1987, l'année de tous les changements pour DOROTHÉE. Près de dix années passées sur Antenne 2 conduisent à une infidélité envers sa deuxième maman, Jacqueline Joubert, directrice de Récré A2 et des programmes jeunesse qui l'a découverte et soutenue. Au printemps, la présentatrice-chanteuse s'en va chez les concurrents de TF1 où, par ricochet, elle ne dépasse pas la barre des dix ans non plus, de 1987 à 1997. C'est l'avènement et la durée de vie du fameux Club Dorothée avec, pour marquer la génération nouvelle, encore plus de dessins animés japonais dès 1988 (Dragon Ball, Saint Seiya/Les Chevaliers du Zodiaque, City Hunter/Nicky Larson, Sailor Moon, Ranma ½, Princesse Sarah, Lucile Amour et Rock'n'Roll...), les futures sitcoms AB Productions.

Pour les génériques des dessins animés, DOROTHÉE ne réenregistre pas de disque, mais Ariane et les autres qui l'ont suivie depuis Récré A2 (tout comme Corbier & co) se chargent de les interpréter. Il y a aussi un certain Bernard MINET, batteur et chanteur qui devient vite le Phil COLLINS français en tant qu'instrumentiste (batteur de surcroît) et interprète de plusieurs tubes, à partir de ces génériques. Il fait partie intégrante du nouveau groupe les MUSCLÉS, créé spécialement pour le Club Dorothée et pour les tournées de la chanteuse, aux côtés de Rémy Sarrazin (basse), Claude Chamboissier dit Framboisier (claviers), Eric Bouad (guitares) et René Morizur (saxophone ténor, claviers), ces deux derniers s'étant connus lorsqu'ils accompagnaient Johnny HALLYDAY.

Si DOROTHÉE est sur le point de devenir encore plus énorme (certains diront omniprésente entre leurs dents serrées), la transition prend du temps et l'année 1987 est encore timide, tant pour le Club Dorothée que pour sa carrière discographique. L'album renommé Docteur a beau continuer la tradition du premier single en exergue pour titre, il ne fait pas date, c'est le moins qu'on puisse dire !

Bien sûr, "Ça donne envie de chanter" reste efficace d'autant que les suiveurs de l'émission y ont droit tous les jours pendant des années. Cependant et comme pour d'autres chansons, le son studio "bon marché" de Jean-François Porry et Gérard Salesses (toujours là pour soutenir DOROTHÉE, les deux) ne tient pas la comparaison face à de futures prestations live, et peut s'avérer fatigant à la longue, particulièrement en ces années-là. L'impression laissée par Maman (1986) se confirme, même si heureusement ici, le tout a été fixé à un nombre de chansons plus raisonnable.

Un autre rock'n'roll, "Docteur", sur la "maladie" du bonheur amoureux (comme "Allô, allô..."), le doo-wop de (cette fille n'est) "Pas pour toi" et l'éloquent "Le rock'n'roll est de retour" (apporté par Michel Jourdan), avec son petit solo de guitare claire, s'écoutent plus ou moins bien. Dans "Les filles et les garçons", sur fond de country élancée, DOROTHÉE parle de Dieu observant sa créature et donnant ses traits de caractère à chaque sexe. Morceau sympathique, mais moins que "P'tit gars" dans le même genre avec ses paroles rassurantes.

"La valise 87" garde une certaine fraîcheur 60's, par opposition aux années hip-hop ou dance à venir. "Hep monsieur" et "Le jour où la terre s'est arrêtée de tourner" (moins d'un point de vue écologique qu'amoureux) oscillent entre twist et calypso. "Monsieur le directeur" est carrément reggae, et "Le blues de toi", portant bien son nom, s'inscrit dans les tentatives blues sucrées par DOROTHÉE, avec le faux son de Rickenbaker de Salesses. Un style dans lequel la chanteuse ne brillera jamais vraiment à mon sens, en tout cas moins que dans le rock'n'roll. Sur ce disque de 1987, elle aborde tout sans presque jamais le faire aussi bien que d'habitude. Pas de "Détective privé", de "Bonjour bonjour", encore moins de "Chanson de Marie". Au moins, le ton est déjà plus ado.