Ca y est, le line-up historique de DEPECHE MODE est formé, et s'apprête à enchainer les grands albums un par un. Construction Time Again est la première pierre de l'édifice, qui verra arriver des albums cultes par la suite. Ce qui rend DEPECHE MODE irrésistible, c'est également sa capacité à absorber les influences d'autres groupes pour fonder son son sans accusation de plagiat. D'ailleurs, l'album a été enregistré dans le studio de John Foxx (ex-Ultravox, tiens tiens...) et Gore rend la musique plus métallique après un concert de Einstürzende Neubauten.

Construction Time Again, c'est avant tout le premier grand tube de DEPECHE MODE, à savoir 'Everything Counts'. DM y manipule l'art du refrain avec un inestimable talent, c'est indéniable. L'instrumentation est également terrible, mais c'est surtout la voix de Dave Gahan qui tue tout. Fini le minet (qui a dit « puceau » ?) à la voix gentille, c'est un homme à la voix d'or qui siège désormais.
Construction Time Again ne se résume pas à cette chanson, ceci dit. Le meilleur est ailleurs, c'est un fait. C'est curieux à dire, mais alors que la barre est déjà bien haute, il s'agit de l'une des chansons les plus faibles de l'album. Il n'y a pour ainsi dire aucun défaut ni temps mort sur Construction Time Again. Bon, à la rigueur, "Told You So" n'est peut-être pas génialissime, la faute à un riff de synthé un peu cheap, mais impossible de ne pas prendre son pied dessus, à moins de détester les années 80. Même l'expérimental "Pipeline" est sublime, rien à dire dessus.
Vous l'aurez compris, je ne vais pas passer la KE à dire que tel ou tel titre est génial. Deux chansons méritent cependant qu'on en parle encore. Il s'agit des deux écrites par Alan Wilder, et qui figurent également en sommets de l'album, rien que ça. "Two Minute Warning" montre une new-wave des plus réussis, alliant originalité concrète et simplicité pop. Dans la même veine, "The Landscape is Changing" possède un arrière-goût de musique éthérée des plus appréciables.

Pour son troisième album, DEPECHE MODE frappe fort, très fort. Avec cet album, le groupe s'installe confortablement dans les hautes sphères de la musique, pour ne plus en redescendre avant un bon moment. Et certainement pas en 1984 avec le spectaculaire Some Great Reward.