Après trois albums que je qualifierais de « formateurs », TRI YANN frappe un grand coup sur son quatrième essai. Tradition, Rock, efficacité, mélancolie, danse : on mélange les ingrédients, on laisse reposer le soufflé, et on obtient La Découverte Ou l’Ignorance, premier album majeur de groupe.

« Princes qu’en Mains Tenez », « La Jument de Michao », « La Dérobée de Guingamp » et « Galvadeg En Tri Kant Mil Soudard » sont autant de classiques du groupe, régulièrement repris pour les best-of et les concerts.
« La Dérobée de Guingamp » partage avec « La Botte d’Asperges » et « Mrs. McDermott » le statut d’instrumental dansant, à l’image de ceux que proposait le groupe sur les trois albums précédents. « La Jument de Michao » et « Le Grand Valet » officient dans le même genre, le chant traditionnel en plus. A noter que La Découverte Ou l’Ignorance introduit une évolution majeure dans le style du groupe : les instruments modernes (guitare électrique, basse électrique), en témoigne l’introduction de « La Dérobée de Guingamp ».
Le reste de l’album se partage entre ballades moins inspirées et morceaux plus politisés. « Princes qu’en Mains Tenez » tout d’abord, mais aussi (et surtout) « La Découverte ou l’Ignorance », manifeste d’une identité bretonne débarrassée du nationalisme et du rejet de la France. « Galvadeg En Tri Kant Mil Soudard », bien qu’instrumental, évoque gravement la période Révolutionnaire dans le Grand Ouest, trop souvent simplifiée et détournée par quelques pseudo-historiens nationalistes.

Au final, La Découverte ou l’Ignorance revêt, dans la musique celtique moderne, une importance toute particulière. A la fois régional et universel, ce quatrième album des Trois Jeans de Nantes reste un classique indémodable, un peu plombé, il est vrai, par quelques titres moins marquants (« Complainte Gallaise » par exemple).