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POPOL VUH - Kailash (2015)
Par AIGLE BLANC le 24 Juin 2015          Consultée 2232 fois

Florian Fricke nous a quittés en 2001, discrètement, sans faire de vague. Pourtant, cet artiste munichois était devenu, en l'espace de 30 ans, une légende au sein du Krautrock. Si ce sobriquet communément adoubé par la presse musicale sert à désigner de manière poussive le rock allemand expérimental des années 70, force est de constater qu'il paraît encore plus déplacé appliqué au groupe de Florian Fricke dont la musique s'éloignait tellement du rock proprement nommé.

POPOL VUH a laissé une trace indélébile dans la mémoire collective des élus ayant eu la chance de rencontrer sa musique. Il a marqué les esprits avec son mysticisme étranger à toutes posture et ambition commerciale. Florian FRICKE avait créé son groupe comme une entité indivisible de son être l'ouvrant aux états de transcendance auxquels il aspirait au plus profond de lui-même, habité qu'il fut sa vie durant par un idéal spirituel. Si sa musique a pu se fourvoyer au cours des années 80 dans certaines philosophies plus ou moins new-age, au moins n'a-t-elle jamais dévié de sa vérité, conservant une indéniable authenticité dont peu d'artistes peuvent s'enorgueillir.

Kailash qui paraît en cette année 2015 se présente donc comme une œuvre posthume. Les proches de Florian Fricke, et en particulier sa femme Bettina, ont supervisé cette édition de luxe, hommage sincère à POPOL VUH. Une telle offrande ne se reproduira pas, tant il est peu probable que les ayants droits de l'artiste ne passent jamais leur temps à rogner ses fonds de tiroirs pour s'engraisser sur le dos des mélomanes.

De longues années ont été nécessaires pour extraire de ses archives personnelles ce qui était digne d'être publié après sa mort. Même si la musique ainsi exhumée est loin de révolutionner sa discographie, le coffret est conçu avec suffisamment de tact et de respect pour constituer une fort émouvante surprise. Le CD 1 réunit huit compositions interprétées au piano solo par Florian en personne. Le CD 2 nous invite à découvrir la B.O inédite d'un documentaire que réalisa le père de POPOL VUH à l'occasion d'un voyage en Inde. Le CD 3 exhume quant à lui ledit documentaire que j'ai pris l'initiative de ne point aborder dans cette chronique exclusivement consacrée à la musique.

Pour évaluer le coffret, il ne faut jamais perdre de vue que ces pièces musicales n'ont pas bénéficié du soin que leur aurait apporté une publication officielle initiée par leur compositeur. En effet, le CD 1 n'offre pas toujours une qualité de son optimale. La plage 4, intitulée "Mahayana", souffre même d'une saturation désagréable des touches aigües du piano. La B.O du documentaire Kailash (CD 2) se limite à des arrangements minimalistes trahissant ses sources : il s'agit certainement d'une version démo. Pour autant, ces ébauches ne parviennent pas à étouffer la ferveur unique que dégageait l'œuvre de Florian Fricke. Cette compilation d'inédits pourrait même constituer une jolie entrée en matière pour le néophyte souhaitant découvrir l'âme de POPOL VUH.

Les enregistrements au piano solo rassemblés dans la première galette procurent une très forte émotion du fait d'abord que la mort de Florian Fricke ne lui a pas laissé le temps de concrétiser son rêve le plus cher : publier un disque exclusivement dédié au piano, ensuite parce que s'y expriment peut-être l'essence de sa musique dont la spiritualité ici transpire par tous les pores des touches de l'instrument à cordes.

Spirit Of Peace est la seule pièce qui ne soit pas un inédit. Ses trois mouvements composés en 1982 avaient été dévoilés l'année suivante par une excellente compilation qui reprenait entre autres l'album In Den Gärten Pharaos (1971). Cette suite pianistique traduit parfaitement le programme initié par son titre. Jamais l'œuvre de Florian Fricke n'avait été si proche de l'école minimaliste chère à Steve REICH ou Philip GLASS, mais sans le caractère intellectualisé de ces derniers. Malgré une palette limitée de notes, le pianiste accède à un état de transcendance prégnant. L'impression de recueillement qui se dégage de sa musique offre un moment d'une pureté bouleversante, non sans évoquer l'influence évidente du compositeur français Eric SATIE.

Les cinq autres pistes donnent à entendre des études ou des improvisations au piano dont certains plans ont nourri bien des albums. C'est ainsi que "Mahayana" a servi de base à Hosiana Mantra, certains plans de "The Heart" au magnifique Tantric Songs tandis que "Earth View" revient à la source de la B.O du Nosferatu de 1978. Certes, cela ne fait pas regretter les arrangements de ces pièces telles que figurant dans les opus précités, mais ainsi exposées à nu, sans l'apport de la guitare de Daniel Fichelscher, sans le hautbois de Robert Eliscu et sans le sitar d'Aloïs Gromer, c'est à une émotion renouvelée qu'elles nous invitent.

La B.O de Kailash est présentée dans sa version synthétique, ce qui, compte tenu du fait que POPOL VUH a abandonné l'électronique après 1973 pour ne se consacrer qu'à l'acoustique, situe cette création dans la première moitié des années 70. L'hypothèse serait confirmée par plusieurs passages qui trouvent leur source dans la B.O d'Aguirre, même si habillés ici dans des arrangements différents.

C'est ainsi que les fameux chœurs d'Aguirre au Moog sont repris aux claviers à la note près. La texture des instruments a changé, l'empreinte divine du thème initial est atténuée au profit d'une atmosphère encore plus recueillie, beaucoup moins menaçante. Au-delà des deux titres qui reprennent les deux parties du thème d'Aguirre ("Last Village" et "Valley of Gods"), il y a aussi beaucoup de moments inédits dans Kailash parmi lesquels brille une flûte particulièrement mystique ("West Tibet-Land of The Nomads", "Manasarowar-The Turquoise Lake"). En revanche, les chants cérémoniaux des lamas tibétains ("Nomads Move"), débarrassés du remixage Dance qu'ils avaient subi à l'occasion de la sortie de la Shepherd's Symphony de 1997, retrouvent enfin toute leurs profondeur émotionnelle et beauté virginale.

Si tout n'est pas extraordinaire dans Kailash, (quelques facilités sont à déplorer avec le fade "West Face -Place Of Death" et l'anodin "The Kora -Ritual Circuit Of The Sacred Mountain") du moins l'ensemble présente une indéniable cohérence qui situe la B.O parmi les meilleures de son auteur.

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   (2 chroniques)



- Florian Fricke (piano, claviers électroniques, percussions)


- cd1: Piano Recordings
1. Spirit Of Peace 1
2. Spirit Of Peace 2
3. Spirit Of Peace 3
4. Mahayana (karuna)
5. The Heart
6. Earth View
7. Moses
8. Garden Of Pythagora

- cd2: Kailash: Pilgrimage To The Throne Of Gods
1. West Tibet -land Of The Nomads
2. The Garden Morya
3. Manasarowar -the Turquoise Lake
4. Nomads Move
5. Last Village
6. West Face -place Of Death
7. The Kora -ritual Circuit Of The Sacred Mountain
8. Valley Of Gods
9. Buddha's Footprints
10. Transhimalaya



             



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