Cet album, le sixième sous son nom, était censé marquer le début d’une collaboration de six albums entre Yngwie MALMSTEEN et sa maison de disques, Elektra. Il marque en fait le début d'une grande période de trouble pour le Suédois. En effet, les sept albums qu'il sort entre 1990 et 1998 sont tous commercialisés par un label différent. Et Fire and Ice est le dernier du maestro à bénéficier du support d’une major. En effet, dès l'année suivante, Elektra s’englua dans une guerre des chefs qui dura plus de deux ans, et à l’issue de laquelle son nouveau patron décida de virer tous les artistes ayant une trop forte connotation 'années 80'.

Avec ce nouveau disque, Yngwie se fait moins convaincant. L’orientation F.M des trois précédents albums est abandonnée au profit d’un style beaucoup plus axé vers un métal sans grande originalité. Fire and Ice ne bénéficia pas du plein soutien de sa maison de disque et marqua le début du déclin, tant commercial qu'artistique, d’Yngwie MALMSTEEN. Cet album marque également la dernière tentative du Suédois de conquérir l’Amérique via des mélodies et des sonorités taillées pour les radios américaines. Nous sommes en effet en 1991, année de sortie du Nevermind de NIRVANA et le Rock va bientôt subir le tsunami générationnel du Grunge qui va redistribuer les cartes. Si la première impression est rassurante avec une pochette bien laide comme seul MALMSTEEN a le secret, le reste est bien moins jouissif. Le Heavy mélodique à orientation F.M n'est plus de mise et ce nouvel opus est beaucoup plus axé vers un métal sans grande originalité.

L’album est tout de même assez varié et de bonne qualité. Mais peu de morceaux sortent réellement du lot. Il faut tout de même noter le très bon instrumental, "Perpetual", ainsi que "Dragonfly" et ses sonorités Hard Rock. Mais également les deux très belles ballades, "How Many Miles To Babylon" et "I’m My Own Enemy". Puis les très entraînants "Fire & Ice" et "No Mercy". Ce qui ne fait pas loin de la moitié de morceaux très corrects. Mais le reste, assez anecdotique et sans être mauvais, manque de piquant. Le son assez commun de l’album et la voix de Gorän Edman moins bien mise en valeur que sur Eclipse y sont certainement pour quelque chose. Eh oui, vous avez bien lu : le Suédois fou a conservé le même chanteur sur deux de ses disques successifs ! Ce qui n’est pas un mince exploit et dément la théorie prétendant que chanteur se dit Kleenex en suédois.

Au final, Fire & Ice est un album moyen qui montre une réelle rupture en termes de qualité dans la carrière de MALMSTEEN. Et si ce dernier fait toujours montre d’autant de dextérité avec sa guitare, l’ensemble manque de surprise et commence à devenir un peu indigeste. Une version allégée, avec cinq à six morceaux en moins, aurait certainement été plus indiquée, et aurait permis de prolonger un peu l'état de grâce du Maestro.
Décevant donc, mais le pire reste à venir.