Au bord du précipice, je vais mal, je vais mal.

Les premières phrases s’avèrent éloquentes. Un secret de polichinelle toutefois, au vu du titre choisi et des couleurs primitives encerclant un LAVILLIERS au visage plutôt fermé. Le programme est clair. Après la Nuit d’Amour, place à l’État d’Urgence.

En 1983, Bernard LAVILLIERS n’était pas au mieux psychologiquement. Son histoire d’amour avec la championne du monde de body-building Lisa Lyon se terminait alors, ajoutant un élément à un état incertain qu’il explicita plus tard à Télérama : J’étais en pleine rupture. Affective et professionnelle. Avec d’autres angoisses et soucis aussi.... Un état qui le conduisit entre autres à l’écriture d’"Idées Noires", point de convergence focale de flashes supersoniques sordides qu’ils soient domestiques ou purement hallucinogènes.

La chanson, aux confins de la coldwave, explicite paranoïa et claustrophobie causées par des mauvaises pensées et soignées ( !) via des pills ou d’autres substances. Au départ destiné à être partagé avec Rickie LEE JONES, "Idées Noires" est finalement interprété en duo avec NICOLETTA pour le succès incontestable que l’on sait sur les ondes radiophoniques, et ce malgré son aspect anthracite.

"Le Clan Mongol" est un autre tube potentiel, plus incisif mais conservant une certaine noirceur tout comme le tango triste "Q.H.S." et son irrésistible montée. Seuls l’inévitable reggae "New York Juillet" et "À Suivre" semblent vouloir faire poindre un timide soleil à l’horizon. Le disque se termine sur le terrible "Saignée", poème caribéen pour le moins explicite offrant une parfaite réponse au "Love on the Beat" de Serge GAINSBOURG.

État d’Urgence ou le diamant noir de Bernard LAVILLIERS à l’instar de L’Imprudence pour BASHUNG ou le plus proche temporellement parlant Alambic-Sortie Sud signé THIÉFAINE.