DEPECHE MODE est plus qu’un simple groupe, c’est une institution et ce depuis Violator. Une armada de tubes, une série de disques extraordinaires qu’il est devenu inutile de présenter et des déboires extra-musicaux qui ont eu un rôle non négligeable sur leur musique (Songs Of Faith And Devotion et Ultra ne serait pas ce qu’ils sont sans les dérives dans la poudre de Dave Gahan).

Mais passé cet instant nostalgique, il faut avouer que les Anglais stagnent depuis plus de 10 ans. Sur les 3 derniers albums, seul un (Playing the Angel) vaut vraiment la peine de s’y intéresser. Delta Machine peut-il rééquilibrer la balance ? Hélas non.

Si je revois mon jugement légèrement à la hausse pour Sounds of the Universe, je reste sur mon avis sur les raisons de l’échec qu’il représente : ce groupe a perdu la foi. Si Delta Machine corrige l’un de ses défauts (la production dévitalisée), il souffre globalement des mêmes travers que ce dernier.
DEPECHE MODE a beau faire encore des efforts d’écriture (« Angel » très réussi dans sa tension), il n’est plus capable d’aligner les réussites les unes à la suite.

Sinon les sonorités du disque très cyberpunk plairont et certaines chansons sont très bonnes. « Heaven » est un drôle de choix en tant que single (beaucoup moins immédiate que « Soothe My Soul »), mais elle se révèle touchante avec sa mélancolie sincère. « Slow » exploite à merveille la touche bluesy de la guitare de Gore et « Broken » mérite le coup d’oreille.

Le reste se partage entre ratage ( l’excellente « Secret To The End » gâché par son refrain ridicule) et chansons sans éclats (toute la seconde moitié de l’album à l’exception de « Soothe My Soul »).

Ce n’est pas avec Delta Machine que la bande à Martin Gore sortira de la pré-retraite.