En mars 1990, OYSTERBAND propose Little Rock to Leipzig, le premier de deux albums publiés cette même année (le second étant le collaboratif Freedom And Rain enregistré avec la chanteuse June Tabor). Comme le suggère son titre, cet album voit le groupe célébrer une carrière de plus en plus "mondialisée", faisant référence à deux des villes visitées au cours des tournées précédentes. D'autres sont mentionnées sur les visuels face et dos de l'album, notamment Agra et Calcutta en Inde, ou encore Wolverhampton, Washington ou Melbourne. De véritables globe-trotters que ces cinq Britanniques, qui illustrent le livret avec des photos issues d'une tournée au Canada.

Cet album est constitué de deux volets, un premier capté en studio et un second capté en concert. Sur la première face, le groupe propose un ensemble de morceaux auto-produits ou mis en boîte par le producteur Dave Young. Parmi ces morceaux, nous retrouvons "The Oxford Girl", un des meilleurs morceaux de la formation, l'inédit "Jail Song Two", un peu poussif et lancinant, une reprise de Phil Ochs ("Gonna Do what I Have to Do"), ou encore "Too Late Now", issu de l'album Ride Cette première face s'achève sur une adaptation du morceau traditionnel "Galopede", festif et entraînant, porté par l'alchimie réussie entre section rythmique, violon et accordéon.

La seconde face, captée lors de concerts donnés au Hackney Empire de Londres le 31 décembre 1989 et au Westgate Hall de Canterbury (en décembre de cette même année) débute avec un titre original inédit, "Red Barn Stomp", instrumental enjoué et sautillant. Lui succède une brillante reprise du morceau bien connu "I Fought The Law" (popularisé en Angleterre par les CLASH), dont les thèmes, le crime, la liberté, l'autorité, la condition humaine, trouvent un écho puissante dans cette interprétation rugueuse des OYSTERBAND. Alors que l'on peut reprocher au groupe de manquer de percussion et de force d'interprétation en studio, il démontre que, en concert, il ne fait pas de quartier.

Lui succède "Coal Not Dole", magnifique ballade interprétée a capella par John Jones seul, puis une version de "New York Girls" bien plus intéressante et marquante, il est vrai, que son pendant studio, même si le son manque de puissance et d'épaisseur. Le groupe fait néanmoins ici preuve d'une cohésion qui apporte ici une énergie bienvenue et remarquable. L'album s'achève sur un instrumental interprété lors d'un ceilidh (bal de danse traditionnelle), qui voit John Jones transmettre consignes et indications à la foule. Une sympathique manière pour le groupe de déclarer et réaffirmer l'influence celtique de sa musique.

A mi-chemin entre le live et la compilation, Little Rock to Leipzig est avant tout un album qui permet enfin de découvrir l'expression du talent du groupe anglais dans un environnement live. Un album intéressant malgré sa courte durée, et le premier témoignage capté en concert des OYSTERBAND.