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POPOL VUH - Das Hohelied Salomos (1975)
Par AIGLE BLANC le 18 Février 2015          Consultée 1811 fois

Sixième album studio de POPOL VUH, Das Hohelied Salomos paraît en 1975, un an après Einsjäger & Siebenjäger. Depuis ses débuts en 1970, le groupe de Florian Fricke a vécu quelques changements de personnels dont l'arrivée de Daniel Fichelscher en remplacement du premier guitariste Connie Veit parti fonder le combo de Krautrock GILA. Mais POPOL VUH a surtout connu une métamorphose de son enrobage musical lorsqu'il a abandonné l'électronique de ses deux opus originels au profit d'un visage infiniment plus acoustique avec l'arrivée d'un hautboïste, une présence très marquée du piano classique et les vocalises d'une soprano coréenne. Malgré de tels remous, le rythme de production est resté stable et l'esprit si particulier de cette musique secrète, fortement teintée de mysticisme, n'a rien perdu de sa singulière identité.

C'est ainsi que Das Hohelied Salomos suit l'exacte lignée de l'opus de 1974 qui, sans trahir les climats méditatifs chers au groupe munichois, se voulait plus rythmé avec l'intervention de véritables percussions tenues par le nouveau guitariste lui-même, fait assez rare pour être de nouveau mentionné. La musique déployée ici avec une magie intacte s'enrichit cette fois du sitar de Alois Gromer et du tabla de Shana Kumar. Cette coloration hindou inédite s'harmonise parfaitement avec la section rythmique de Florian Fricke, toujours aussi fougueux au piano, et de Fichelscher au doigté guitaristique si caractéristique.
Malgré un son encore plus chaleureux, l'album qui nous intéresse ici présente l'inconvénient de ne pas apporter de nouveautés tant sur le plan de l'inspiration que de l'exécution. De plus, la face B du vinyle ne propose plus de pièce épique étirée sur une face comme celle qui donnait son titre au précédent effort studio. Le groupe a préféré resserrer ses neuf titres autour des traditionnelles 3 et 5 minutes. La concision n'est en rien un défaut quand la composition solidement charpentée trouve dans sa respiration une cohérence interne. Or, le plus gênant depuis le quatrième album Seligpreisung, c'est la désinvolture avec laquelle POPOL VUH emballe ses créations. Le jeu habité et solide des musiciens n'est jamais défaillant, mais le mixage de chaque titre nourrit l'impression frustrante que les compositions n'ont ni début ni fin. Certaines pistes ainsi débutent brutalement sans la moindre entrée en matière et se terminent aussi violemment, autant d'aspérités aggravées par l'absence de structure Couplet/Refrain. Il s'agit peut-être d'un parti-pris de Florian Fricke qui concevait sa musique comme un art brut, ce qui n'excluait pas le raffinement mélodique ni harmonique. Mais les arêtes tranchantes de ses compositions mal dégrossies sont rendues encore plus désinvoltes par la disparition d'un élément de sa musique qui faisait pourtant le prix du chef-d'œuvre Hosiana Mantra : le silence. Tout se passe depuis deux ans comme si la volonté d'appuyer le rythme, dans un style pop-rock, n'autorisait plus de reprendre son souffle. Das Hohelied Salomos file avec une dextérité et une vélocité fort appréciables que le resserrage du timing empêche de respirer.
Heureusement, ce défaut n'a aucune prise sur la magie d'une musique extatique toujours aussi belle et sur laquelle les envolées de la guitare électrique font souffler une couleur champêtre.

L'album ne souffre donc ni d'une baisse de régime ni d'une inspiration inégale. Son homogénéité en fait un disque solide. Cependant, les compositions qui pâtissent d'une telle linéarité privent l'auditeur de son sport favori : extraire les deux ou trois pépites qui valent à l'opus le plaisir sans-cesse renouvelé des écoutes successives.

Le disque débute très fort avec "Steh Auf, Zieh Mich Dir Nach". Toute la panoplie des percussions ouvre le bal de façon impressionnante suivie de près par les saillies vocales de Djong Yun et la guitare électrique en picking de Fichelscher. Puis, le morceau prend son rythme de croisière en conservant une certaine puissance rock.
Le titre suivant "Du Schönste Der Weiber" calme un peu le jeu en adoptant un style plus planant dans lequel le guitariste excelle tandis que la soprano poursuit ses envolées vocales subtilement distillées. L'atmosphère devient sombre et mystérieuse avec "In Den Nächten Auf Den Gassen I" où le piano se fait plus menaçant en instaurant une suspension du temps qui rappelle certains moments magiques de la face B d'Hosiana Mantra. Dans "Du Sohn Davids I", Djong Yun reprend la ligne vocale de la chanson "Hosiana Mantra". Pourquoi ce rappel ? Est-ce un manque d'inspiration ? "In Den Nächten Auf Den Gassen II" est, comme son titre l'indique, la seconde partie de la troisième piste. Pourquoi ne pas l'avoir placée juste après la première qui aurait pu lui servir d'introduction ? Les deux dernières plages de la face A marquent ainsi l'arrivée du doute concernant la cohérence de l'album. Les choix opérés lors de sa conception et du mixage ne semblent pas des plus heureux.

La face B confirme cette impression malgré l'apparition bienvenue du sitar qui s'intègre sans difficulté à la musique de POPOL VUH. "Der Winter Ist Vorbei" reste un beau moment mystique grâce justement aux accents du sitar et surtout au rythme indien du tabla. Malheureusement, il n'épouse aucune ligne directrice claire et se clôt prématurément sans réelle nécessité. "Ja, Deine Liebe Ist Süsser Als Wein" synthétise enfin la quintessence de POPOL VUH. Beauté de la guitare électrique magnifiée par les arpèges d'une guitare acoustique, envoûtante litanie des percussions cuivrées et gamme vocale délicate de la soprano. Tout est réuni pour un moment de rêverie planant. "Du Sohn Davids II" est le seul titre à bénéficier d'une longue introduction suspensive. Mais après une première minute prometteuse, la suite se contente de reprendre une énième fois la ligne vocale d'"Hosiana Mantra" tandis que les autres instruments se lancent dans une improvisation des plus confuses, pas désagréable en soi, mais interrompue à la fin par un 'fade to black' aussi grossier que malvenu. La dernière plage "Du Tränke Mich Mit Deinen Küssen" propose une composition enlevée où brille encore la guitare électrique qui, décidément, demeure le pivot de cette musique inclassable.

Il est deux façons d'écouter Das Hohelied Salomos. Si vous débutez votre voyage par cet opus de POPOL VUH, vous serez certainement charmé voire ébloui par les climats délicats déployés ici quoique non dépourvus d'une énergie rock convaincante. Mais si vous connaissez déjà les albums antérieurs, vous risquez d'être déçu par le manque d'évolution musicale ainsi que par une impression de travail inabouti sur le plan des compositions qui ne se suffisent pas souvent à elles-mêmes.

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   AIGLE BLANC

 
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- Florian Fricke (piano)
- Daniel Fichelscher (guitares acoustique et électrique)
- Djong Yun (chant)
- Alois Gromer (sitar)
- Shana Kumar (tabla)
- Le Roi Salomon (paroles)


1. Steh Auf, Zieh Mich Dir Nach
2. Du Schönste Der Weiber
3. In Den Nächten Auf Den Gassen I
4. Du Sohn Davids I
5. In Den Nächten Auf Den Gassen Ii
6. Der Winter Ist Vorbei
7. Ja, Deine Liebe Ist Süsser Als Wein
8. Du Sohn Davids Ii
9. Du Tränke Mich Mit Deinen Küssen



             



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