S'il met de côté les influences celtiques, A La Belle de Mai s'inscrit dans la droite lignée de Marchand de Cailloux, à savoir un album éclectique, au verbe toujours acéré mais plus poétique, moins caustique que celui des albums précédents.

L'album contient un nombre important de ballades, qui participent à en faire sans doute un des albums les moins estimés de RENAUD. Pourtant, comment ne pas succomber à la splendide "C'est quand qu'on va où", à la tendre "Devant les lavabos", que RENAUD chante pourtant dans une tonalité trop haute pour sa voix qui commence, doucement, à partir en déconfiture. Et bien entendu, impossible de ne pas mentionner le chef-d'oeuvre de l'album, "Le Petit Chat Est Mort", qui vaut à lui-seul quelques étoiles. A classer parmi les tous meilleurs titres de RENAUD, ce morceau mêle avec délicatesse, précision et beauté du verbe dans une alchimie bouleversante.

Le reste de l'album peine à marquer autant. Orientées folk (à l'exception de l'imbitable "Adios Zapata"), les compositions sont certes sympathiques, mais constituent pour la plupart des copies peu convaincantes de titres issus des albums précédents. On retient tout de même "La ballade de Willy Brouillard", "Cheveu blanc", la solennelle "Lolito Lolita", et surtout la piano-voix "La médaille", titre anti-militariste d'une beauté pure.

Un bilan favorable donc, même si A La Belle de Mai ne constitue pas la meilleure des offrandes de RENAUD.