La situation est claire, le félin du middle west joue sa peau tacheté sur cet album. Les premier n'ayant pas fait le succès escompté au pays de l'oncle Sam, là ou sévissent les fameux billets verts, et le deuxième n'y étant même pas distribué. Mais "I need a lover" a indéniablement franchi un cap grace à son succès d'estime en terre australienne. Il faut tenter un truc, on ne sait jamais la poule aux œufs d'or pourrait bien se cacher derrière ce bouseux consanguin ! Nous voilà donc avec un troisième opus qui nous ressert le fameux "I need a lover" qui va cette fois intégrer le billboard ricain dans es 30 premières places, Mais que voilà un score honorable pour les maisons de disques. D'ailleurs Neil Giraldo adapte immédiatement le titre pour sa compagne Pat BENATAR, signe s'il en fallait de sa qualité.

Bon super, on est ravi pour le John... Mais était-ce une raison pour nous resservir "Taxi dancer" dans une version similaire ? Ok la chanson était l'une de ses plus agréables... Mais cela n'ajoute rien de neuf à la disco de l'artiste. Voyons plutôt vers ou cet opus compte nous amener... On est donc un bouseux, alors on l'assume... on chante les champs à perte de vue et les espaces verts de nos états de la corn belt avec une sérieuse passion. Ca donne "The great midwest"... Comment vous dire ? On ne révolutionne pas la musique ? Non ! La chanson est banale ? Oui !

En fait, comme pour le précédent album, John se contente de reproduire un schéma AOR assez peu original. "Welcome to chinatown" nage toujours plus dans cette sauce avec des grattes grasses bien urbaines que sur les champs de Maïs du Missouri ou du Kansas. Ouais, on a des twins guitars, preuve que le John a biberonné au son de WISHBONE ASH et de THIN LIZZY... C'est bien oui, mais ce n'est pas son pré carré, même s'il sait faire monter la pression dès que les grattes deviennent agressives." Pray for me", on œuvre toujours dans une AOR assez faiblarde, comme c'est souvent le cas avec ce genre de musique, pour percer il faut vraiment s'appeler SURVIVOR et nous pondre « Eye of the tiger »... Du coup, c'est sympa comme chou, ça se laisse bien écouter et pour un peu, on chanterait les couplets avec John, mais en fait, cela ne provoque guère d'erection matinale....

Et tout de même un peu de son folk pas encore bien rural... "Do you think that's fair" avec sa guitare cowboy annonce un peu plus clairement son futur terrain de jeux. C'est mignonnet mais nous sommes encore loin des futurs classiques du compositeur même si le petit lick de guitare qui sous-tend le morceau est très agréable. "A little night dancin" débute d'ailleurs le skeud avec une réelle volonté de proposer quelque chose de différent, mais la formule n'est pas encore trouvée. Ce n'est pas encore raw ou smooth comme saura l'être Mr MELLENCAMP, dont on ne connait pas encore le vrai nom et qu'on se complaît à appeler Johnny COUGAR... Le gars déteste ça car il adore assumer son statut de bouseux. Enfin, les accents résolument folky de "Sugar Marie" sont une autre tentative de coller à ses origines. Son chant est encore un peu trop forcé pour vraiment plaire, mais sa voix va incontestablement prendre en qualité dans les années suivantes, la faute à beaucoup de travail et de persévérance.

Déjà le troisième album et enfin un peu de reconnaissance aux USA avec "I need a lover" qui reste malgré tout un titre passé de l'artiste. Ce succès d'estime va toutefois lui permettre de poursuivre son rêve de vivre dignement de sa musique. Ce qui est un but honorable à défaut d'autre chose... MELLENCAMP sera toujours un homme terre à terre plus préoccupé par le sort des pauvres de son midwest que par les sunlights d'Hollywood. Il faut donc y croire, et rester pur et dur !