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1981 2 Faith
1982 3 Pornography
1984 1 The Top
1985 1 The Head On The Door
1987 1 Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me
1989 2 Disintegration
1992 1 Wish
1996 1 Wild Mood Swings
2000 1 Bloodflowers
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1984 1 Concert The Cure Live
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2011 Bestival Live 2011

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1983 1 Japanese Whispers
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VHS/DVD/BLURAYS

2002 Trilogy
 

- Style + Membre : Siouxsie And The Banshees

The CURE - The Top (1984)
Par RICHARD le 11 Octobre 2019          Consultée 6111 fois

Lorsque fin avril 1984 sort le cinquième album des CURE, Robert Smith son leader est indéniablement porté par un nouvel élan. Le timide banlieusard de Crawley n'est plus seulement le porte-parole des adolescents tristes définitivement reclus dans leur chambre. Il est depuis peu également une valeur sûre pour celles et ceux appréciant une pop fantasque et bigarrée. Ses récents morceaux jazzy ou synthétiques lui ont en effet apporté un nouveau public, moins gris et bien plus coloré. Les Anglais se retrouvent donc maintenant en tête des charts et passent régulièrement à Top Of The Pops, la messe télévisuelle obligatoire outre-Manche. Smith feint d'en être le premier surpris. Le fait d'accepter pleinement ce nouveau succès ne diminue en rien la phase créatrice hallucinante dans laquelle il baigne, voire surnage, bien au contraire. En plus de son propre groupe, il officie aussi avec son groupe de cœur, les BANSHEES menés par la sensuelle et ténébreuse SIOUXSIE comme guitariste remplaçant de luxe. Avec SEVERIN, le bassiste de ce combo siamois, Fat Bob a également créé le super duo sous acides THE GLOVE responsable du superbe et surréaliste Blue Sunshine. Le cerveau de Bob se retrouve donc en fusion permanente. Il chauffe, voire surchauffe. Le leader à son corps un peu défendant se retrouve dans un état de schizophrénie totale. C'est dans cette atmosphère excitante et épuisante que déboule The Top et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne laissa à sa sortie personne indifférent.

Ce n'est un secret pour personne. The Top est le plus souvent nommé The Flop par les fans du groupe. Comme quoi, les curistes ont parfois de l'humour, noir peut-être, mais je vous l'assure, de l'humour quand même. Cette galette est indéniablement la mal aimée de la discographie des CURE. Trop souvent réduite à un cuisant échec, à un naufrage artistique complet, elle n'a pas trouvé en son temps son public. Moins direct que les récents singles compilés sur Japanese Whispers, plus diversifié que les albums de la Trilogie glacée, cet album est de fait difficile à classer dans l'histoire chaotique du combo. Pourtant, c'est l'une des productions les plus audacieuses de Smith, ce qui en soi n'est pas négligeable. Durant ces quelques mois, Fat Bob est littéralement hors-sol. Gobeur gargantuesque de substances illicites en tout genre, buveur invétéré de bière en quantité océanique, il est lors de la composition de The Top à la fin de 1983 et au début de 1984, puis des délirantes sessions d’enregistrement, dans un état second perpétuel. Cette précision façon The Sun- Daily Mirror a son importance car elle explique partiellement l'état psychique de Smith et les dix titres qui jailliront de son cerveau fébrile.

Smith est donc au bord de l'explosion physique et mentale. The Top propose un excellent moyen d'appréhender sa psyché. Nous voilà dans le rôle d'écoute du docteur FREUD. «Robert, allongez-vous sur le divan et dites-moi tout». Il faut dire que malgré toute cette agitation, il est bien seul notre dodu leader. Il ne peut compter que sur lui-même. Tolhurst, son ami d'enfance qui tient officiellement les claviers, s'est marié pour l'éternité avec la dive bouteille et doit mettre des gommettes de couleur sur les touches de ses claviers pour jouer les bonnes notes. Décidément, Smith n'est pas aidé, et c'est un brin minant sûrement. C'est aussi pourquoi cette toupie-sommet est présenté comme un album solo. Cette galette malade regarde encore un peu vers le passé mais semble bien avide de croquer le futur. Elle opte volontiers pour une forme certaine de psychédélisme débridé qui doit sans doute pas mal au monde des BANSHEES. Smith n'en oublie pas pour autant ses fondamentaux et délivre quelques titres hérités de ces années pas si lointaines, emplies de rage et de douleur. En effet, que ce soit l'introductif puissant qu'est « Shake Dog Shake » et ses cris de dément, l'énervé et bouillonnant « Give Me It » ou l’anxiogène et lancinant « The Top », les ombres du sombre et culte Pornography (1982) peuvent momentanément faire illusions. Momentanément seulement car cette folie non dénuée d'érotisme qui irrigue ces ambiances lorgne plus vers les surréalistes, la petite mort à la BATAILLE que vers un sentiment profond d'auto-destruction.

C'est foutraque, bancal, ça part dans tous les sens, on ne sait vraiment pas où Smith veut aller, le sait-il lui-même ? Mais quel bonheur ! La tête tourne, tous les sens sont constamment mis en alerte. C'est un feu d'artifices d'émotions. Smith en farceur et joueur qu'il est souffle constamment avec malice le chaud et le froid. Avec un malin plaisir, il prend à contre-pied ceux qui ne désirent qu'une seule chose : l'enfermer dans cette caricature, qu'il a certes parfois un peu esquissée, de clown triste et dépressif. A ce titre, le superbe single « The Caterpillar » est une petite merveille de pop barrée où un violon en total déglingue annonce un monde digne d'Alice au Pays des Cauchemars. Le clip vidéo réalisé par le désormais fidèle Tim POPE est lui aussi un délice de grand n'importe quoi. Le simple fait de le visionner aide incontestablement à comprendre beaucoup de choses de cette période. Smith à l'image du LSD qu'il consomme intensément propose sous des atours pop une vision quelque peu distordue de la réalité. Elle est à la fois terriblement inquiétante et accueillante. Il pourrait être un ours polaire dans le schizophrène et pourtant léger « The Birmad Girl ». Il tente contre toute logique une recherche vocale des plus surprenantes avec le perché « Dressing Up » et sa flûte de pan TITICACA PLAYSKOOL. Le pire, c'est que ceci fonctionne. C'est à un étrange voyage addictif auquel est convié l'auditeur. Il se retrouvera à Jérusalem devant le Mur des Lamentations (« The Wailling Wall ») d'où s'échappera une mélodie moite et étouffante. Il rencontrera le tordu « Piggy In The Mirror » qui n'est ni plus ni moins qu'un portrait de son auteur et le superbement décalé « Bananafishbones » (cet harmonica et chanteur sous acide) qui s'inspire de SALINGER. Les ambiances de la Trilogie glacée semblent bien lointaines, mais en fait, tout n'est maintenant qu'illusion et farce. Smith est littéralement au bord du précipice. On le croyait revenu d'entre les morts, mais non.

Avec The Top, on constate que Smith ne va guère mieux. Les couleurs criardes de la pochette ne sont que trompe-l’œil. Smith n'est plus de ce monde, de notre monde. Tant pis pour lui malheureusement et tant mieux pour nous égoïstement, car cet album est un très grand disque. The Top plutôt comme le sommet en fait.

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   (2 chroniques)



- Robert Smith. (chant,guitare,claviers,violon)
- Laurence Tolhurst. (claviers)
- Porl Thompson. (saxophone)
- Andy Anderson. (batterie)


1. Shake Dog Shake
2. Bird Mad Girl
3. Wailing Wall
4. Give Me It
5. Dressing Up
6. The Caterpillar
7. Piggy In The Mirror
8. The Empty World
9. Bananafishbones
10. The Top



             



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