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SPLEEN POP  |  STUDIO

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1980 4 Seventeen Seconds
1981 2 Faith
1982 3 Pornography
1984 1 The Top
1985 1 The Head On The Door
1987 1 Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me
1989 2 Disintegration
1992 1 Wish
1996 1 Wild Mood Swings
2000 1 Bloodflowers
2004 1 The Cure
2008 1 4:13 Dream
2024 Songs Of A Lost World

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1981 Charlotte Sometimes

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- Style + Membre : Siouxsie And The Banshees

The CURE - Songs Of A Lost World (2024)
Par RICHARD le 8 Novembre 2024          Consultée 1664 fois

En avril 1981, Robert Smith sur le superbe Faith constatait déjà avec le plus grand désespoir qu'à tout juste vingt-deux ans, il ne lui restait plus que la foi. Il n'y avait vraiment plus rien à faire si ce n'est de placer cette confiance en l'Homme et seulement en lui. C'est peu de dire que tout au long de la carrière chaotique de l'Anglais, toute personne peu ou prou sensible à son monde a vu justement sa foi en THE CURE mise à très rude épreuve. Ces seize ans d'attente par exemple ont ainsi été perçus comme autant d'années d'espoir, de frustration, puis d'acceptation. Ceci semblait donc a priori entendu. THE CURE ne sortirait plus rien et l'histoire discographique de ce groupe depuis longtemps culte allait se clore sur le plus que passable 4:13 Dream. Alors bien sûr, le projet n'était pas totalement muet et enterré. Smith en ultra pointilleux qu'il est se spécialise alors sporadiquement en rééditions rentables de son catalogue et effectue des tournées mondiales suffisamment belles et émouvantes pour que le plaisir momentané prenne le pas sur la déception durable. Mais, malgré cette agitation très mesurée, il demeurait la sensation tenace d'une sortie en queue de poisson. Comme un goût amer qui reste en bouche en somme.

De leur côté, les plus fervents adeptes ne cessaient de prier sainte Rita et saint Robert et les choses sans crier gare, comme par miracle, se sont accélérées d'un coup. C'est en effet durant la tournée marathonienne de 2022-2023 que THE CURE nous a offert le plaisir d'entendre cinq nouveaux titres. La surprise, les conditions d'un concert ne sont sans doute pas les paramètres idéaux pour appréhender de la nouvelle matière sonore, mais cette poignée de morceaux semblaient puiser encore dans la lente mélancolie qui irriguait Disintegration (1989) et Bloodflowers (2000). Puis, à l'image de notre monde, tout est devenu quasi-frénétique. Le groupe annonce enfin la sortie de Songs Of A Lost World. Le clou est enfoncé par la parution de deux singles en moins de quinze jours. Le Précieux est enfin entre nos mains et la myriade d'émotions qui va avec aussi. Cet album est sans conteste un troublant miroir. Il nous renvoie à notre enfance, notre adolescence. Sentiment doux amer de nostalgie qui nous étreint car THE CURE, ce sont trois-quatre décennies de chemin effectué ensemble, fidèle, avec ses hauts et ses bas. Seul l'avenir nous dira si ce Songs Of A Lost World est un cadeau d'adieu-testament, mais peu d'albums possèdent déjà ce postulat de départ si émouvant.

Une chose demeure néanmoins certaine. L'auditeur doit concevoir et recevoir ces huit titres comme le témoignage sincère du crépuscule d'un artiste unique. C'est un tout, un bloc seulement poli par les émotions brutes de son auteur de soixante-cinq ans. Smith l'a mûri, pensé et conçu très certainement en ce sens. Le bilan de sa vie, son regard sur un monde qui indubitablement change, la perte entre autres de ses parents, de son frère aîné Richard ont irrigué cette nouvelle production. C'est un Smith qui s'expose encore une fois sans artifice. Cet opus conforte assurément l'image d'un artiste qui jusqu'à la caricature est empli de mélancolie romantique. Ici, tout n'est que spleen, tristesse et résignation. "Alone" le single éclaireur esquisse la possible tendance. La collection automne-hiver 2024 CURE est à dominante grise. Une très longue introduction, une basse lourde, des claviers moroses et Smith avec sa voix toujours aussi belle, comme exsangue, égrène son douloureux chapelet. On pourrait croire avec une crainte légitime que THE CURE nous refait du Disintegration trente-cinq après la sortie de cet album surévalué. Voici les Charentaises façon anglaises de Crawley. L'auditeur est tout confort, habitué et ronronne peut-être déjà, aïe aïe, pas quand même.

Le second single "A Fragile Thing" accentue encore plus cette sensation. Sous des atours pop et directs, malgré une belle guitare incisive façon Wish (1992), il apparaît comme par trop téléphoné pour qui connaît l’histoire du groupe. Mauvaise pioche pour ce choix de singles car ils ne sont pas représentatifs de Songs Of A Lost World. Mais qu'attend-on vraiment en fait de THE CURE en 2024 ? Un espace sans heurt, balisé, un renouveau total, des poils qui se dressent à l'écoute de cet hypothétique bilan ? Ce disque est un peu, beaucoup, passionnément, à la folie tout ceci. Au delà de l'excitation légitime après tant d'attente de fan (avec recul), il n'est pas anormal de penser, et le temps le confortera certainement, que les titres restants côtoient au mieux le très bon et au pire le bon. La voix et les mots de Smith vont donner incontestablement à l'ensemble une épaisseur émotionnelle que nous avions oubliée depuis longtemps. Le poignant "I Can Never Say Goodbye" qui traite de la disparition de Richard sans une once de pathos souligne de façon serre-cœur la douleur, l'impuissance face à la perte. Le claviériste Roger O'Donnell enveloppe de ses notes discrètes ce vibrant hommage fraternel. Parfois comme sur le glucose "And Nothing Is Forever", ceci fonctionne un peu moins. Le côté fleur bleue avec ces claviers André RIEU-Téléfilm de Noël prend le pas sur l'habituel romantisme noir. Et pourtant, là encore, le chant tout en échos de l'Anglais a quand même de quoi faire chanceler nos petites âmes sensibles. Ce n'est pas bien grave au fond car Smith tout au long de ce ténébreux voyage réussit de nouveau à faire de ses émotions, nos émotions. Et quelles émotions !

Même si cet opus se présente sous un aspect cohérent, compact, THE CURE nous rappelle qu'il n'est jamais aussi pertinent que lorsqu'il décline subtilement une couleur en une multitude de nuances. Le feu brûle encore et toujours, volontiers doux à l'image du mélodique et réussi "All I Ever Am", archétype de pop attractive que vient zébrer la guitare de Reeves Gabrels. L'Américain, à l'image des très bons mais cette fois-ci énervés "Warsong" et "Drone : Nodrone", laisse libre cours à sa flamboyance tranchante. Le groupe réussit à exposer un spleen tout en tension électrique. Les doigts dans la prise, le corps brûlant, Smith retrouve un souffle, une envie de crier que la section rythmique sans faille conforte inlassablement. Ce sont deux morceaux puissants, torturés, irrigués par le fatalisme le plus complet. L'auditeur ne peut que subir, suivre, tant il est quasiment K.O debout. Smith accentue encore cet état et pour conclure, comme à son habitude, soigne sa sortie. Si les dix minutes fievreuses d"Endsong", tout en guitare-spirale, devaient constituer le dernier morceau de l'histoire de THE CURE, il n'aurait pas à rougir. Hypnotique, fougueux, Smith à travers ce labyrinthe sonore dresse le bilan de sa vie et, il n'y a plus de doute car "It's All Gone, It's All Gone", "Left Alone With Nothing, Nothing". THE CURE n'est peut-être déjà plus ici, de notre monde.

Si Songs Of A Lost World était naturellement attendu au tournant, le moins que l'on puisse dire, c'est que cet album ne déçoit pas. Nourri au meilleur des obsessions de son leader, il expose avec lucidité et cohérence le bilan intègre et émouvant d'un artiste hors-pair. THE CURE à bien y réfléchir n'est plus à un paradoxe près. Son monde perdu conforte la foi, la foi, oui, mais cette fois-ci en la jeunesse éternelle.

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   RICHARD

 
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- Robert Smith (chant, guitare,basse, claviers)
- Simon Gallup (basse)
- Reeves Gabrels (guitare)
- Roger O Donnell (claviers)
- Jason Cooper (batterie, percussions)


1. Alone
2. And Nothing Is Forever
3. A Fragile Thing
4. Warsong
5. Drone : Nodrone
6. I Can Never Say Goodbye
7. All I Ever Am
8. Endsong



             



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