Sans un entourage adéquat, l'artiste n'est rien. RENAUD le prouve avec ce Marchand de Cailloux, un album à compter parmi ses plus belles réussites. Car outre les influences celtiques qui planent sur l'album et qui aident le chanteur à se renouveler, il faut reconnaître que les morceaux présentés témoignent d'une inspiration et d'un talent d'écriture infaillible.

Les bons moments sont légion, entre le titre "Marchand de cailloux" aux sonorités irlandaises et la ballade finale, "Tant qu'il y aura des ombres", d'une beauté profonde. Il y a bien entendu ces titres qui sont devenus des classiques de l'artiste : "P'tit voleur", "La ballade nord-irlandaise" (adaptation du traditionnel "The water is wide") ou le pamphlet anti-Paris Dakar "500 connards sur la ligne de départ", qui dénonce la cruauté de la célèbre épreuve sur fond de musique country.

N'oublions pas néanmoins ces titres moins connus qui participent pourtant à la qualité de l'opus : la délicate "Olé", qui fustige la corrida, "Les dimanches à la con", qui traite de la nostalgie de l'enfance et se voit agrémentée d'une flûte de toute beauté, ou encore "C'est pas du pipeau" dont la mélodie rappelle celle de "La pêche à la ligne" (sur l'album Mistral Gagnant).

C'est bien simple, à l'exception de "Je cruel", bien fade malgré l'ajout d'un violon délicat, tous les titres valent leur pesant d'or, et montrent un Renaud revigoré, 3 ans après un Putain de Camion plus sombre et introspectif. Du grand art.