La première image de cet album est forcément sympathique. Ces deux mains qui se tiennent ainsi que le font les amoureux depuis toujours, c'est beau et vraiment efficace en matière d'introduction à une musique qu'on souhaite entendre parler aux cœurs. Une période plutôt heureuse pour John, qui vient juste de se marier avec la top model Elaine Irwin qui faisait la couverture du précédent album, il a donc lâché un peu les pinceaux ! Mais c'est aussi l'époque il s'est senti pousser des ailes de réalisateur acteur, puisque son film "Fall From Grace" est sorti en 1992, un flop autobiographique comme on en a rarement vu dans l'histoire du cinéma. Voici donc son douzième opus.

Trois singles sont extraits de cet album. Un aspect presque moderniste se dégage de "When Jesus left Birmingham", avec sa jolie video colorée. Cette rengaine très répétitive manque cependant un peu des fameuses mélodies composées par le natif de l'Indiana. Un titre plus direct qu'à l'accoutumée, qui s'insère pas mal dans son époque, puisque le grunge si grunge si frustre est alors au sommet des considérations musicales.  Puis un peu de rock qui déménage avec "What If I Came Knocking", des sonorités qui font défaut sur cet album. Le MELLENCAMP ne se laisse que peu porter par cette composition cela dit... Serait-ce l'âge ? Allons donc, ce mec ne se laissera jamais apprivoiser ! Numéro un au mainstream billboard cela dit !

Enfin, on en termine les singles avec l'éponyme "Human Wheels", qui signe une nouvelle collaboration avec le poète George Green, son ami d'enfance – on le retrouve sur ne dizaine de titres tout au long de la carrière de John.. On nage dans l'Americana si chère au pays de l'oncle Sam, c'est certes bien formaté, mais je la trouve moins brillante que ses classiques déjà connus. Elle fait pourtant une chouette carrière dans les charts, atteignant la 2eme place des mainstream et le top 50 du hot 100. On reste tout de même fort loin des précédents succès du Cougar d'alors dans les eighties !

Aux premières secondes de "Beige To beige" on sait de suite à qui on a affaire. L'ambiance générale rappelle les instants savoureux du Lonesome Jubilee et de Rain On The Scrarecrow. Les licks sont sympas mais la chanson n'atteint toutefois pas les sommets, manque de ressort sur le refrain notamment. "Junior" propose un rythme plus chaloupé, avec une jolie basse groovy de Toby Myers et un chant passe partout de John. Plus intimiste "Sweet Evening Breeze" pêche par manque d'originalité, on a connu notre John plus percutant, même sur des titres d'amour ou justes calmes. Sur le traitement assez pop "Suzanne And The Jewels" John MELLENCAMP décrit la vie d'une receleuse avec beaucoup d'entrain. Une jolie petite histoire basée sur un chouette lick d'accordéon. Rien de transcendant pour le moment.

Un peu plus pêchu, "Case 795" renoue avec une certaine agressivité. Les percussions y sont supers et le ton de John est cette fois plus bas, mais assez remarquable. Le refrain est plutôt entendu, mais se laisse guider par le riff de guitare. On croirait presque entendre le cyber boogie de ZZTOP sur "French Shoes", ah enfin un peu d'action ! La guitare bourdonne et cette fois, l'artiste semble plus concerné, et les co vocals de Lisa Germano et Pat Peterson sont fort judicieux et donnent cette touche "midwest" tellement unique dans les disques de l'artiste. "To The River" nous renvoie à ses racines celtiques, pour un résultat super cool. Sans doute le meilleur titre de cette livraison, c'est aussi en cette occasion qu'on retrouve le band derrière lui au grand complet, la batterie de Kenny Aronoff est sèche, toujours précise, irremplaçable.

On n'est pas en face du meilleur album de John MELLENCAMP, loin s'en faut ! Mis à part "To The River", je ne vois pas de raisons particulières de signaler cet album aux amateurs éclairés de musique. Les fans vont en revanche retrouver l'Indiana rural là ou ils l'avaient laissé, avec les habituelles préoccupations de l'artiste, on ne change pas une formule qui gagne ! C'est peut-être une question de goût mais je m'y retrouve moins que plusieurs années auparavant. Je reste donc sur un trois, bien léger et pas flamboyant pour deux sous, assurément moins bien que les deux précédents.