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POP-ROCK  |  STUDIO

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The CURE - Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me (1987)
Par RICHARD le 9 Décembre 2019          Consultée 4564 fois

Il arrive parfois qu'une simple illustration même laide de pochette de disque en dise bien plus qu'un long discours. C'est à l'évidence ce que souligne cette bouche en gros plan, celle de Robert Smith, le leader des CURE. Pour tout dire, elle se présente comme autant de promesse d'amour, de reconnaissance mutuelle, de free hugs entre lui, son groupe et ses fans. D'elle viendront également les mots les plus doux mais aussi les paroles les plus dures et violentes. Le succès mondial et inattendu du pop The Head On The Door sorti deux ans plus tôt a changé la donne pour le quintet et a aussi donné des ailes à l'ébouriffé et ébouriffant leader. La bande des cinq en l'espace de quelques mois a accédé ni plus ni moins au rang de star, voire de mégastar new wave. Adulés en Europe et plus particulièrement en France, les CURE sont en train de conquérir également le continent sud et nord américain. Rien ne semble pouvoir résister aux banlieusards londoniens. L'hystérie est en marche. Kiss Me Kiss Me Kiss Me, leur septième album paru en mai 1987 est un instantané de ces moments où tout s’accélère, où tout semble possible, et ce même si nos Anglais préférés ne seront jamais plus les mêmes.

Smith fort de ce nouveau statut est prêt à embrasser goulûment le monde entier. Il voit maintenant pour son groupe les choses différemment. En grand, en énorme. Qu'il est bien loin le temps où le petit Boby en autocrate cold wave régnait sans partage sur la destinée du projet. Les CURE, c'était lui et lui était les CURE comme il se plaisait à dire. Ce disque apparaît dès lors comme une improbable recherche de démocratie participative. En effet, chaque membre va pouvoir apporter sa pierre à l'édifice curiste. Il amène fébrilement ses compositions au grand patron et celui-ci en mode smiley avant l'heure les note avec un rond qui sourit ou un rond qui grimace. Smith en lâchant artistiquement du lest va impulser à ce double album catalogue (sous la forme LP) un caractère éminemment hétérogène. C'est une galette qui pour des oreilles habituées à l'univers des CURE sonne de prime abord comme très pop, joyeux et coloré. Enregistré entres autres à Miraval, dans le Sud de la France, au milieu des vignes, dans la détente et le vin qui coulera encore à flot, Kiss Me est comme un peu ces mélanges qui vous grisent au début et vous laissent tout de compte fait au final quelque peu dubitatif et désemparé.

Le postulat de départ pour Smith est clair. Il décide avec ses compères sur Kiss Me de refaire le coup de la recette gagnante de l'album précédent mais en deux fois plus long. Le leader va donc essayer dans un subtil et précaire équilibre de contenter la frange la plus sombre des fans qui n'ont pas encore quitté le navire CURE et de fidéliser les nouveaux, apparus dans le sillage pop, sucré et coloré des années 1983-1985. Les deux visages du groupe n'ont jamais été aussi prononcés que sur cette galette. A travers ces titres, c'est bien une nouvelle fois la question de savoir si on désire à vie cantonner un artiste dans ce qu'on aimerait nous qu'il fasse ou pas. Il faut dire qu'ils ont de quoi surprendre quand même, ces morceaux. Le maître mot sera grand écart. Chute et réussite. En effet, les CURE passent pour les trois singles choisis sans aucun complexe de la petite ballade romantique sur fond de violons (« Catch ») à un morceau horripilant et passablement funky ("Why Can't I Be You"). Celui-ci ne vaut vraiment que par son clip où le groupe pour prendre le contre-pied de sa supposée image morbide apparaît grimé en nounours, corbeau et autre bourdon. Heureusement, Smith redresse la barre et délivre l'un des plus beaux titres de son répertoire et de la pop, tout court. "Just Like Heaven" n'est pas que le générique (sans parole) des Enfants du Rock. Il est aussi et surtout une perle pop qui se distingue tant par sa puissance mélodique (ce son de guitare et de claviers) que par la beauté de ses mots. Un classique, ni plus, ni moins.

Tout au long de ces plus de 70 minutes alterneront donc ambiances légères et sonorités plus pesantes et recherchées. Kiss Me est comme une véritable montagne russe où l'auditeur connaîtra des hauts et des bas émotionnels.Parfois, ça tangue, on serre les dents et on se dit que les CURE et c'est l'une des premières fois de leur carrière vont malheureusement faire dans l'anecdotique pour rester un poil poli. Smith ne nous adresse pas un poutou empli d'amour. Celui-ci a au contraire un goût bien amer. Smith désire montrer à la terre entière qu'il est heureux et amoureux. Tant mieux pour lui s'il va bien. Mais est-il obligé de nous infliger la bluette faussement enjouée qu'est "Perfect Girl" ou les horribles synthés de la lamentation exposée dans "A Thousand Hours" même si la voix du leader file ici et encore la chaire de poule. Idem pour le superficiel "One More Time" ou les désirs sado masochistes du leader avec "All I Want". Les sonorités ont terriblement vieilli et sa voix ici est crispante,irritante au possible, et c'est le fan qui vous parle. A l'image de l'incompréhensible et pénible simili funk de "Hot Hot Hot", à trop vouloir nous prouver que son groupe n'est pas que pour les dépressifs patentés, Smith se plante littéralement. Dans le genre je suis heureux et je me soigne car ça me déprime les futurs singles "High" (1992) ou "Mint Car" (1996) seront sans conteste plus efficaces et probants. Pas là !

Mais tout n'est pas perdu. En effet, lorsque les CURE s'appliquent de nouveau à tisser des ambiances originales, ils retrouvent comme par miracle le modjo. Smith replonge avec réussite un peu dans les climats anxiogènes de Pornography et nous balance le pesant "Snakepit" qui doit encore beaucoup aux BANSHEES période Tinderbox (1986) ou le tortueux introductif "The Kiss". Cet environnement malsain fait la part belle au jeu de guitare de Smith, plus sinueux,serpentant au grès de ses humeurs. Le petit Robert n'en oublie pas pour autant ses classiques et retrouve dans le format court toute sa colère passée qu'il sait rendre puissante et intense. Si "Fight" et son ode à l'espoir ne souffrent d'aucune ambiguïté, Smith se retrouvant ici coach de vie force mentale, je ne dirais pas la même chose du pourtant prenant musicalement "Shiver and Shake". En effet sur fond de guitares tournoyantes, Smith expulse avec une rare violence rancœur, amertume. C'est son ami d'enfance Laurence Tolhurst qui en est la cible. Alcoolique et souffre douleur du groupe, le claviériste se voit traiter de limace, de trois trous malades et autre gentille délicatesse.Les histoires de famille, ben,ça reste dans la famille, Robert. Le groupe nous laisse heureusement respirer avec le superbe titre de pop ouvragée "How Beautiful You Are" (d'après un poème de BAUDELAIRE) ou à travers les quatre minutes étranges et intrigantes de "Like Cockatoos". C'est bien dans l'esprit de ce dernier morceau que les Anglais auraient du axer la totalité de leur galette. Originale et en même temps grand public, facile d'accès mais sans perdre pour autant son âme.

Kiss Me n'est donc pas le grand album que tout le monde ou presque trouvait terriblement excitant et brillant lors de sa sortie. Le temps a assurément fait son affaire plus de trente ans après. Il y a à boire et à manger dedans.Copieux, il frise parfois l'indigestion par ses facilités. Heureusement, les CURE connaissent leur affaire et proposent dès lors des instants plus consistants qui évitent à cet album de n'être en définitive qu'un simple baiser froid.

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   (2 chroniques)



- Robert Smith. (chant, guitare, claviers)
- Simon Gallup. (basse)
- Laurence Tolhurst. (claviers)
- Porl Thompson. (guitare, claviers,saxophone)
- Boris Williams. (batterie)


1. The Kiss
2. Catch
3. Torture
4. If Only Tonight We Could Sleep
5. Why Can T I Be You
6. How Beautiful You Are
7. Snakepit
8. Just Like Heaven
9. All I Want
10. Hot Hot Hot !!!
11. One More Time
12. Like Cockatoos
13. Icing Sugar
14. The Perfect Girl
15. A Thousand Hours
16. Shiver And Shake
17. Fight



             



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