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POP-FOLK 80\'S  |  STUDIO

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- Style : Jethro Tull, Mostly Autumn, Pentangle, Malicorne, Rosemary Standley , Blackmore's Night, The Gentle Storm
- Style + Membre : Fairport Convention, The Albion Band

STEELEYE SPAN - Back In Line (1986)
Par MARCO STIVELL le 13 Avril 2014          Consultée 1895 fois

Il est connu que, de manière rétrospective, les années 1980 ont fait beaucoup de mal à la musique folk, entre autres. Les irréductibles de la tradition souffrent le plus, les autres choisissent le compromis en adoptant les nouvelles possibilités technologiques. C'est en effet l'idée la plus confortable, celle qui permet y compris à des groupes moribonds tels que Fairport Convention ou STEELEYE SPAN de rebondir, mais pas de façon immédiate.

Le parallèle entre les deux noms mythiques qui ont été successivement les chefs de file du revival folk durant les années 60 puis 70 n'est pas incongru. Surtout en ce qui concerne cette mise en route progressive et qui s'étalera sur quelques années. Que ce soit Gladys' Leap ou le présent Back in Line, le "nouveau premier album" de chacun a ce goût d'essai, de tâtonnement, et qui révèle aussi bien des coups de maître, parfois à l'image de la gloire passée, que des besoins de remplissage. Cependant, dans un cas comme dans l'autre, STEELEYE SPAN qui a quelques avantages matériels (production mieux gérée) parvient aussi à décevoir davantage : à une ou deux exceptions près, les réussites sont moins marquantes et se dégagent difficilement des autres morceaux.

Sachant encore que deux membres seuls sur les six d'autrefois (précisément le couple Prior-Kemp) ont poursuivi conjointement une activité musicale complète et régulière. Nigel Pegrum a bien monté son home-studio, Bob Johnson en revanche a de son côté ouvert un restaurant tout en suivant des études universitaires en psychologie. Il n'est pourtant pas le membre le moins actif au moment de la reformation, qu'il s'agisse de l'interprétation ou de l'écriture/arrangement. Peter Knight est quant à lui plus effacé, et rappelons que Tim Hart a quitté l'aventure ainsi que le milieu musical au moment de l'album précédent.

Pour cette expérience de retour, le packaging d'abord - très belle pochette - puis le premier titre donnent de prime abord un fort sentiment d'enthousiasme. "Edward" comporte cette influence populaire au parfum étrange, trame sombre et criminelle retranscrite en dialogue éloquent, dont beaucoup de groupes s'inspiraient durant les années 70, y compris en France (Malicorne). La musique repose sur un ensemble de couplets chantés par Johnson entrecoupés de refrains en chœur. Elle s'étire en longueur (six minutes !), revêtue d'une ambiance froide, typiquement eighties, son de batterie adapté et vague de synthétiseur Yamaha DX-7 en fond de sonore. Le passé acoustique est en grande partie restitué par le violon qui, histoire de rassurer les habitués, garde au cours de l'album une forte prépondérance sur le synthé, ce dernier n'apparaissant que sur un couple de morceaux. Quoiqu'il en soit, "Edward" laissait augurer le meilleur grâce à cette nouvelle formule, mélange de passé et de moyens modernes : la musique folk transposée aux années 80 conserve un goût unique. La rythmique y est puissante, particulièrement la basse de Rick Kemp, claquante à souhait. La guitare Stratocaster en son "clean" vient puiser chez Dire Straits et d'autres références du moment.

Le chant de Maddy Prior ne l'est pas moins, brillant. "Isabel", autre perle de l'album onirique autant que poignante, l'effet blues épique de "Lanercost" avec ses trompettes DX-7 restent convaincants, même si la polyphonie finale prolongée sur l'équivalent du tiers du morceau procure une sensation bizarre. C'est le début du problème imposé par le tâtonnement conjoint au remplissage pour ce Back in Line, le morceau-cible idéal de ce fait étant la version live reggae-funk de "Blackleg Miner", placée en milieu d'album. Elle a par ailleurs suscité une certaine controverse à l'encontre du groupe dans la ville de Nottingham où elle fut jouée en 1986 car bien qu'ancienne, son texte taquine des mineurs refusant la grève, alors que cette même ville s'était opposée au mouvement gréviste général du Nord de l'Angleterre (qui avait réemployé ladite chanson) deux ans plus tôt ; soit une touche de dérision mal reçue dans le contexte d'une plaie encore vive.

Ailleurs, certains morceaux se veulent élaborés, étoffés mais peinent à s'ancrer, comme "Peace on the Border" et "Lady Diamond". "Scarecrow" offre un pop-rock dynamique et appréciable, mais il le serait davantage indépendamment du reste. L'empreinte Peter Knight est développée sur l'interprétation à deux violons d'un canon de Georg Philipp Telemann, sympathique et faisant ressortir des influences baroques jamais soupçonnées (ou si peu) chez le musicien anglais, mais un peu trop isolé du reste. Le violoniste est néanmoins à l'origine du morceau le plus inattendu de l'ensemble : "White Man", critique acerbe et peu subtile du colonialisme ainsi que de ses répercussions dans les pays du "tiers-monde". Mené sur un tempo en 6/8 et des couleurs exotiques, il nous transporte loin des brumes et légendes britanniques. Une petite curiosité, quoiqu'un peu téléphonée dans cette époque coincée entre le Live Aid, et le Graceland de Paul Simon.

Légèrement disparate et guère plus convaincant, Back in Line est source de déception, mais point besoin d'indulgence pour se dire que la suite permettra au groupe de retrouver sa forme, sans toutefois côtoyer les sommets de sa jeunesse. Par ailleurs, Rick Kemp, blessé à l'épaule et fragilisé par les tournées, s'échappera pour un certain temps...

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   MARCO STIVELL

 
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- Maddy Prior (chant)
- Bob Johnson (chant, guitares)
- Rick Kemp (chant, basse)
- Peter Knight (chant, violons, piano)
- Nigel Pegrum (batterie)
- + Vince Cross (synthétiseur)


1. Edward
2. Isabel
3. Lady Diamond
4. Canon By Telemann
5. Peace On The Border
6. Blackleg Miner
7. White Man
8. Lanercost
9. Scarecrow
10. Take My Heart



             



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