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The CURE - Wild Mood Swings (1996)
Par RICHARD le 17 Avril 2020          Consultée 2653 fois

Troquet-philo pour débuter ces quelques lignes. Est-il dans l'ordre des choses de brûler ses idoles ? Doit-on renier ses premières amours musicales pour se libérer définitivement des souvenirs d'adolescent et grandir ? 1996 est assurément une drôle d'année pour le groupe de Crawley. Depuis 1992 et la parution de Wish son dernier album noisy pop sont nés ou se sont épanouis le shoegaze, le grunge, la britpop, le trip hop entre autres. Robert Smith avec son plumeau sur la tête qui commence à se faner et son rouge à lèvres baveux façon Chef de bande des GREMLINS semble totalement hors-de-propos, anachronique. Les temps ont changé. Quatre ans, c'est peu et beaucoup à la fois. Les CURE ont connu leur apogée commerciale au début de cette décennie. Ils pensent encore pouvoir compter sur des fans fidèles mais qui ne s'avéreront pas nécessairement ouverts à un changement brutal. En effet, beaucoup désirent cantonner pour toujours le leader dans un rôle de porte parole du spleen adolescent. Smith voit les choses autrement. Si son spleen prend de l'âge et grisonne lui aussi, il ne s'interdit pas de lui donner des couleurs. Cette nouvelle palette chromatique sera peu appréciée. Wild Mood Swings est considéré comme le plus mauvais album des CURE, toutes périodes confondues. Le public des Anglais a grandi. Avec cet album maudit, c'est comme s'il désirait refermer la page de sa propre jeunesse.

Pour le fan du groupe que je suis, ces sautes d'humeur sauvages sont arrivées progressivement sur la pointe des pieds. Par l'achat à l'ancienne en 1995 d'un bootleg du concert des CURE donné à Glastonbury durant l'été de cette même année. On y découvrait avec joie deux nouveaux titres "Jupiter Crash" et "Mint Car" (intitulé sur la jaquette du disque "Mint Palm"). Moins électriques que les morceaux de Wish, étaient-ils annonciateurs de la nouvelle direction prise par Smith et son groupe ? Puis courant avril 1996, sur la plupart des radios, on pouvait apprendre la publicité pour la sortie imminente du dixième album des Anglais. Sur fond sonore, on entendait la voix de Smith reconnaissable entre toutes et une musique façon mariachi OLD EL PASO. C'était tout à la fois surprenant, intriguant et angoissant. Il s'agissait en fait du premier single "The 13th". Les CURE depuis la sortie en 1983 de la compilation Japanese Whispers ont toujours réussi avec plus ou moins de bonheur à alterner instants moroses et mélodies subtilement pop. Le grand écart est l'une des constantes de son indéboulonnable leader, mais là, les choses à l'évidence prenaient une tournure étrange.

Cet album permet de découvrir le discret et éternellement mal aimé Jason Cooper (allez savoir pourquoi) . Le nouveau batteur a fait ses gammes lors de la tournée estivale des festivals en 1995. On constate également le retour du précieux claviériste Roger O'Donnell. Cette équipe régénérée va donner une galette gourmande. Les CURE proposent à travers cette collection de titres ultra-variés un véritable patchwork d'univers et d'émotions qui ne semblent en définitive relier que dans un seul but : casser l'image de dépressifs chroniques qui collent à la peau des Anglais. Smith n'en fait toujours qu'à sa tête, quitte à se planter royalement. Wild Mood Swings le confirme partiellement. On ne compte plus le nombre de musiciens invités en veux-tu en voilà pour tenir cordes, cuivres ou batteries. La présence importante de différents producteurs pourrait supposer que les CURE s'ouvrent enfin au monde. Cette nouvelle façon de travailler éparpille en fait les intentions. Il faut à l'écoute de ces soixante minutes inégales de pop trier le grain de l'ivraie. Ne jetons pas pour autant le petit clown sympa de la pochette dans les eaux de la Tamise. Wild Mood Swings est de ces albums que l'on doit accueillir sans a priori ni œillère, même si ceci était loin d'être simple.

C'est vrai qu'il faut quand même une sacré dose de confiance pour suivre Smith dans ses nouvelles pérégrinations atypiques. Il y a des morceaux qui près de vingt-cinq ans après leur sortie demeurent des mystères opaques. Le leader devait bien rire intérieurement lorsqu'il composa par exemple le funky noisy et horrible "Club America". Voix insupportable, orgie sonore, paroles sous acides, un fantastique exemple de ratage. Tout va bien Robert ? Un faux pas en soi, ce n'est pas si grave, çà l'est un peu plus lorsqu'il se multiplie et qu'à force la chute semble se profiler. Vouloir casser son image, c'est plutôt louable, hein, mais est-ce une raison suffisante pour développer une pop fade et sans âme ? Même enjoué, "Strange Attraction" ne décolle pas vraiment, malgré les efforts effectués par son clavier sautillant. Les CURE adoptent une posture méga poppy avec "Return" et sa section de cuivres et orgue déjantés qui sonnent comme des jouets en plastique. Ceci pourrait être incongru et bienvenue. C'est plus prosaïquement tout simplement raté. Comme souvent, Smith recycle les accroches de ses hits passés. Si globalement ce n'est pas encore de la perte d'inspiration, le verdict est quand même bien parfois cruel. Si fut un temps, ce petit artifice pouvait prendre, en 1996, malheureusement pour les Anglais, le procédé est visible comme le gros ventre de Robert au milieu de la scène. Bien que jazzy, l'énervant "Gone" ne rappellera que de très loin le classique "The Lovecats". "Mint Car" quant à lui même avec ce beau jeu typiquement smithien de guitare ne dessinera maladroitement que les contours du splendide "Just Like Heaven". Y'a assurément de la joie chez Robert, mais elle n'est pas toujours contagieuse. Puis il y a un problème loin d'être anodin avec ces titres. C'est la voix de Smith qui cette fois-ci ne passe pas. Elle monte haut, le plus souvent artificiellement, crispe et pour ainsi dire donne envie tout compte fait de jeter le petit clown plus vraiment sympa dans les eaux tourmentées de la Tamise.

Evidemment, avec ces quelques mots, vous vous dites que je confirme la réputation catastrophique de Wild Mood Swings. Et non, ce serait trop simple car cette galette contient aussi des titres qui sont parmi les plus beaux des Anglais. Comme souvent avec Smith, les entrées sont soignées et les sorties dignes. L'introductif "Want", désormais un classique, expose une nouvelle fois toute la force créatrice de son leader. La magie CURE opère grâce à l'habile combinaison de la guitare, de la basse énorme de Simon Gallup et de la voix de Smith qui énervée mais pas énervante délivre sa belle dose de frissons habituels. Le chanteur n'est également jamais plus touchant que lorsqu'il chuchote plus qu'il ne chante. C'est d'ailleurs une voie pour laquelle il optera dans le futur. Les mots simples personnifient parfaitement l'état tourmenté de notre éternel dodu. A ce titre, "Bare", longue pièce mélancolique qui conclut l'album, est superbe. Et que répondre à quelqu'un qui vous dit sur fond de guitare acoustique et piano "Memory Is Not Life And It's Not Love"? Les petits cœurs sensibles des curistes se compriment et se serrent fortement également à l'écoute de deux autres perles. Je vous mentirai en vous disant que "This Is A Lie" avec ses cordes larmoyantes me laisse insensible. La tristesse n'a jamais paru aussi douce ni savoureuse. Un peu comme avec "Jupiter Crash" qui est ni plus ni moins qu'un aller simple vers le nirvana. C'est dans cette épure que Smith se montre extrêmement convaincant. Le spleen adolescent a lui aussi disparu et viennent maintenant les regrets et les souvenirs heureux ou non. Alors, oui, les CURE en 1996 sont encore capables de fulgurances. Wild Mood Swings est un véritable trompe-l’œil. Sous des atours pop clinquants peu réussis, se trouvent de véritables perles. L'émouvant et soyeux "Treasure" confirme à lui tout seul cette sensation tenace de gâchis partiel.

Avec Wild Mood Swings, Robert Smith tente de se libérer du rôle de Grand Timonier du spleen que ses fans chérissent tant. C'est un album bancal qui aurait gagné sans doute à se recentrer sur ses titres les plus épurés et mélancoliques. Ni bon, ni extrêmement mauvais, il est ce que Smith était tout simplement en 1996. De là à brûler ses idoles. Tiens, ça tombe bien, je n'ai plus de ZIPPO.

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   RICHARD

 
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   (2 chroniques)



- Robert Smith. (guitare.chant,basse)
- Perry Bamonte. (guitares,basse)
- Simon Gallup. (basse)
- Roger O’donnell. (claviers)
- Jason Cooper. (batterie,percussions)
- Mark Price (batterie)
- Louis Pavlou (batterie)
- Audrey Riley (violoncelle)
- Leo Payne (violon)
- Chris Tombling (violon)
- Mr Chandrashekhar (violon)
- Sue Dench (alto)
- Will Gregory (saxophone)
- John Barclay (trompette)
- Steve Sidwell (trompette)
- Richard Edwards (trombone)
- Sid Gauld (trompette)
- Jesus Alemany (trompette)
- Steve Dawson (trompette)


1. Want
2. Club America
3. This Is A Lie
4. The 13th
5. Strange Attraction
6. Mint Car
7. Jupiter Crash
8. Round & Round & Round
9. Gone!
10. Numb
11. Return
12. Trap
13. Treasure
14. Bare



             



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