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NEW-WAVE / COLD WAVE  |  STUDIO

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1987 1 Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me
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- Style + Membre : Siouxsie And The Banshees

The CURE - Pornography (1982)
Par RICHARD le 29 Août 2019          Consultée 7182 fois

Evoquer le quatrième album des CURE, c'est à l'évidence pénétrer sur un terrain dangereusement miné et marcher sur des charbons ardents. En effet, pour la majorité des fans du groupe, c'est l'une de ses pièces maîtresses, si ce n'est sa pièce maîtresse. L'album culte par excellence qui ne souffre d'aucune critique. Il est pour beaucoup ce que les Anglais ont fait de plus intense et de plus torturé. Ne pas aimer passionnément ces huit titres, c'est prendre le risque d'être excommunié de la communauté «des vrais fans» tant ceux-ci se montrent des défenseurs acharnés et des adorateurs fervents de ces 45 minutes de douleur. Vous savez qui est plus obtus qu'un fan de MORRISSEY? Un fan de Robert Smith. Tout ceci pour vous signifier et vous l'aviez sans doute compris que Pornography a un statut éminemment particulier. La pornographie serait donc à ce point attirante ? Pour Smith en 1982, elle n'est ni plus ni moins que l'affichage brut et sans fard des sentiments. C'est une exposition crue de désir, de sexe, de violence et de mort. Soyez donc les bienvenus dans l'enfer du trio de Crawley !

Pornography clôt en ce début de mois de mai 1982 la fameuse trilogie dite glacée. Le groupe avec une certaine forme de délectation masochiste pour tout dire s'enfonce encore un peu plus profondément dans les méandres de la souffrance. Smith intérieurement rongé par le doute n'a toujours pas trouvé de réponses à toutes ses questions. L'échec du pourtant splendide single "Charlotte Sometimes" à la fin de l'année 1981 ainsi que les tournées continuelles et épuisantes ont coupé les Anglais de la réalité. Les CURE ne sont donc plus là pour personne, même pas pour eux-mêmes. Le cocktail dévitalisant drogues et alcool conforte encore un peu plus ce sentiment d'être seul contre tous. Face à l'absurdité du monde, le petit Robert se positionne en total incompris et nous expose ses maux. Si le désormais grassouillet leader n'atteint pas les trips hautement paranoïaques d'un BARRETT ou d'un BOWIE, son état psychique n'est pas cependant des plus reluisants et n'est en rien enviable. Smith est dans une phase extrême de détestation de soi et son seul plaisir semble être celui d'emmener le plus grand nombre de personnes dans sa chute, chute qui paraît à cette époque comme inéluctable.

A l'image des clichés de l'époque où Smith, le regard vide, en imper et avec son nid de corbeau sur la tête tire la langue, les Anglais nous font un bras d'honneur et ne désirent au final qu'une seule chose : se saborder et nous avec par la même occasion. On pourra toujours se demander si ce culte est lié à la qualité intrinsèque de la musique ou à tout le décorum ayant donné naissance à ces 45 minutes étouffantes. Smith en ces temps brûlants est un boulimique de lecture et dévore quantité de livres sur les maladies mentales. Il se passionne également pour le travail en studio. Durant les trois semaines chaotiques d'enregistrement, Smith ne travaille que la nuit, dort à même le sol, se crée une barrière dans le studio d'une hauteur d'un mètre cinquante de canettes de bière et dilapide le budget alloué à l'enregistrement en drogues. Il sera épaulé dans cette recherche désespérée du son parfait par le très jeune et talentueux producteur Phil THORNALLEY que l'on retrouvera plus tard aussi bien chez PREFAB SPROUT que Natalie IMBRUGLIA (Torn en 1997, c'est lui). THORNALLEY créera cette sensation réussie d'avoir la tête sous l'eau et de ne pouvoir remonter à la surface. Alors, pourquoi ne pas succomber pleinement à ce baiser de la mort ?

"It Doesn't Matter If We All Die". Voici comment débute le disque. Smith à l'évidence possède un cynique esprit de synthèse. Toute sa pensée rêche tient en ces quelques mots. Une sorte de «Connais-Toi Toi-Même» gothique. Le résultat de cette introspection, ce sont sept minutes de nihilisme fiévreux. Cette sensation de jusqu'au-boutisme est confortée par la frappe inlassablement métronomique de Tolhurst et les guitares acides du leader. Art de la synthèse, oui, mais sur ce coup là, c'est raté Robert ! Si on peut saluer l'esprit sans concession de ce titre d'ouverture, on peut également retenir cette sensation désagréable d'ennui qui s'immisce au fur et à mesure de son écoute. Oui, le gros mot est lâché. La mise au ban est proche. Comment ? Tu te dis fan des CURE et tu n'es pas un hagiographe de Pornography ? Baltringue ! L'ennui est un Art qui se cultive. Les ambiances autarciques et brumeuses des deux précédents albums étaient attirantes car elles n'étaient pas une forme d'évidence. Pornography s'avère être parfois quant à lui une recette pleinement réussie d'auto-apitoiement. "The Figurehead" qui entame la face B de la galette ne vaut guère mieux. Ce n'est pas parce que Smith déclame "You Mean Nothing" que l'on sera solidaire de son dégoût et de sa haine du monde jusqu'à l’écœurement. Le côté hypnotique et la guitare de Mad Bob tendue au possible rendent ce morceau un peu moins irritant, mais par tous les Smith qu'il est long ! Même lorsque les CURE insufflent un semblant d'énergie qui oxygène un peu comme avec "A Strange Day", l'envie de faire un pas de côté vous prend de nouveau irrémédiablement. Les idées et le cœur sont noirs. La chute se poursuit.

De ces univers troubles naissent cependant d'ambivalents sentiments. En effet, pour l'auditeur, la pornographie, c'est aussi regarder Smith se débattre avec ses démons et plutôt que de lui tendre la main, on contemple et on y prend même un plaisir certain. Etre voyeur en somme. Le morceau "Pornography" est à ce titre superbement pervers. Dans un magma sonore, se mélangent voix distordues, claviers lugubres, batterie tribale infatigable, guitares saturées et la voix de Smith hantée qui expulse un définitif "I Must Fight This Sickness, Find A Cure". Que pouvons-nous faire face à ce cri de survie, de vie ? Dans cette implacable descente aux enfers, les mots hachés de Smith sont autant d'attaque contre lui-même. D'un geste destructeur, il fait table rase du passé. Il n'y a plus de foi, plus d'espoir. Il n'y a plus rien. Le leader se complaît dès lors dans un érotisme moite et malsain comme le souligne le sinistrement attractif "The Hanging Garden", le seul single de l'album et l'on se demande bien pourquoi. Et toujours cette batterie qui ne cesse de marteler. L'Anglais comme dans le glaçant "Cold" ouvre en grand les portes du mal être. Désolé, Robert, la lumière n'est toujours pas là. Le violoncelle en introduction ainsi que les lourds claviers confèrent à ce très beau titre pesant un sentiment évident de défaite. Sentiment conforté par le meilleur titre de l'album qu'est "A Short Term Effect". La tête tourne. La batterie frappe encore et toujours. La basse claque. Les mots sont assenés de manière définitive. C'est encore un "jour sans substance". Un de plus. Dont acte.

Le 11 juin 1982 à Bruxelles, se déroule le dernier concert d'une tournée et d'une époque infernales. Il finit dans un chaos total. Pornography est à son image. Un monde qui ne vomit que rage et désespoir. Les CURE n'ont pas quatre ans et les voici déjà morts. Quatre ans, c'est peu, mais pour Robert Smith, c'est déjà une éternité douloureuse.

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   (4 chroniques)



- Robert Smith. (chant, guitare. claviers)
- Simon Gallup. (basse, claviers)
- Laurence Tolhurst. (batterie, claviers)


1. One Hundred Years
2. A Short Term Effect
3. The Hanging Garden
4. Siamese Twins
5. The Figurehead
6. A Strange Day
7. Cold
8. Pornography



             



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