Avec un titre pareil, on pourrait penser à un album-concept, mais non ! "2394" et son caractère futuriste ne concernent qu'une seule chanson, la première, et encore ! Sur fond de technologie et d'ordinateurs, dans un monde fermé, une petite fille trouve un jour le 'livre des secrets', véritable boîte de Pandore. En le subtilisant et en l'ouvrant, tout devient, soudain, plus vivant ! DOROTHÉE introduit ce titre sur une nappe de synthé dans une tonalité nostalgique, mais c'est une guitare bien grasse et rock ensuite qui mène la danse.

Une vraie guitare, au milieu des sons factices de Gérard Salesses (qui a une préférence pour les cuivres sur cet opus), peut également se laisser remarquer en solo sur "Même", slow blues typique d'AB Productions.

Le rock 50's/60's domine également avec "Si j'ai menti" (et son orgue de poche), l'endiablé "Toute ma vie j'ai chanté du rock'n'roll" ainsi que "La planète bleue", nouvelle chanson écologiste où le clavinette tourne en boucle. Pourtant, aucun de ces titres ne marque vraiment.

La mignonne "Une chanson" favorise l'approche country, piano en avant. Un peu plus chaleureuse, "Si mon coeur avait su" propose un rhythm'n'blues tandis que DOROTHÉE chante les regrets éternels sur l'amour manqué. "Pas peur des coups", discours de fille plus forte que ce que l'on croit, se distingue par ses guitares blues-rock à la ROLLING STONES de "Jumpin' Jack Flash". N'allons pas trop vite en besogne, la boîte à rythmes persiste tout de même !

Mis à part le retour des influences d'Europe de l'Est pour Marjolaine et Nicolas qui se retrouvent après la guerre, l'album 2394 n'a pas grand-chose pour lui. "Cool cool, c'est l'amour" (what a titre!) n'est que le slow de plus ; l'ennui pointe vite sur "D'un ange", ballade doo-wop garnie de choeurs kitschounets.

À la rigueur, on peut préférer le refrain bateau de "Ho Doulou – Chanson bête" mais pas trop mal par rapport au titre zouk de l'album précédent. En revanche, et en termes antillais, l'effort raggamuffin de la nouvelle "Valise" est à oublier. Un album médiocre qui, sans qu'on le sache, sous-entend un début de changement à venir, même si - disons-le d'emblée - elle n'est pas forcément meilleure !