Misplaced Childhood apparaît souvent comme l'oeuvre la plus aboutie du groupe anglais. Si, pour ma part, je considère Clutching at Straws supérieur en qualité et émotion, il est vrai que ce troisième album du groupe anglais a tout du grand album.

Misplaced Childhood est un disque d'une beauté incomparable. Qui saura résister aux claviers de "Pseudo Silk Kimono" ou à la guitare de "Blind Curve" ? L'ambiance y est démentielle, et peut-être plus encore sur la plus sombre "Bitter Suite". A côté de ça, MARILLION réussit brillamment de rares incursions dans le pop-rock avec les fameuses "Kayleigh", "Lavender" et "Heart of Lothian", grands classiques du groupe par ailleurs. Les arpèges de Rothery répondent à armes égales au chant d'un Fish encore une fois magistral, et ce sur tout l'album. Aucun vilain petit canard ne vient gâcher l'oeuvre, cette dernière restant en tout point très homogène.

Ce que j'apprécie également, c'est le choix des climats effectué par les musiciens : au lieu de rester dans des compositions douces et posées, toujours sublimes bien sûr, ils se laissent aller à des morceaux plus musclés : "Waterhole (Expresso Bongo)", katchy à souhait, les excellentes "Heart of Lothian", "Lords of the Backstage" et surtout la trop peu connue "Childhoods End ?", que j'affectionne tout particulièrement. Mais pas question de retourner dans le hard/prog de Fugazi ou de Script For A Jester's Tear, MARILLION franchit un cap immense, bien que certains morceaux tels "Jigsaw" sur Fugazi nous laissait entrevoir un tel résultat.

Misplaced Childhood est à coup sûr un très grand album et, ma foi, plutôt accessible dans son intégralité, contrairement à ce que cette ignoble pochette et le titre d'album-concept sur l'enfance pouvaient nous laisser présager.
4,5/5, parce que Misplaced Childhood en live sur The Thieving Magpies (1988) est encore meilleur.