Pas facile d'accéder au statut de rock star. Surtout quand on est un bouseux natif de l'Indiana, me direz-vous. Et bien oui ! C'est certainement encore plus dur. Le vrai succès n'est pas encore là et les rapports avec la maison de disques sont bien difficiles ! Car Riva ne croit plus guère en son projet de créer un Neil DIAMOND bis et laisse quasiment tomber l'affaire. Miraculeusement, John parvient à boucler l'enregistrement de ce cinquième – en fait sixième, comme vous verrez plus tard ! - album. Le statut platine du précédent ne l'aura guère aidé finalement. Les boss philanthropes veulent du cash, du single !

Tout va donc se passer autour de l'éventuelle réussite des singles écrits par le fameux John « Cougar ». Deux sont choisis avec beaucoup de réflexion par John avec l'aval de la maison de disque. C'est rien moins qu'un quitte ou double qui se joue ici. Déboule donc en Avril 82 « Hurts so good ». Notez le sémillant look du félin sur les pochettes du 33 et du 54 tours. Au moins, le look est trouvé, c'est une certitude. Et... Miracle ! Le titre défonce tout et atteint la deuxième place du billboard ricain ! Jackpot ! « Hurts so good »... Masochiste ! Le riff très AOR laisse la place à une ambiance folky qui va devenir le trademark de MELLENCAMP, très sympa. Elle lui vaudra le grammy de la meilleure performance vocale et le billboard l'a inclus dans son top 500 à la 89ème place des meilleures chansons de tous les temps.

C'était écrit... Notre John voit quelques mois plus tard « Jack and Diane » devenir un succès mondial énorme, passant 4 semaines à la tête du billboard, ce n'est pas rien ! Arrangée par le regretté Mick Ronson, des Spiders from Mars. Après ce titre, rien ne sera plus jamais pareil. Encore un gros riff pour lancer la chanson puis une gratte folk très roots et le chant « détaché » du John, presque sur un mode flow par instant. Cette chanson restera comme sa plus connue. C'est chouette oui, mais si ces deux giga succès sont certes reconnus comme tel, pour moi nous restons assez loin des meilleures compos que le Cougar nous servira quelques années plus tard.

Mis à part les deux derniers titres, la calme « Weakest moments » puis l'éponyme et réussie «American fool » où on entend pour la première fois les instruments traditionnels qui vont commencer à enrichir sa musique, les compositions sont presque toutes bâties sur le même modèle : un riff hard, une gratte folk, et un rythme enlevé sur lequel John greffe des refrains assez catchy. On pourra se gausser du look de l'artiste sur « Hand to hold onto», tellement kitsch, sur une chanson finalement lambda. « China girl , - pas la reprise de Iggy POP - a une belle allure mainstream. Deux titres flirtent avec le Hard rock : la virevoltante « Can you take it » qui dispense quelques aspects southern rock, et la bien méchante « Thundering hearts ». On sent que l'artiste a cherché à séduire tous azimuths avec cet album.

La maison de disques est ravie de son félin du mid west et ne songe plus une minute à le virer de son catalogue ! La qualité est omniprésente d'un bout à l'autre de la livraison. Le niveau, excepté sur « American fool », n'atteint pourtant pas encore au pinacle. C'est bon mais pas de quoi crier au miracle ! Pourtant l'Amérique entière vient de se trouver un nouveau héros en la personne de notre cul terreux de l'Indiana.