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QUEEN - The Queen Symphony - Tolga Kashif & The Rpo (2002)
Par MR. AMEFORGÉE le 2 Janvier 2005          Consultée 14493 fois

Depuis la mort de Freddie Mercury, rien ne nous a été épargné en matière de produits dérivés : de simples best-of (un ou deux intéressants, cinq ou six inutiles), des tributes à foison, des live, une comédie musicale, de la pub pour une bouteille d’eau et même un jeu vidéo (d’une qualité discutable, d’ailleurs)! Il manquait évidemment 'the' symphonie, de rigueur pour faire partie du club très cosy des 'grands-groupes-qui-ont-marqué-l’histoire-du-rock-ouais !'

Ici, c’est un dénommé Tolga Kashif qui s’y colle, dévoué serviteur de sa majesté la Reine, au C.V. plutôt conséquent (étude de composition et de direction d’orchestre au Royal College of Music ; a dirigé le London Philharmonic Orchestra, le St Petersburg Philharmonic, j’en passe et des meilleurs), vraisemblablement très bien introduit dans les hauts cercles du show-biz britannique. Et le bonhomme n’a pas fait les choses à moitié puisque, plutôt que proposer de vulgaires adaptations orchestrales de titres queeniens, il a composé une véritable symphonie (sans blague) en puisant dans le répertoire de QUEEN les thèmes mélodiques qu’il mêle et regroupe suivant son inspiration, un peu comme le docteur Frankenstein fabriquant sa créature avec des bouts de différents cadavres. A première vue, cela mériterait qu’on s’y arrête. Précisons qu’il est à la tête du Royal Philharmonic Orchestra pour l’occasion.

Parfois reconnaissables, parfois utilisées de manière originale, les mélodies de QUEEN servent donc de fil conducteur et de trame ornementale aux morceaux. Commençant de manière majestueuse sur les premières notes lentement égrenées de "Radio Gaga" qui prennent une teinte solennelle surprenante pour l’occasion, puisque interprétées par la section des cuivres, puis par un piano contemplatif, le premier mouvement verse dans l’emphase, avec une structure à refrain, faisant appel aux chœurs, sur le thème du "Show Must Go On". Et en arrière-plan, les silhouettes de "I Was Born to Love You" et de "One Vision" se dessinent et se développent, venant étoffer la texture musicale et assurer la fluidité du morceau.
Le reste de la symphonie reste dans le même genre, jouant à différents degrés sur l’emphase, versant tantôt dans le lyrisme, tantôt dans l’épique, à grand coup de chœur, d'instruments à vent houleux ou de violons lacrymaux (avec le thème de "Who Wants to Live Forever", cela va sans dire). Et parfois, cela déborde un peu trop de pathos bon marché. Dans le deuxième mouvement, on apprécie la mélodie clairement identifiable de "Love of My Life", dans le cinquième, quelques réminiscences de "Bohemian Rhapsody". Toujours dans le cinquième mouvement, on salue aussi le choix original de transposer la célèbre ligne rythmique de "We Will Rock You" en puissant souffle cuivré, soutenu par un chœur barbare.
Pour un peu qu’on se prenne au jeu (et muni des connaissances queeniennes adéquates, évidemment), essayer de deviner à quel morceau appartient telle ligne mélodique devient amusant (ça va faire un malheur dans les soirées de Madame l’ambassadeur).
Outre les morceaux précédemment cités, on reconnaît les thèmes de "Another One Bites the Dust", "Killer Queen", "Save Me", "Bicycle Race" et "We Are the Champion".

Evidemment, cette symphonie défie les lois de la musique classique et risque de provoquer, d’une part, l’indifférence des amateurs de vraie musique classique et, d’autre part, de s’attirer les foudres des fanatiques du groupe, pour cette prestation parfois endimanchée et grandiloquente. En effet, c’est fichtrement grandiloquent et limite racoleur, à vrai dire (car jouant un peu trop sur la corde sensible de l’auditeur). Et finalement, pour un résultat assez propret.
On pourrait dire, si vous me permettez cette expression fort 'shoking', my dear, que Tolga Kashif a le 'cul entre deux chaises', partagé entre l’exigence de créer une pièce de musique qui ait les accents vénérables du classique et le caractère profondément fantasque, disons-le clairement, baroque, du groupe originel. La Reine, qui avait l’habitude de se promener en cuir, drapée d’une seule cape d’hermine pour cacher son torse poilu et ses faux nichons en plastique, se retrouve coincée dans un costume trois pièces amidonné et rigide. Vous imaginez le décalage et c’est cela qui crée une sorte de malaise à l’écoute de la symphonie.
Malgré de bonnes idées qui finissent par s’apprécier au fil de nombreuses écoutes, je trouve que ça manque un peu de folie et d’élan. Comme si on vous présentait le corps d’un mort, parfaitement embaumé, vêtu de ses atours les plus chatoyants, mais pétrifié dans une posture hiératique qu’il n’avait pas de son vivant.
Dans le même genre par exemple, je préfère bien davantage le Symphonic Led Zeppelin qui n’avait pas peur d’introduire des sonorités inhabituelles, en plus des arrangements purement symphoniques (ajouts d'instruments orientaux ou celtiques, par exemple). Ici, c’est un peu trop convenu à mon goût.

Bref, cette symphonie se laisse écouter sans déplaisir, mais ne suscite pas non plus des flots d’enthousiasme. Si vous aimez QUEEN, préférez peut-être plutôt les albums et pourquoi pas Barcelona, l’album de Freddie Mercury avec Montserrat Caballé. Si vous aimez le symphonique, essayez plutôt du MAHLER, du DVORAK, du BERLIOZ, du BEETHOVEN, que dis-je ? Du LISZT, du SIBELIUS, du MOZART, du METALLICA (la liste est incroyablement longue, à croire qu'elle s'étend sur des siècles), etc. Je sais, ce sont de vieux ringards, mais ils ont encore de beaux restes, je vous assure.

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   MR. AMEFORGÉE

 
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- Tolga Kashif (chef d'orchestre)
- Royal Philarmonic Orchestra
- London Voices
- London Oratory School Schola
- John Lenehan (piano)
- Nicola Loud (violon)
- François Rive (violoncelle)


1. 1 Movement
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6. 6 Movement



             



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