Dès la pochette, on attaque les grands trademarks de la pensée made in John MELLENCAMP ! Voyez cet assemblage de photos en noir et blanc comme c'est diablement vendeur ! On sait que notre John n'en a rien à cirer, il est juste dans son art, que ça plaise ou pas n'est pas son problème ! Il sort qui plus est d'un disque de transition type "reprise" et il est temps pour lui de retrouver son public et de créer des titres qui passeront à la postérité ! L'ère n'est guère au changement dans cette Amérique post 2001 dont évidemment John ne peut se satisfaire, alors le voilà qui abandonne un peu ses pinceaux pour sa chère guitare ! L'heure sera-t-elle à la révolte ?

Un peu ! "Someday" propose une construction inhabituelle et originale dans la discographie de l'ex-félin de l'Indiana. Une vibe un peu spéciale en effet, avec des grattes presque new-wave, on se retrouve assez loin de notre Heartland rock natal, dites donc ! Mais c'est efficace, on a rapidement envie de scander le refrain avec l'artiste. Puis, à qui s'adresse ce "Pardon" ? Encore ses grattes presque alternatives sur "Forgiveness", pour un ensemble qui doit plus à MIDNIGHT OIL qu'aux cadors du rock folk, curieux ça. "Heaven Is A Lonely Place" est un mid blues plutôt cool, avec toujours des guitares alternatives. "Rural Route" est certes un brin répétitive, mais ne manque pas de piment, le ton détaché de l'artiste y est sans doute pour quelque chose !

"Ghost Towns Along The Highway" nous replonge cependant dans les méandres de l'Americana, avec ce talent si spécial pour créer des lignes mélodiques identifiables, mon titre préféré de cette livraison. "Our Country", le grand succès de cet opus, nous renvoie au grand bain classique des morceaux de MELLENCAMP qui glorifient les Etats-Unis tout en ne se départissant pas d'une dose de critique qu'il espère constructive. Certes, le titre a fait un flambard, mais il était taillé pour cela en terre de l'oncle Sam. John joue sur du velours et c'est un peu facile ! Avec "My Aeroplane", voilà du Cougar de chez MELLENCAMP ! Il n'y a que lui pour construire ses mélodies comme ça, la guitare y est fort élégante !

On retrouve l'influence de DYLAN sur "The Americans", tant dans le chant que dans les lignes rythmiques de guitare, époque Blonde On Blonde. Etonnant, hein ? On reconnaît presque l'orgue de tonton KOOPER, même s'il s'agit bien de Troye Kinnett ! L'éponyme et fruste "Freedom's Road" renvoie à nouveau à DYLAN dans la diction, mais aussi au SPRINGSTEEN de Nebraska, comme il se doit. L'hommage aux aînés continue avec le duo qui l'associe à Joan BAEZ sur "Jim Crow", et cette fois, une guitare crépusculaire qui évoque Chris ISAAK, mais il nous manque le velouté de la voix du Californien pour rendre le titre exceptionnel.

Nous sommes en 2007 et Johnny y va de son petit hommage au président George Bush, inutile de dire que le Texan s'en prend plein la tête sur "Rodeo Clown", mais le titre n'a pas grand-chose à dire, bonne idée de la mettre en ghost song ! L'album est l'un des plus vendus de l'ex Cougar, la faute à la nationale "Our Country" qui sera usée jusqu'à la corde en pub et autres annonces patriotiques. Pourtant, je ressors un peu déçu de la redécouverte de cet album, qui ne contient pas de réel titre mémorable, et pas l'ombre d'un classique ! Ce sera donc un trois pour l'équilibre global de l'oeuvre, mais sans recommandation particulière.