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STEELEYE SPAN - Tempted And Tried (1989)
Par MARCO STIVELL le 2 Septembre 2014          Consultée 1824 fois

Malgré son statut de groupe intermittent, STEELEYE SPAN tient à marquer le coup en cette fin d'années 80. Symboliquement, il s'agit de sa vingtième année d'existence, depuis les premières répétitions en 1969. Par ce choix de titre, Tempted and Tried, le groupe mentionne le rythme de son histoire désormais ralenti, avec une touche d'humour britannique évidente. D'un autre côté, le treizième album de STEELEYE SPAN n'est certainement pas un disque mineur, en particulier si l'on se retourne sur cette période creuse de quinze années, entre 1980 et 1995.

Afin de mieux souligner l'événement exceptionnel en cette année 1989, le groupe tient à se rapprocher de l'esprit de ses meilleurs albums, ceux du début des années 70. Pour autant, il ne renie pas les dernières expériences en date : il en garde le meilleur, et parvient même à innover. Le bassiste Rick Kemp, sérieusement blessé à l'épaule et arrêté pour un long moment, est remplacé par un ami du batteur Nigel Pegrum, un jeune musicien de trente ans appelé Tim Harries.

Tempted and Tried, dont l'ordre varie selon que l'on possède l'édition américaine du label Shanachie ou l'anglaise parue chez Chrysalis (celle prise en compte dans cette chronique), propose une diversité de styles conjuguée à une certaine maîtrise du propos, effet miraculeux dont la dernière marque remonte à 1977 avec l'album Storm Force Ten. Le sang neuf apporté par Tim Harries y est pour beaucoup, mais les anciens sont tout autant responsables.

Si l'envie de reprendre des airs traditionnels est une priorité, différence notable par rapport aux deux albums précédents, Peter Knight arrive à s'imposer comme compositeur, avec une certaine réussite. Il offre d'abord « The Fox », en relation étroite avec la pochette, chanson très amusante qui mentionne la fourberie d'un renard durant la chasse à courre. Musicalement, ce titre met en valeur l'éphémère rythmique Pegrum-Harries de façon idéale, dans une couleur funk plutôt vive, influence très seyante et pourtant loin d'être naturelle pour le groupe. Celui-ci brille également sur « Following Me », encore plus inhabituel car empreint de soul.

Au contraire, la jig « Seagull », dédiée au jeu du Shove ha'penny (« pousse 1/2 pence ») et toujours par Knight, reprend les tons africains du « White Man » de Back in Line, en les mariant avec bonheur à l'esprit le plus celte qui soit, le tout sur fond de synthétiseur. La black music est donc à l'honneur, un choix conforté par la présence de Tim Harries, dont le jeu est moins rock que celui de Rick Kemp, plus volontairement jazz. Egalement contrebassiste (devenu musicien de session très réputé, il accompagne aujourd'hui Katie Melua), Harries s'illustre ici au piano, grâce à un enseignement classique.

Bien que peu utilisée, cette influence permet de renforcer l'ambiance mystique de « Searching for Lambs », titre sombre propice à ravir les fans de la veille. Le piano de Harries et le violon de Knight tissent des notes virtuoses mais parfaitement dosées. Dans le même registre et d'une intensité comparable, on trouve « The Cruel Mother », histoire sanglante d'une mère criminelle et damnée par ses propres enfants. De manière plus épurée, « Betsy Bell and Mary Gray » côtoie le sacré, la voix de Maddy Prior résonnant dans une église, accompagnée par un violon contemporain, poignant...

La chanteuse peut encore à cette époque réaliser quelques prouesses, et l'on profite d'élans polyphoniques toujours classieux, comme c'est le cas sur « Padstow » (dialogue traditionnel dans une ville de Cornouailles), titre joliment contrasté. Bob Johnson, principal responsable de l'arrangement, s'impose lui aussi sur la longueur, avec quelques solos géniaux. Les reels sont prétextes à d'heureux métissages, une véritable fiesta instrumentale rehaussée par la présence des percussions de Martin Ditcham.

En bref, tous les titres sont excellents, chacun dans leur genre, et malgré cette diversité, l'ensemble se distingue par son homogénéité et le plaisir d'écoute qu'il fournit du début à la fin. STEELEYE SPAN tâtonne moins que sur Back in Line, cherche moins à plaire que sur Sails of Silver, et la musique n'en a que gagné, même si cela entraîne une nouvelle longue pause créative. Par ailleurs, Nigel Pegrum émigre en Australie pour raisons conjugales, et quitte ainsi le groupe définitivement juste après la sortie de l'album. Il sera remplacé par un autre musicien fiable : Liam Genockey.

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   MARCO STIVELL

 
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- Maddy Prior (chant)
- Bob Johnson (guitares, chant)
- Tim Harries (basse, piano, chant)
- Peter Knight (violon, mandoline, chant)
- Nigel Pegrum (batterie, percussions)
- + Martin Ditcham (percussions)


1. Padstow
2. The Fox
3. Two Butchers
4. Following Me
5. Seagull
6. The Cruel Mother
7. Jack Hall
8. Searching For Lambs
9. Shaking Of The Sheets
10. Reels: The First House In Connaught/sailor's Bonne
11. Betsy Bell And Mary Gray



             



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