Yngwie semble désormais adopter un rythme de sortie nettement moins débridé que par le passé (huit albums dans les années 90). Quand Unleash the Fury, son précédent album, avait déjà mis trois ans à sortir, il lui en a fallu quatre pour pondre Perpetual Flame. Il faut tout de même convenir que cela lui réussit plutôt bien. Une fois passé le choc visuel qu’est la pochette (malheureusement, ce n’est même plus un choc, Yngwie prenant un soin évident, depuis 1984, à sortir des pochettes de très mauvais goût), ce seizième album est en effet une assez bonne surprise. Surtout après les moyens, War To End All Wars, Attack ! et Unleash the Fury. Si le style n’a pas changé et que le Suédois propose toujours un Heavy métal très technique, teinté de quelques (mais somme toute assez peu) mélodies classiques, les compositions et l’orchestration se révèlent être d’un bon niveau.
Nous retrouvons là le type de compositions déjà présentes sur Eclipse, Fire & Ice et Alchemy, bien mises en valeur par une bonne production et un chanteur au C.V éloquent, Tim Owens passé dans les rangs de JUDAS PRIEST et de ICED EARTH. Celui-ci semble avoir trouvé un excellent compromis entre le style traditionnel adopté par tous les chanteurs du Rising Force (sauf J-L Turner) et une puissance assez rare dans le groupe du Suédois. Il semble bien que cela fasse toute la différence. Sans pouvoir être qualifié de nouveau 'Classique', cet album possède les petits plus qui le rendent tout simplement plus efficace que ses prédécesseurs : la voix moins 'passe-partout', les descentes de manches bien introduites et une production mettant bien en valeur les mélodies.
Notons particulièrement l'efficacité de "Priest of the Unholy", un mid-tempo rehaussé par des lignes de claviers, les très speed "Death Dealer" et "Be Careful What Your Wish For" ou "Red Devil" au refrain immédiatement mémorisable. Nous aurions aimé dire que "Magic City", la première composition sur laquelle Yngwie pousse la chansonnette, est une réussite complète, mais, sans vouloir être désagréable, sa voix n’apporte rien à ce morceau, pourtant un des plus intéressants de l’album (un Heavy mâtiné de blues).
Inutile de mentionner les descentes de manches partout présentes et très réussies ; après tout, nous avons affaire à la référence en la matière. Il est peut-être dommage qu’avec un chanteur de cette qualité à sa disposition, Yngwie ait laissé trois morceaux ("Caprici Del Diablo", "Lament" et "Heavy Heart") à l’état d’instrumentaux. Non pas que cela représente une perte pour la littérature mondiale (ses textes sont toujours aussi peu inspirés), mais il y avait là matière à faire preuve d’un peu plus d’humilité (il est vrai que c'est lui en demander beaucoup) au profit de la qualité de l’album.
En résumé, ce bon album sans trop de surprises sur le fond bénéficie d’une belle mise en valeur qui compense des faiblesses en terme de mélodie.