Bizarrement, beaucoup de fans du groupe détestent cet album. Pas de chance, il porte aussi un nom sujet à tous les quolibets comme ultra-pauvre, ultra-chiant etc… Moi je penserais plutôt à ultra-sombre et à ultra-introspectif.

Évidemment, il est impossible de ne pas parler de "Barrel Of A Gun", le titre anti-Modien par excellence. Un véritable OVNI et je me suis toujours demandé ce qui a bien pu se passer dans la tête du groupe quand ils ont composé ce titre. Dépressif et glauque, avec un Gahan maquillé à outrance dans leur clip vidéo. Le titre est en tout cas musicalement excellent et oppressant, il s’agit d’un des coups de génie du groupe dans toute leur carrière. C’est assez surprenant que le groupe en ait fait un single, ce morceau est loin d’être un tube immédiat dans la veine de "Personnal Jesus" ou "I Feel You". Reste que ce titre n’est absolument pas représentatif de l’album, le reste est particulièrement doux mais tout aussi sombre cependant.

Dès "The Love Thieves", plus dans une veine assez ambient (l’intro en particulier), on se rend compte que quelque chose à changé. Tiens puisque l'on parle d’ambient, le groupe à ajouté des morceaux de transition particulièrement apaisants dans Ultra. Ils servent parfois d’introduction à certains titres ("Uselink") ou tout simplement d’interlude ("Jazz Thieves"). Ces morceaux nocturnes sont d’une qualité rare et il s’agit sans doute de l’un des points qui a du faire le plus grincer des dents les adorateurs du groupe. Ben oui, qui y a-t-il de plus chiant qu’un interlude ? Reste que ces morceaux se révèlent indispensables car ils renforcent l’ambiance ténébreuse de Ultra.

Le reste du disque est composé de titres plus conventionnels mais tout aussi réussis comme "It's No Good", l’émouvante ballade "Home" chantée par Martin Gore et "Useless" avec sa guitare électrique obsédante.
Les autres titres sont plus pénétrants avec un travail sur le son et des mélodies souvent souterraines comme "Sister Of Night", le génial "Freestate" (Dave Gahan a un grain dans la voix ce qui rend le refrain magnifique) et bien sûr "Insight" qui devient lumineux sur la fin après ce doux sentiment de déprime développé pendant tout l’album.

Ultra est donc un disque particulier. Plus électro que les précédents, parfois proche de la musique trip hop et c’est sans doute pour cette raison que cet album est si détesté.
Il faut donc balayer ces reproches typiques de fans à l’esprit étroit et se concentrer uniquement sur la musique, pour finalement découvrir un album obscur et nuancé.
Leur sommet artistique pour ma part.