Après le décevant Facing the Animal, Yngwie MALMSTEEN se devait de rassurer ses fidèles. Et au même titre que Magnum Opus quatre ans plus tôt, Alchemy remplit totalement ce rôle.
Le line-up, comme d’habitude, a changé. Mats Leven (chant) a été évincé et c’est Mark Boals, ayant déjà officié sur Trilogy en 1986, qui reprend le micro. Cozy Powell a également été remplacé aux baguettes par John Macaluso. Ce dernier, après avoir officié aux côtés d’un autre fou shredeur, Alex MASI, a joué dans POWERMAD, le groupe qui apparaît dans le film de David Lynch, Sailor et Lula, puis dans ARK, groupe au sein duquel il fera la connaissance de Mats Olausson avec lequel il rejoindra le Rising Force de MALMSTEEN.
Chose peu courante pour Yngwie, tous les morceaux ont été composés pour l’occasion. Aucune idée tirée de sessions antérieures n’a été recyclée pour Alchemy. Et force est de constater que l’inspiration et la puissance sont au rendez-vous.
En effet, rarement le Suédois n’avait proposé un disque aussi heavy ni aussi brut. La touche 'classique' est en effet bien moins présente qu'à l'accoutumée et, à l'exception du magnifique "Blue", le disque ne contient pas de ballade.
La tendance est donc plutôt aux morceaux très heavy et speed ("Wield My Sword", "Daemon Dance"), très lourds ("Voodoo Nights", "Leonardo") et aux guitares véloces.
Chose inédite depuis son premier album, pas moins de cinq instrumentaux figurent au menu de ce disque. Tout d'abord, "Blitzkrieg" commence avec de belles lignes mélodiques et se termine en folle démonstration de descente de manche. Puis "Blue" une très belle ballade aux relents bluesy durant laquelle le guitariste ne peux s’empêcher d’aligner les notes à la vitesse de l’éclair. Vient enfin la trilogie "Asylum" ("Asylum", "Sky Euphoria" et "Quantum Leap") qui clôt l'album. Avec son morceau d'ouverture, nous avons ici le titre le plus proche du style néo-classique de MALMSTEEN, avec un esprit qui s'apparente un peu à celui du projet Concerto sorti l'année précédente. "Sky Euphoria" est plus axé sur la guitare acoustique, celle-ci étant accompagnée par un orchestre qui apporte de la profondeur au morceau. Enfin, le très Heavy "Quantum Leap" donne l’occasion à John Macaluso de faire une impressionnante démonstration de son talent.
La batterie est d’ailleurs très bonne sur cet album, comme en témoigne également le morceau "Stand (The)" dont le texte est inspiré du roman le Fléau de Stephen KING.
Par contre, Mark Boals semble ici moins à son avantage que sur Trilogy (1986) et Inspiration (1999), disques sur lesquels sa voix était bien plus puissante et variée. Sa tendance à abuser des montées dans les aigus est assez irritante tant cela montre qu'il n'est pas très à l'aise dans ce registre.
Il est à noter que le Producteur Chris Tsangarides (THIN LIZZY, LOUDNESS, DEPECHE MODE, JUDAS PRIEST…) n’a participé qu’à la production de la batterie. Il s’est en effet fâché avec Yngwie (surprenant, non ?) lors de l’enregistrement et a été remercié après n’avoir produit que cet instrument. Ajoutons en outre que le clavier Mats Olausson fête avec cet album sa neuvième année aux côtés du Suédois, ce qui n’est pas mince exploit. Il tiendra au final onze années dans le Rising Force, établissant ainsi un record que seul Patrick Johansson (batterie), parviendra à dépasser en accompagnant MALMSTEEN durant douze années.
Au final, malgré un aspect un peu trop compact, et un chant qui pourrait faire preuve de plus d’émotions, le Suédois volant nous pond encore un très bon album qui ravira les amateurs de guitares et de heavy. Lors de sa sortie, Alchemy était l’album le plus heavy et le plus axé 'shred guitar' de la discographie de Yngwie MALMSTEEN. Celui-ci a radicalisé son propos et totalement tourné le dos à sa période FM, voie qu’il continuera à suivre sur les albums suivants…

Nb : Le CD est proposé dans un très beau packaging qui contient entre autres un poster reproduisant la pochette de l’album. Ce n’est pas rien quand on connaît les goûts exquis d’Yngwie en la matière.