POPOL VUH, l'un des groupes les plus mystiques de sa génération ? Lorsqu'on connait bien l'oeuvre de Florian Fricke, c'est ce qu'on a bien envie de dire, tant elle paraît irréelle et évanescente. Même si les albums du groupe ne font pas l'unanimité, on ne peut nier certaines caractéristiques comme une recherche de la beauté idéale ou un sens de la composition fort honorable.

Cette volonté commence par ailleurs avec Affenstunde, premier opus de POPOL VUH. Rien que sur les plans musicologique et historique, Affenstunde se doit d'être connu, ne serait-ce que pour son usage redoutable du clavier Moog. Si Fricke ne joue pas aux grands techniciens, comme l'a pu faire Wendy Carlos à la même époque, il trouve quelque chose de plus grand, de plus réussi, en allant voir du côté des ambiances, en cherchant quelque chose de certes moins direct, mais plus profond.

Force est de constater que Fricke, aidé par Holger Trülzsch et Frank Fieder, a réussi à extraire une idée du Beau musical. À moins de faire une intolérance aux morceaux longs, il paraît bien difficile de ne pas se laisser convaincre par les deux pavés que sont "Ich Mache Einen Spiegel" et "Affenstunde". Il faut néanmoins avouer que de par les sonorités parfois dures et une production éminemment rudimentaire, Affenstunde ne peut pas obtenir tous les suffrages. Mais si l'on arrive à passer outre ces barrières, c'est un monde nouveau, mystérieux, étouffé, sombre, qui s'offre à nos oreilles.

Le meilleur dans tout ça, c'est qu'en plus d'être un premier album réussi, Affenstunde n'est en fin de compte qu'un prélude. Le prélude d'une oeuvre qui n'a pas fini de dévoiler des musiques toutes plus belles et mystiques les unes que les autres.