Il manquait à DOROTHÉE son album-hommage. Et ce sont trois demoiselles révélées dans The Voice Kids saison 7, Chloé, Maya et Zoé, qui gagnent cette opportunité de mise en valeur. Cela ne veut pas dire que le résultat suit du point de vue réussite ou du succès, mais la tentative s'avère plus intéressante qu'on ne le pense.

D'abord, pour de la chanson destinée aux jeunes pousses, le ton des trois chanteuses n'est pas forcément beaucoup plus enfantin que celui de DOROTHÉE elle-même à sa grande époque. Des trois, même si la douceur prévaut et que Chloé est en bonne place, Zoé au timbre légèrement acidulé a la préférence de votre serviteur.
Ensuite, bien que la réalisation concoctée par Julien Comblat et la maison Mediawan Rights s'appuie quelquefois sur des artifices modernes parfaitement discutables, (Auto-Tune, rap-zouk aussi atroces que manifestement nécessaires à la musique moderne), cela reste mineur la plupart du temps. De plus, la mode actuelle tournant son regard vers les 80's également, le juste retour des choses veut que des éléments caractéristiques soient intégrés.
Nappes plutôt qu'électro forcée, boîte à rythmes vaguement rap le temps d'un couplet sur la première chanson mais adaptée le reste du temps, tout cela n'est pas sans favoriser l'apport de guitares acoustiques et claviers appréciables (orgue, Fender Rhodes). À l'époque, Gérard Salesses, malgré son travail d'envergure indéniable pour Frédérique Hoschedé alias DOROTHÉE sur quantité de chansons, n'en faisait pas autant, ni même aussi bien en termes sonores, ne le nions pas.

Le plus surprenant, c'est que les petites chanteuses soient si peu réunies, et toujours en trio quand cela arrive, comme sur "Maman", "Allo Allo Monsieur l'Ordinateur" et "Hou ! La Menteuse". Toutes les trois officient en tant que solistes, sinon. Et il y a quelques réussites, même avec des voix bien trop proprettes, au sein d'une réalisation bon marché et sans doute vite expédiée ; pour preuve à l'écoute, une envie d'orchestrer le tout avec des surprises plus mesurée qu'elle n'aurait pu l'être.

"Qu'il Est Bête" et "Vive les Vacances" gardent bien leur caractère enjoué, mais on ne peut s'empêcher, sur la seconde, de se dire intérieurement "qu'il est loin, le temps de la nationale 7 !". En revanche, la réécoute de "2394" de nos jours et par de jeunes chanteuses a de quoi donner le cafard un tantinet : Elle n'a plus besoin d'écouter son coeur, l'ordinateur décidera de son bonheur !

Au moins, dans l'insouciance, les demoiselles peuvent défendre ces quelques titres sans trop se sentir décalées. "Il Faut Chanter" zouke comme il se doit actuellement, mais le message de fraternité par Chloé passe fort bien. "Nicolas et Marjolaine" sonne plus latino qu'Europe de l'Est et, tout comme "Ma Valise" (première version de 82, bien sûr), "Attention danger" ou "Chagrin d'Amour", se voit augmentée de cuivres mariachi.

Si "Tremblement de Terre" a perdu de son impact – le 'fait maison' de Salesses avait tout de même ses sommets -, son nouvel habit twist nous fait déplorer combien la force rock'n'roll de DOROTHÉE s'est vue mise au placard. Heureusement, et quitte à faire oublier les albums de moins bonne facture que sortait la chanteuse à l'époque charnière entre A2 et TF1, le saxophone intervient comme il se doit sur "Docteur", chantée par Zoé. Celle-ci se réserve encore un fort joli "Une Histoire d'Amour", pleine de sons acoustiques et de faux-départs électro.

La plupart des indispensables sont là, même si davantage de surprises auraient été bienvenues. Une qualité honorable au final pour un effort de ce type, agréable sans susciter l'envie de le ressortir souvent - et là encore, il n'y a pas tant de différence avec la plupart des albums de la principale intéressée.