À ce rythme de publication, DOROTHÉE a pu donner pendant longtemps l'impression de ne jamais s'arrêter. Que pendant dix ans, vingt ans peut-être, on aurait vu paraître un disque d'elle et que cela n'aurait fait qu'accompagner sa présence dans les médias, ses tournées comme chanteuse. Bref, tout ce qui fait que tant la détestent mais que bien plus d'autres l'adulent aussi ! Et pourtant, cela arrive en quelques mois, durant la période 1996-97. DOROTHÉE et son hégémonie vont aussi vite s'effacer que sa production discographique va s'arrêter, pour longtemps.

Le dernier album régulier, celui dont nous parlons ici, n'est ni le pire ni le meilleur d'entre tous. Il semble réunir un peu tout ce que la présentatrice-chanteuse a proposé pendant des années : du rock'n'roll, de la romance façon Russie/Europe de l'Est ("L'étranger"), de l'exotique ensoleillé ("Karimbo", un de ses meilleurs efforts du genre avec les steel-drums agréables). Il y a même du style "Les neiges de l'Himalaya" avec "Les anneaux de Saturne", énumération amoureuse enfiévrée des éléments, mais plutôt dans l'espace, avec les planètes et les étoiles. Plutôt pas mal !

La "Valise 97" est plus convaincante que celle qui l'a précédée, mais pas tant que cela, à cause de rimes médiocres et un refrain vite expédié avec des voix lyriques incongrues. En revanche, il y a de la guitare 12 cordes ! DOROTHÉE, Porry et Salesses ont beau avoir épuisé leur filon d'inspiration jusqu'à la moëlle, ils nous réservent toujours quelques surprises.

"La honte de la famille", rockabilly à claviers sucrés, propose un dialogue entre soeurs (avec la petite JENNYFER) sur la rencontre d'un garçon, et les recettes à employer pour ne pas se faire voir des parents, le tout avec une bonne chute rigolote. D'ailleurs, "C'est fini, c'est fini", formule pas si facile à accepter quand on regrette, reprend un tempo rock à la "Où est le Garçon ?" de 1991, jamais égalé. "C'est l'amour" joue la carte 60's à la "Loco-Motion" en plus fleur bleue et universel, avec les choeurs excellents de Martine et Francine, des soli de saxophone ronflant.

Plus sympathiques demeurent "Je veux chanter avec vous", soft-rock au refrain efficace, au texte convivial que DOROTHÉE adresse à son public, ainsi que "Toutes les chansons du monde", synth-rock à l'ancienne, tour du monde romantique parcouru de cordes pop à la Jean-Jacques GOLDMAN.

Outre quelques ballades habituelles, "La petite fille" et la country "Le ministre des amours malheureux", on trouve "Doucement", une véritable réussite y compris dans son arrangement de guitare. Et en matière de soft durant ces années 90, l'album se conclut sur une note fort élevée avec "Le beau voyage", aérienne, planante, totalement en accord avec le titre choisi et avec des touches marines : autre tour du monde, mais en bateau. Le souvenir de "La chanson de Marie" (1984) demeure vivace !

Dès l'année suivante, DOROTHÉE aura le temps de voyager. Elle reviendra mais de façon beaucoup plus discrète, et pour les éternels enfants dont elle a été une seconde maman, ceci n'est pas son ultime album.