Le millésime 85 de DOROTHÉE est marqué par la présence de tubes tels "Allô allô monsieur l'ordinateur", "Les petits Ewoks". Cette dernière, musicalement, est un copié-collé de "Rox et Rouky" au point que c'en est désarmant, sauf que DOROTHÉE ne fait alors plus la promotion de DISNEY. On repense à la série animée du milieu des années 80, dédiée aux petites créatures d'Endor présentées dans le Retour du Jedi (1983), dernier épisode de la saga de films Star Wars.

"Allô allô monsieur l'ordinateur" emprunte aux années 60 mais avec des sons robotiques. Un titre bubble-gum efficace auquel on peut préférer la ballade country "Dam dam di dou dam dam" qui affirme vraiment une certaine nostalgie de la culture dont DOROTHÉE s'est imprégnée petite, vingt années plus tôt. Il y a même quelques sonorités "mod" ! En gardant bien à l'esprit que tout est géré par Gérard Salesses et sa panoplie de claviers (plus ou moins) magiques.

"On est tous des enfants" (quel que soit l'âge) rend hommage à la pop légère de Paul McCARTNEY, preuve qu'après l'album précédent qui voulait être plus sérieux, celui-ci est différent. Le riff de "Un petit tour chez Einstein" fait penser à "Ob-La-Di, Ob-La-Da" mais aux synthés, en plus il y a la cowbell/cloche ajoutée à la batterie. Un morceau joyeux et bien tourné ("puisque tout est relatif, faut surtout pas trop se sentir fautif"). Autre tube, "Vive les vacances" décrit un certain nombre de catastrophes pouvant survenir dans ces moments-là, à la plage etc avec un ton cocasse. "Gnagnagna" est déjà moins convaincant.

DOROTHÉE remet plus de rock'n'roll avec "Détective privé" qui deviendra un morceau régulièrement présenté en live. Plus loin, "Le sorcier du quartier" s'aventure en terrain jazz mi-boogie mi-Henry MANCINI, suscitant l'intérêt. Il y a aussi, dans le rock, "Cet air-là" entêtant, où Gérard Salesses s'amuse bien au piano.

Il ajoute un solo de clavier assez farfelu sur le pont de "La mer câline", bon morceau chaloupé aux sons qui se promènent entre l'Extrême-Orient et les Antilles (plus tard, sur l'album les Neiges de l'Himalaya en 1991, il y aura un morceau similaire appelé "Les jumeaux du bout du monde"). Toujours exotique, "À l'aventure" fait partie des morceaux convaincants de ce disque dans une certaine mesure, et l'ambiance caribéenne déteint sur la quatrième version de "Ma valise", de façon plaisante. L'une des filles choristes veut sonner lyrique à la fin mais DOROTHÉE l'en empêche ; or on la retrouve très souvent dans les futurs chapitres, cette voix !

Il y a encore deux slows notables : "Chagrin d'amour", un texte de Charles AZNAVOUR pour la chanteuse sur deux enfants amoureux et séparés par la vie, mis en musique par Michel Jourdan, ainsi que "J'suis pas comme les autres", où l'on peut faire une petite analogie avec Alain SOUCHON et son "Allô Maman bobo". Globalement, c'est un disque convenable ; j'ai plus de mal avec les deux-trois suivants.