bras le corps les questions sociales et politiques qui agitent alors la Perfide Albion. Néanmoins, si Wide Blue Yonder est porté par une volonté d'affirmation, cet album est encore fait de tâtonnements et de maladresses qui peinent à en faire autre chose qu'un sympathique album d'agrément.

Pourtant, Wide Blue Yonder se fait très énergique, féroce presque par moments, et ne propose que peu de moments de repos. En introduction, le pamphlet anti-guerre "The Generals Are Born Again" se fait mordant bien qu'un peu austère, agrémenté de chœurs imposants et d'un solo de guitare électrique déstructuré. D'autres morceaux évoquent le sujet de la guerre, à l'image de la reprise du "Between The Wars" de Billie Braggs, rock lancinant qui peine à marquer les esprits, ou encore la version plus intéressante du sombre manifeste anti-guerre des Malouines qu'est "The Rose of England" de Nick Lowe, porté par un accordéon dansant.

Il y a sur Wide Blue Yonder trois morceaux importants qui feront date dans la carrière d'OYSTERBAND : "The Early Days of a Better Nation", placé tôt dans l'album, titre autant folk que rock, dont le refrain est d'une puissance qui passera aisément le cap des années pour rester un morceau majeur dans le répertoire du groupe. Ici placé en deuxième position sur l'album, il pose les base de Holy Bandits. "The Oxford Girl" excellente chanson de folk 100% british, agrémentée d'une mandoline sautillante et de chœurs féminins sur le refrain, accompagnera également le groupe durant de nombreuses années. S'ajoute "The Lakes of Cool Flynn", adaptation de la ballade irlandaise "The Lakes of Coolfin" qui évoque la noyade d'un jeune homme dans un lac, à la manière de "Polly Von".

Le reste de l'album, loin d'être désagréable, sonne un peu laborieux, et si le groupe est impliqué, la sauce ne prend jamais vraiment. Sur le rock énergique et enjoué de "Pigsty Billy", un orgue Hammond très en avant tente d'apporter une saveur originale, pour un résultat mitigé. Si la progression mélodique sur le refrain de "The Lost and Found" est intéressante, le morceau peine à marquer les esprits, un reproche que l'on peut également formuler à l'encontre de "Following in Father's Footsteps". The OYSTER BAND est encore ici en recherche, en affinage, et cet album aux allures de "work in progress" n'apporte rien de vraiment neuf par rapport à son prédécesseur qui, en comparaison, sonne plus audacieux.

La version CD de Wide Blue Yonder, justement, reprend trois titres de Step Outside, pour une raison inconnue. Un album que l'on oublie assez rapidement, à l'exception des trois titres précités, mais utile pour comprendre la progression du groupe anglais jusqu'à cette épiphanie du début des années 90.

2,5/5