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POST-PUNK MéLODIQUE  |  STUDIO

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ALBUMS STUDIO

1979 3 Three Imaginary Boys
1980 4 Seventeen Seconds
1981 2 Faith
1982 3 Pornography
1984 1 The Top
1985 1 The Head On The Door
1987 1 Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me
1989 2 Disintegration
1992 1 Wish
1996 1 Wild Mood Swings
2000 1 Bloodflowers
2004 1 The Cure
2008 1 4:13 Dream
2024 Songs Of A Lost World

SINGLES

1981 Charlotte Sometimes

ALBUMS LIVE

1984 1 Concert The Cure Live
1992 1 Show
1993 Paris
2011 Bestival Live 2011

COMPILATIONS

1983 1 Japanese Whispers
1986 Standing On A Beach
2004 Join The Dots

VHS/DVD/BLURAYS

2002 Trilogy
 

- Style + Membre : Siouxsie And The Banshees

The CURE - Three Imaginary Boys (1979)
Par RICHARD le 13 Juillet 2019          Consultée 5666 fois

Une lampe, un réfrigérateur, un aspirateur. Une pochette laide et énigmatique. Voici comment un contrat de confiance d’électroménager dure depuis plus de 40 ans entre un groupe qui fait indéniablement partie du patrimoine musical et ses fans. Un leader emblématique, des chansons intemporelles, le temps a raisonnablement fait son œuvre. En 1979, trois amis de Crawley, une triste banlieue londonienne comme tant d'autres, aspirés par la déferlante punk finissante, vont poser avec ce premier album les bases fragiles d'un monde en équilibre, entre justement relents punks agonisants et pop voilée. Le trio était apparu fin 1978 avec leur tout premier 45-Tours, « Killing An Arab », qui n'est aucunement un brûlot raciste mais simplement le ressenti de l'assassin MEURSAULT, le narrateur de L'Etranger de CAMUS. Il est naturellement aisé en 2019 de parler de Three Imaginary Boys en ayant en tête la carrière future des Anglais. Cependant, en cette fin de décennie, peu de monde aurait misé quelques livres sterling sur ce remède à la morosité ambiante, même si pour certains critiques perspicaces, « les années 80 débutent ici » avec cet album.

Ce groupe, c'est d'abord et surtout une histoire d'amitié très forte entre Robert Smith, le guitariste compositeur et Laurence Tolhurst le batteur. Ce fait est loin d'être anecdotique car un grand nombre d’événements que connaîtra le combo tourneront autour de cette relation chaotique. A ce titre, lire les souvenirs émouvants de Tolhurst, Cured, est instructif à plus d'un titre car ils décrivent le fait par exemple que comme pour 99% des créations de groupes, l'ennui et l'envie de faire table rase du passé musical en sont les causes. Les deux compères ont en horreur QUEEN, GENESIS (peut-on vraiment leur en vouloir ?) et préfèrent BOWIE, T REX et toutes les étoiles déjà filantes du punk si vieux. C'est bien l'un des paradoxes de ce mouvement. Si court dans le temps et si fondamental par son impact. Les CURE n'auront pas de crête sur la tête. Converses pourries, pantalon monté jusqu'à la poitrine façon BUKOWSKI – CHIRAC, Smith du punk retiendra l'urgence, son refus de toute concession et sa simplicité apparente.

Simples et dépouillés, mais pas simplistes, les treize titres de cette première galette ne se distinguent néanmoins pas fondamentalement de toutes les autres sorties de l'époque, même si cette injection de pop hésitante apporte indéniablement un petit plus. Une influence évidente ? Les BUZZCOCKS assurément, et pour le reste l'ébauche encore balbutiante et maladroite d'une touche personnelle. Three Imaginary Boys est l'album de l'économie. Celle de moyens d'enregistrement (encore que) et celle qui consiste à atteindre directement l'impact émotionnel chez son auditeur, sans détour ni fioriture. Ce n'est pas encore le temps de tisser de longues plages musicales mélancoliques. Grand fan de HENDRIX, le trio paye sa dette en reprenant « Foxy Lady ». C'est le talentueux bassiste DEMPSEY, vague cousin anglais de Gérard LANVIN pour son physique, qui s'y colle. Pour anecdotique qu'elle soit, cette reprise sans intérêt sera le seul titre non chanté par Smith dans la longue carrière des CURE. Le spleen cotonneux, la violence brûlante ou les effluves psychédéliques ne sont pas encore partie intégrante du bréviaire curiste. Si amour il y a, ce sera un amour naïf, direct. Les tourments intérieurs qui agiteront plus intensément le charismatique leader ne sont pas là non plus encore à l'ordre du jour.

Cendres presque froides du post-punk obligent, il n'y aura pas de clavier sur ce premier effort. Son temps pour lui non plus n'est pas encore le bienvenu. Une batterie métronomique, un bassiste au jeu varié (les bootlegs de l'époque retranscrivent à merveille l'importance de DEMPSEY) et un chanteur au timbre de voix à peine sorti de l'adolescence, qui avec toute la morgue liée à son âge vous crache au visage ses petites vérités, voici les CURE. Three Imaginary Boys se cherche, les Anglais sont jeunes et comme pour tout premier album, les imperfections ne sont pas rares. Courts, les titres vont à l'essentiel. Parfois ça passe, à l'image du parfait et sautillant « Grinding Halt » ou de l'anxiogène et cinématographique « Subway Song » (ne surtout pas se retourner). Il en va de même avec le classique « 10:15 Saturday Night » et son supplice de la petite goutte d'eau qui tombe dans l'évier. Concis et d'une touchante simplicité, ces titres directs laissent s'exprimer à merveille les trois musiciens. Et parfois, l'auditeur reste aussi sur sa faim, même si on sent bien tout le potentiel du trio, appliqué et déjà désireux d'essayer de montrer un visage un peu moins abrasif et rêche que les compères de l'époque. Les bonnes intentions ne font pas toujours de bons morceaux. Que penser objectivement du paradoxalement mou du genou « It's Not You » ou du crispant « So What » où Smith, avec une voix de castra sous acide, lit la recette d'un paquet de gâteaux. L'approche est peut-être punk, mais c'est plutôt vide au final malgré cette évidente volonté de se démarquer. Vide comme l'est aussi l'anecdotique « Meat Hook » qui révèle bien les évidents errements de jeunesse.

Non, ce qui retient vraiment l'attention, ce sont deux-trois titres qui prouvent justement que les CURE ont compris que musicalement le punk n'est plus de ce monde. La mélodie et la mélancolie naissantes remplaceront la contestation et l'absence de perspective. C'est ici que le jeu de guitare de Smith prend toute son importance. Econome, il n'en oublie pas pour autant les émotions. « Another Day », ou le superbe titre pop « Fire In Cairo », en quelques minutes démontrent que les CURE savent trousser de sacrés morceaux. Smith n'a peur de rien. Pas besoin d'épingles à nourrice dans les oreilles et de pantalon écossais pour aller à contre courant. Le post-punk pourra s'allier insolemment à la pop. « Three Imaginary Boys » par son rythme lancinant annonce l'autarcie et le repli protecteur à venir. Lorsque Smith plaintif demande comme désespéré « Can You Help Me ? », il est déjà trop tard. L'amour a disparu, les déchirures s'annoncent.

Three Imaginary Boys est à l'image de ses instigateurs. Juvénile, maladroit parfois, mais déjà empli d'un désir partiel de proposer quelque chose de diffèrent. Les CURE débarquent en 1979 de leur commune banlieue. Ils amènent déjà avec eux leur propre imaginaire. C'est la première pierre précieuse d'un édifice en devenir.

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   (4 chroniques)



- Robert Smith (chant, guitare)
- Michael Dempsey (basse, chant)
- Laurence Tolhurst (batterie)


1. 10:15 Saturday Night
2. Accuracy
3. Grinding Halt
4. Another Day
5. Object
6. Subway Song
7. Foxy Lady
8. Meathook
9. So What
10. Fire In Cairo
11. It's Not You
12. Three Imaginary Boys
13. The Weedy Burton



             



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