Branle-bas de combat pour STEELEYE SPAN en ce début d'années 2000 ! Tout est chamboulé, ou presque. Il ne reste plus que Peter Knight pour faire le lien avec les formations précédentes, à travers une vague de départs, de retours et même de non-retours, en l'occurrence Bob Johnson, pour des raisons de santé. Il est remplacé par Ken Nicol, ancien membre de VERSAILLES et surtout de l'ALBION BAND dans les années 90. Liam Genockey reprend la batterie, et de façon beaucoup plus inattendue, Rick Kemp fait son grand retour, plus d'une décennie après !

Cependant, il y a une personne que les fans de la veille attendaient particulièrement, et avec "Van Diemen's Land", la voilà sacrément bien mise en valeur dès le départ ! Guérie, flambant neuve ou presque, Maddy Prior est bel et bien de retour ! Ce titre est un peu le "Thomas the Rhymer" du disque présent, vraiment excellent avec cet équilibre blues mordant/ballade folk-rock, le jeu fourni de Knight et Genockey, et cette fin celtique ! STEELEYE SPAN est une fois de plus digne de son nom et de ses meilleurs albums.

Le temps de l'incertitude est fini. C'est avec fierté et grâce que le groupe nous balance un "Samain" ensorceleur où l'on est heureux de retrouver la voix tranquille de Rick Kemp. Puis il nous adoucit les oreilles avec un "Heir of Linne" aérien, autre morceau de bravoure pour Prior et garni de choeurs délicieux, ainsi qu'un "Mantle of Green" qui n'est pas sans nous rappeler "Some Rival", bijou lointain.

Les nouvelles compositions, dans la première partie du moins, nous régalent de mélodies imparables et de beaux effets à travers les ambiances, le jeu des instruments ou des voix, comme le rythme en 5/4 qui rend le "Bride's Farewell" joliment boiteux. Sur ce même morceau, outre un refrain passionné marquant, il y a le clavecin (nombre de claviers limité, départ de Tim Harries oblige), la polyphonie masculine et le côté hors du temps. Sur "Samain", les choeurs fantomatiques de Maddy Prior sont très réussis.

Comme d'habitude, Peter Knight est impérial, ne serait-ce que sur "They Called Her Babylon", morceau-titre qui est un slow à la démarche pépère. Il y a une belle verve d'ensemble sur "Child Owlet", autre effort de Prior adulé de ceux qui n'attendaient qu'elle. L'ambiance poppy y est très sympathique. Toutefois, il reste le seul titre à garder facilement d'un dernier tiers bancal.

"Diversus and Lazarus" remet Kemp en avant sur une bonne base rock sudiste et des choeurs enfantins amusants là aussi. C'est bien fait, mais cela ne justifie pas la longueur. Au contraire, on ne sait pas trop ce que STEELEYE SPAN a voulu faire de "Bede's Death Song", chanson très courte avec voix solennelles, même si on peut imaginer le contexte.

Quant à l'apport de Ken Nicol, au début il séduit pas mal, on pense même dès le premier morceau qu'il va employer la guitare acoustique mieux que Bob Johnson, ou disons avec un meilleur équilibre. Au final, l'instrument ne revient pas tant que cela, et à l'électrique, d'un point de vue personnel, je préférais nettement Johnson. Le solo de "Samain", qui mise en partie sur le tapping, se laisse agréablement écouter néanmoins.

De même, cet album qui pour une bonne grosse première partie, nous laissait imaginer le meilleur. Ce n'est pas le grand retour, mais ça fait bien plaisir !