Personnellement je reconnais un album intemporel à sa façon de rester écoutable malgré les années.
Combien d'albums sont des effets de mode où 2 ans après on n'a plus envie d'y retourner et où 5 ans plus tard on est bon pour l'écouter en soirée rétro ?

The Cure aurait pu être dès le premier album ce type de groupe. Il faut quand même savoir que lors de la diffusion de leurs premières démos, ils ont été approchés par le label Hansa Records qui voyait en eux un groupe Disco capable de faire bouger les jeunes après une période punk.
Le groupe refusera le contrat et écrira la petite satyre Do The Hansa qui sera en Face B du single Boys Don't Cry.

Finalement, ce sera un tout jeune Chris Parry et son nouveau label Fiction Records. Ce fut le seul producteur à accepter de suivre ce jeune groupe à la dégaine de londoniens banlieusards fauchés. Fallait les voir avec leurs jeans limites pattes d'ef' tenus par une ceinture plus proche de la corde qu'autre chose et un Smith ultra introverti.

Le décor planté, que dire de cet album : l'ensemble est ultra post-punk dépouillé et mélange très bien des influences rock, punk et annonce déjà ici et là une suite plus sombre (je pense à 10:15, Another Day et Three Imaginary Boys). La pochette est une parfaite synthèse où il faut savoir qu'à l'avant chaque objet représente un membre du groupe (le frigo serait Smith, le lampadaire Dempsey et l'aspirateur Tolhurst) tandis qu'à l'arrière chaque image représente un titre de chanson.

10:15 Saturday Night annonce clairement le génie de Smith. C'est d'ailleurs pas un hasard si Massive Attack le sample sur Man Next Door de l'album Mezzanine.
Grinding Halt est ultra efficace tout comme Object, Fire In Cairo ou encore It's Not You. Certains jeunes groupes pseudo rock devraient d'ailleurs en prendre graine ! Et que dire de Foxy Lady où l'on reconnaît parfaitement l'original tout en constatant une réelle adaptation riche et toute à l'image du groupe.
Et Subway Song ! A la manière de 10:15, on s'imagine sans peine un soir seul dans le métro à entendre des bruits de pas derrière soi et ne pas oser se retourner de peur de découvrir le visage de notre poursuivant.
Enfin, on ne peut pas parler de Three Imaginary Boys sans parler du titre éponyme. C'est un pur bijou qui prépare sans surprise les albums suivants.

Je pourrais encore en dire davantage sur cet album mais j'ai déjà dépassé les limites de la Kro-Express et je vais me faire taper sur les doigts.