On pourrait croire que DOROTHÉE a mis le paquet pour ce disque avec pas moins de dix-sept chansons (!), histoire de clôturer sa période Récré A2 et Antenne 2 en général. Dans les notes, elle remercie même ses mamans en mentionnant Jacqueline Joubert, sa directrice, aux côtés de sa mère naturelle (qui a le même prénom). Elle ne sait pas encore que la suite va être bien compliquée, si l'on s'en tient à ce seul rapport affectif !

"Maman" est le tube porteur, le seul cette fois-ci. Une fille passionnée se dévoile sur une pop à synthés comme DOROTHÉE avec ses acolytes Salesses et Porry en ont déjà tant fait jusque là. Il y a quand même de petits breaks sympas, des chœurs féériques que l'on peut apprécier. "C'est un poète", morceau efficace, emploie une grosse rythmique cyber. Autre moment girly, "Faire marcher les garçons" appuie sur le caractère volage des demoiselles en reproduisant l'effet "Allô allô monsieur l'ordinateur".

Pour le coup, "Ma valise 86" (cinquième version, vous suivez ?) est très bonne dans son élan synth-pop, alors que "Radio Wowo" qui sent le synthétiseur Yamaha DX7 à plein-nez tombe dans les excès qui alourdissent l'album. Les "Bing bong", "Bien fait pour toi" et autres "Nananananère" sont gamins ce qu'il faut mais guère plus mémorables et ce n'est pas un hasard si dès l'année suivante, DOROTHÉE a le désir de ne plus s'adresser simplement aux tout-petits.

La chanteuse déjà se fait contestataire à l'égard de l'école sur "On travaille pour la gloire". "Daramdam", malgré sa boîte à rythmes et ses sons kitschs, offre une mélodie profonde et reste un bon morceau. J'aime bien "Expédition Terre" avec ses chœurs féminins sur une atmosphère de science-fiction et il y a de beaux arpèges coulés de guitare tendance western.

Justement, la folk-country est à l'honneur sur les morceaux restants, notamment "Dès que l'on rend quelqu'un heureux", "Où se cache l'amour ?" et son effet de synthé ressemblant à la mélodie de "Belles ! Belles ! Belles !" de Claude FRANÇOIS ("Made to Love" des EVERLY BROTHERS originellement)… Le rythme sautillant s'accorde bien avec le texte de "Trouve-moi une chanson", et sur le blues romantique "Sur mon piano", on comprend que Gérard Salesses a trouvé le son de guitare Rickenbaker au synthé, qu'il emploiera de très nombreuses fois et qui marquera l'époque des génériques de séries AB Productions.

Ce n'est pas un très bon album, loin de là, mais le succès est au rendez-vous, mieux qu'en 1984 où la création était bien meilleure. Le vent du changement arrive pour DOROTHÉE, hélas pas d'un point de vue musical !