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- Style : Jethro Tull, Mostly Autumn, Pentangle, Malicorne, Rosemary Standley , Blackmore's Night, The Gentle Storm
- Style + Membre : Fairport Convention, The Albion Band

STEELEYE SPAN - Hark ! The Village Wait (1970)
Par MARCO STIVELL le 18 Juillet 2012          Consultée 4856 fois

L'histoire de STEELEYE SPAN débute lorsque le bassiste Ashley Hutchings décide de quitter l'autre grand groupe de folk-rock britannique, Fairport Convention, qu'il avait également fondé. Hutchings dit que c'est parce qu'il voulait poursuivre son défrichement du genre musical dans une veine plus "traditionnelle" que ce que son premier groupe proposait alors, mais son ancien comparse Simon Nicol assure que c'est parce qu'il était très affecté de l'accident qu'a connu Fairport Convention dans le courant de l'année 1969. Le succès de l'album Liege & Lief n'y a rien fait, Hutchings part donc, et forme un nouveau groupe avec le duo Tim Hart-Maddy Prior qui se produit sur les scènes des clubs folk de Londres, ainsi que le couple mari et femme Terry (membre fondateur des Sweeney's Men et plus tard des punk The Pogues) et Gay Woods. Les batteurs Dave Mattacks -de Fairport Convention aussi- et Gerry Conway -futur Fairport, décidément !- sont aussi présents pour ce premier album Hark ! The Village Wait, sans être comptés comme membres officiels.

A propos de leur nom, l'idée vient de Martin Carthy, le folksinger anglais, véritable auteur de l'arrangement connu de "Scarborough Fair" en 1965, et dont s'est inspiré Paul Simon l'année suivante sans le reconnaître. Il a suggéré ce nom en référence au personnage John "Steeleye" Span de la chanson traditionnelle "Horkstow Grange". Tim Hart, l'un des membres du groupe était enchanté, et lorsque toutes et tous ont dû voter entre Middlemarch Wait, Iyubidin's Wait et Steeleye Span, c'est ce dernier qui l'a emporté, bien que six bulletins pour cinq membres soient apparus au final -Hart confessera en 1978 qu'il a triché et voté deux fois-. Il était convenu que si plus d'un membre quittait le groupe, celui-ci devrait changer de nom, ce qui ne s'est pourtant pas produit lorsque le couple Woods est parti, aussitôt après ce premier album. Le "wait" choisi dans le titre et qui qualifie le groupe ne concerne pas l'attente, mais évoque les Waits, des petites formations d'instrumentistes à vent engagés de l'époque Tudor au début XIXème siècle par des villes à la charge des habitants, et non des villages, trop petits pour se le permettre. En revanche, les Christmas Waits ont eu ensuite la possibilité de l'être, et ce sont plutôt eux que le groupe mentionne.

Si le style est déjà bien affirmé sur ce premier disque, on sent que cette première mouture du groupe ne pouvait convenir à STEELEYE SPAN. Presque tous les morceaux sont des traditionnels, de ce côté-là aucun souci, de même que du côté de l'ensemble instrumental folk-rock qui assure pratiquement tout le long. Le fait est en réalité que les deux femmes, Maddy Prior et Gay Woods se partagent le chant et que l'on ne sait jamais très bien si l'on doit se reposer plus sur l'une ou sur l'autre. La voix de Maddy Prior est plus aiguë et révèle quelques intonations nasales, celle de Gay Woods reste néanmoins tout aussi belle et claire, évoquant une Sandy Denny moins "habitée". Mais cette dualité est pour beaucoup ce qui aura eu raison de la présence de Gay et de son mari Terry qui aura tenu à la soutenir. En réalité, les sessions d'enregistrements au village de Wiltshire ont été très difficiles, Tim Hart et Terry Woods étaient souvent à couteaux tirés, et le couple de mariés s'est vu remplacé par Martin Carthy, avec qui Hart était très ami. Bref, un peu singulier ce début de carrière, mais qui n'altère pas un seul instant la qualité musicale !

D'autant plus que comme dans Fairport Convention, chacun a sa place et participe au façonnement d'un son qui allait lui aussi devenir mythique. On pourrait leur reprocher de trop coller à l'esprit de l'ancien groupe d'Hutchings, notamment dans les passages plus rock. On retrouve certes cette dualité homme-femme dans les vocaux, cette rythmique forte qui met en valeur une batterie inspirée et un jeu de basse particulièrement efficace. Pourtant, STEELEYE SPAN, à ses débuts du moins diffère en cela qu'il fait moins sonner les guitares rock, avec pour le coup aucun solo, et moins de saturation, la plupart des six-cordes sonnant de manière "clean". Il n'y a pas non plus de violon pour le moment. Et en revanche, STEELEYE SPAN tient à mettre plus l'accent sur le côté traditionnel d'abord en matière de compositions (la seule originale est celle d'ouverture, "A Calling-On Song" par Hutchings) et dans le choix des polyphonies, souvent a-cappella.

On retrouve ce dernier aspect sur la première chanson, l'intro de "Blackleg Miner", "My Johnny Was a Shoemaker" où les voix féminines jouent sur les panoramiques -un coup on entend Prior à gauche, un coup à droite, même chose pour Woods- et ce sont les plus strictes. "Twa Corbies" ("the two ravens", deux corbeaux qui discutent sur ce qu'ils pourraient manger !) est plus fouillée car utilisant des ambiances tissées par les instruments de façon superbe. Parfois c'est tout le groupe -sauf Hutchings- qui met la main à la pâte, parfois on entend plus Tim Hart ressortir par exemple comme dans l'intro de "The Blackleg Miner".

Cette chanson, interprétée en dialecte de Northumberland d'où elle vient, parle de l'attitude intransigeante des grévistes envers ceux qui tentent de briser la grève (les "blacklegs", ancien mot remplacé par "scab") dans le milieu minier au XIXème siècle. Elle est aussi la première chanson interprétée par Tim Hart, avec beaucoup de banjo, un instrument là encore, marque de fabrique et que l'on retrouve sur de nombreux autres titres. Terry Woods interprète "The Hills of Greenmore", où l'on rencontre la concertina, un mini-accordéon. C'est elle qui conduit le magnifique "The Dark-Eyed Sailor" ou encore "Copshawholme Fair". Cette dernière avait déja été reprise par Prior et Hart deux ans plus tôt -elle leur rappellera toujours le bon temps où ils vivaient dans le lieu de Copshaw Holm en Ecosse-, et contient ici un décollage façon jig inédit de circonstance, mais trop court hélas. La complainte "One Night as I Lay on My Bed" termine l'album avec grande classe. On retiendra aussi de celui-ci le très beau "All Things Are Quite Silent" et ce "Lowlands of Holland" où Gay Woods laisse sa meilleure empreinte.

Globalement, ce sont des chansons où si les filles ne chantent pas en solo, elles créent des harmonies qui embellissent grandement le tout. Quant aux instruments, on sera comme chez Fairport Convention d'emblée séduit par ce mélange d'instruments rock et de banjo, de mandole/mandoline... Hark ! The Village Wait, s'il n'est peut-être pas encore d'une totale unité ou toujours bien réalisé (on note en particulier des fade-out parfois frustrants) représente un excellent départ pour ce groupe pionnier et non moins mythique que son prédécesseur.

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Maddy Prior (chant)
- Tim Hart (guitares, dulcimer électrique, fiddle, banjo, harm)
- Ashley Hutchings (basse)
- Terry Woods (guitares, concertina, mandole, banjo, mandoline, c)
- Gay Woods (chant, concertina, autoharpe, bodhran)
- + Gerry Conway (batterie)
- Dave Mattacks (batterie)


1. A Calling-on Song
2. The Blacksmith
3. Fisherman's Wife
4. The Blackleg Miner
5. The Dark-eyed Sailor
6. Copshawholme Fair
7. All Things Are Quite Silent
8. The Hills Of Greenmore
9. My Johnny Was A Shoemaker
10. Lowlands Of Holland
11. Twa Corbies
12. One Night As I Lay On My Bed



             



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