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POPOL VUH - Sei Still, Wisse Ich Bin (1981)
Par AIGLE BLANC le 9 Juin 2016          Consultée 2707 fois

12ème album de POPOL VUH, Sei Still, Wisse Ich Bin est le premier à entamer la nouvelle décennie des années 80. Le passage d'une décennie à une autre est souvent une étape délicate dans l'histoire d'un groupe né au début de la décennie précédente. Cela s'avère d'autant plus vrai lorsqu'on s'intéresse aux groupes de Krautrock. Que l'on pense aux albums controversés de Klaus SCHULZE : Dig It (1980) et de TANGERINE DREAM : Exit (1981).

S'il veut évoluer avec son temps, un groupe se doit de faire pour ainsi dire peau neuve. Est-ce le cas du groupe de Florian Fricke ? On ne peut pas dire que ce nouvel opus change fondamentalement la donne stylistiquement parlant. POPOL VUH continue d'explorer une veine mystique en totale adéquation avec les recherches spirituelles de son leader. S'il y a changement, c'est bien du côté de ses membres qu'il faut aller le dénicher. Disparus la soprano Djon Yung à la voix diaphane, envolé le hautboïste Robert Eliscu, absent le sitariste Alois Gromer. L'équipe s'est resserrée autour de son pianiste, Florian Fricke en personne, de son guitariste-batteur-percussionniste attitré, Daniel Fichelscher, et de sa nouvelle chanteuse Renate Knaup (en congé de son groupe AMON DÜÜL II). L'assise rythmique et le son de POPOL VUH sont donc bien préservés.

En revanche, l'apport le plus important provient de l'Ensemble de l'Etat Bavarois qui n'est autre que le chœur de l'Opéra de Munich. N'allez pas croire pour autant que le groupe ait succombé à l'attrait symphonique, piège dans lequel tant de formations rock anglaises comme américaines sont tombées. Non, le chœur ici ne dégage aucun charme opératique. Le caractère mystique de POPOL VUH ne pousse pas non plus le chœur du côté des œuvres sacrées du répertoire classique. Amoureux de BEETHOVEN, de CHERUBINI ou de MOZART, passez votre chemin. Il s'agit plutôt d'un chœur qui évoque l'Amérique latine, parfois les mantras bouddhistes, et qui renvoie à une tradition étrangère à la liturgie chrétienne.

Le problème, c'est que les compositions qui sollicitent le chœur en le plaçant au-devant de la scène sonnent terriblement mécaniques. Alors que cela devrait susciter une profonde méditation, élever l'âme jusqu'à la transe, la plupart du temps, l'ampleur chorale se déploie à vide comme si le chœur ne se sentait nullement concerné par ce qu'il entonne. Seuls deux titres échappent au désastre : le très lancinant "Wehe Khorazin" dont le chœur vrille l'âme comme une toupie et l'assez beau "Garten der Gemeinschaft" où la guitare de Fichelscher s'intègre judicieusement à la mélopée du chœur évoquant les grandes heures du thème d'Aguirre, à la différence que dans ce dernier le chœur était synthétique alors qu'ici il brille d'une aura bien plus organique.

L'album dure en tout et pour tout 34 minutes, courte durée ayant le mérite d'ordinaire d'assurer un niveau de qualité constant des compositions. Or, c'est là que pourtant surtout réside l'arnaque de cet opus. Florian Fricke, au lieu de faire un tri draconien de ses meilleurs titres de la session présente, se voit comme contraint, dans la seconde face du disque, d'intégrer d'anciennes compositions comme s'il ne disposait plus d'une matière suffisante pour remplir ce nouvel album. Il en va ainsi de "Lass los" qui reprend dans sa première partie "Engel der gegenwart", la magnifique ouverture de Cœur de verre ainsi que, dans sa seconde partie, un autre titre extrait de la même Bande Originale. Alors, certes, il ne les reprend pas rigoureusement à l'identique mais en propose une relecture qui intègre le chœur. Sauf que ces nouveaux arrangements n'apportent rien de plus à des compositions qui n'avaient nullement besoin d'une ligne chorale pour atteindre la transcendance. Quant au dernier titre, "Als lebten die Engel auf Erden", il sonne tellement comme une composition de la session de Cœur de verre que l'on dirait ce morceau issu d'une chute de studio. Pire, le mixage ne prenant même pas la peine d'en proposer l'intégralité, il se termine par un fondu au blanc forcené et artificiel.

L'ajout d'un vrai chœur à la musique de POPOL VUH bien qu'étant une bonne idée, voire même une évidence, aboutit contre toute attente à un ratage dans les grandes lignes. Bannissez ce disque et préférez-lui la Bande Originale de Cœur de verre. Vous y entendrez ainsi un POPOL VUH transcendant dans son rock lumineux : celui qu'il vaut mieux garder en mémoire.

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   AIGLE BLANC

 
   CORNELIUS

 
   (2 chroniques)



- Florian Fricke (piano, voix)
- Daniel Fichelscher (guitare, batterie, percussions)
- Renate Knaup (voix)
- Chris Karrer (saxophone soprano)
- Ensemble Choral De L'opéra Bavarois (chœur)


1. Wehe Khorazin
2. Und Als Er Sah Es Geht Dem Ende Zu
3. Garten Der Gemeinschaft
4. Gemeinsam Assen Sie Das Brot
5. Lass Loss
6. Gemeinsam Tranken Sie Den Wein
7. Als Lebten Die Engel Auf Erden



             



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