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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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Ennio MORRICONE - Mon Nom Est Personne (1973)
Par MARCO STIVELL le 29 Avril 2023          Consultée 712 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Tonino Valerii a d'abord été l'assistant de Sergio Leone, lors des années d'expérimentation de ses westerns d'un nouveau genre, puis il a fait les siens propres (notamment un en 1967, Le Dernier Jour de la Colère, avec Lee Van Cleef parmi les rôles principaux) ainsi que d'autres films, dont des gialli. Son succès au fil des années d'activité (jusqu'en 1997) demeure limité, et dans l'inconscient collectif, même son patronyme a du mal à être rattaché au célébrissime Il mio nome è Nessuno/Mon Nom Est Personne. Comme si ce dernier était celui de Sergio Leone en faux réalisateur, puisqu'il en a au moins écrit une bonne part des idées, avec son beau-frère Fulvio Morsella et aussi Ernesto Gastaldi, spécialiste du giallo et de l'horreur.

L'attraction principale, c'est Henry Fonda, naturellement. Grande star du western qui a marqué l'âge d'or américain tout en s'illustrant récemment auprès des Italiens (le méchant Frank dans Il Etait une Fois Dans l'Ouest, 1969). À croire qu'au pays des Romains, on aime les ambiances crépusculaires, c'est de nouveau le cas avec, non pas l'arrivée des chemins de fer cette fois, mais le développement des villes, les escrocs de tous bords... Et tout simplement la disparition du cowboy solitaire. Seulement voilà, celui-ci, le vieux Jack Beauregard, plus fine gâchette du Far-West bordant le Mexique, alors qu'il accomplit son dernier voyage pour aller prendre un bateau à La Nouvelle-Orléans, aller-simple pour l'Europe, est harcelé par un jeune fan pour réaliser une dernière prouesse. Ce 'kid' bavard et énergique nommé Personne est joué par Terence Hill.

Le Vénitien (Mario Girotti de son vrai nom) blond à belle gueule est déjà une célébrité du western dans sa branche la plus comique depuis la série des films Trinita/Plata (1968-1972) en compagnie de Bud Spencer (tout aussi rital que lui d'origine), avec ses gros bruits de baffes caractéristiques. Sa présence est, à elle seule, pour le réalisateur, une justification de rendre le tout humoristique en diable, même si Fonda/Beauregard, avec son âge blasé et ses idées fixes, constitue la part plus dense qui relie le fan habituel aux westerns de Leone. De ce côté-là, c'est réussi, certaines scènes émeuvent comme il se doit (mention spéciale aux deux ou trois plans larges lorsque Jack Beauregard, seul à cheval sur un rail de train, contemple le désert pour la dernière fois). Du côté de Personne, il y a un bon échange de fan à idole et quelques bons gags, mais aussi du forcé : les scènes du saloon et de la foire, en plus d'être longues, celle de l'urinoir également. Pas un chef-d'oeuvre donc, loin de là, même si le revoir est toujours bienvenu.

À revoir et à réentendre, puisque non content d'avoir signé moult pièces maîtresses, lui en revanche, Ennio MORRICONE rempile une nouvelle fois, même s'il est sur le point de délaisser franchement le genre western. Et pour ceux qui ont vu Sierra Torride (1970) de Don Siegel, il est toujours dans sa période Clavioline ! Ce synthétiseur lui permet de créer des sons humoristiques tel qu'on l'entend dès le thème principal, éblouissant de légèreté. La guitare arpégée en picking, la flûte à bec, mais aussi les voix féminines façon religieuses en onomatopées complètent avec brio le panel d'un générique (début comme fin) qui reste forcément en mémoire, à jamais. À noter le 'refrain' mené par les femmes justement, un peu mieux qu'une simple respiration dans la répétition.

Bien sûr, il y a toujours la science morriconienne de la tension, quand Beauregard parle à son ennemi Sullivan, présumé commanditaire du meurtre de ses frères, ou quand survient le duel final avec Personne lui-même, à la Nouvelle-Orléans (première partie du thème "My Fault?", très joliment orchestré d'ailleurs, avec la présence du photographe). Toujours ces cordes froides et ondulantes, ces notes graves de piano staccato avec timbales pour agrandir les angles. Sans parler de l'excellente première scène chez le barbier, avec l'horloge accélérée qui sert de rythme et ce célesta lui aussi d'une belle froideur, brodant sur quelques notes à peine.

Mieux encore, vu que nous sommes dans les années 70, Bruno Battisti d'Amario, le guitariste fétiche du grand Ennio, tâte de la 12 cordes en l'egrénant comme il jouerait de sa guitare classique de la manière la plus folle. À peu de choses près, "My Fault?" pourrait bien égaler les thèmes des duels de Leone les plus connus ! Les thèmes plus secondaires comme "A Dangerous Barber" ou "Duel in the Mirror-Cabinet" (thème ambivalent avec aussi beaucoup d'humour et d'influences tziganes) peuvent mieux s'apprécier sur disque, dans leur longueur initiale. Toujours est-il que la B.O ne dure guère plus de trente-cinq minutes au final.

Néanmoins, par rapport à Sierra Torride qui en fait autant, le niveau est également réparti. Au niveau des thèmes tendres, "The Bird's Tale" (la fable durant l'improbable partie de billard dans une écurie) réemploie ingénieusement le thème principal en berceuse et sons oniriques. Le sommet est toutefois atteint durant la fameuse scène de Fonda/Beauregard seul à cheval, avec "Good Luck, Jack", mélodie en complainte ample et nostalgique jouée à l'harmonica et au clavecin sur fond de cordes et de cuivres solennels. Pas tout à fait aussi fort que le "Goodbye Colonel" de Et Pour Quelques Dollars de Plus (1965) ou certains airs du Bon, la Brute et le Truand (1966).

Et puis, il reste le clou, double clou si l'on peut dire, puisque l'un va rarement sans l'autre au cours de la durée du film. Terence Hill/Personne veut donc un dernier coup d'éclat pour Jack Beauregard, en lui faisant affronter seul la 'horde sauvage', groupe massif de cavaliers mercenaires assassins semant la terreur dans tout le Nouveau-Mexique. Pratiquement tout le film tourne autour de cela, en comptant leurs allées et venues, comme des fantômes, alors, une fois de plus, MORRICONE voit les choses en grand.

Guitare 12 cordes en accords ouverts plaqués, sifflements d'Alessandro Alessandroni qui commençaient à nous manquer, attaque de flûtes slapées (d'où ce timbre frileux) pour une même mélodie épique, rythme cavalier et 'rompu' là où il faut, reprise ensuite de l'air par la chorale d'hommes en vocalises, auxquels répondent d'autres choeurs plus proches des chants amérindiens. "The Wild Horde", c'est du beau et du grand, d'autant plus que le compositeur s'octroie le luxe de singer Richard WAGNER à travers un second thème, "Valkyries", le fameux indissociable. S'en donnant à coeur joie au Clavioline pour citer un des airs les plus célèbres d'opéra post-romantique, le distingué maestro marque, une fois encore et comme il se doit, la musique de l'aventure, des grands espaces.

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Live At The Kremlin (1991)
Des Italiens et des Russes.




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   MARCO STIVELL

 
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- Ennio Morricone (compositions, direction musicale, clavioline)


1. My Name Is Nobody
2. Good Luck, Jack
3. The Wild Horde
4. My Fault?
5. With Best Wishes
6. A Dangerous Barber
7. Valkyries
8. An Unusual Welcome
9. Duel In The Mirror-cabinet
10. The Bird's Tale



             



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